Château Saint Ahon

Le château de Saint-Ahon a été construit par l'architecte Alphonse Blaquière en 1873, alors qu’Edmond Damade en était propriétaire.

Les gravures publiées dans les ouvrages de Cocks et Féret ou dans les « Statistiques Générales » de Féret, les cartes postales du début du siècle présentent le château de Saint-Ahon comme un édifice comprenant : un pavillon central de trois niveaux d'élévation dont un étage de combles couvert par un toit haut à deux versants avec croupes ; puis deux pavillons latéraux de trois niveaux également, reliés au pavillon central par un corps de logis bas dont la toiture est masquée par une balustrade. Les pavillons latéraux ont été détruits en 1940.

Origines du domaine 

Dans les « Variétés bordelaises », l'abbé Baurein signale que des actes du XVe siècle évoquent les sires de Saint-Ahon dont un descendant fit bâtir le château de Saint-Ahon et construire une chapelle du même nom.

Le document le plus ancien que nous avons trouvé date de 1623 et indique que : « Isabeau Lamoureux damoiselle veuve de Pierre Causserole greffier de la juridiction de Blaye, a reconnu scavoir un bourdieu consistant en maison, grange, aubarède, appartenant au bourdieu appelé d'Arreyrac, au lieu anciennement appelé à Saint-Aphon ». (AD.33 G 1196 fol. 28)

Le bourdieu d'Arreyrac est de nouveau évoqué dans un acte de 1695, dans lequel Jeanne Lacosse-Décombes « reconnaît au dit chapitre de Saint-Seurin tout iceluy bourdieu consistant en maison haute, grange, vignes, aubarède, prés, padouen... le tout situé en la paroisse de Blanquefort au lieu appelé à Darreyrac ». (AD.33 G 1403)

Le 3 août 1770 Jean Lafon vend à Jean Dutasta ce même bourdieu « au lieu appelé à Darerac » consistant « en une maison de maître, logement des cultivateurs, chais, cuviers et autres bâtiments », et l'acte ajoute la vente d'une métairie située dans la même paroisse, près du bourdieu susdit, et appelée « à Saint-Haon » constatant en plusieurs bâtiments pour le logement du métayer. Sur la ventilation des biens de Jean Dutasta au mois d'août 1770, il est précisé que « le duc de Duras est seigneur foncier et direct de la maison nouvellement bâtie où était la métairie, le pré clôturé, terres labourables et brulières, le tout appelé Saint-Haon ». Le chapitre de Saint-Seurin est lui seigneur foncier et direct du bourdieu appelée Darrerac, conformément aux reconnaissances en sa faveur en 1487, 1491, 1524 et 1695. (AD.33 2E 1081 et 3E 24417)

Sur la carte de Belleyme Saint-Ahon apparaît comme le nom d'un hameau ou d'un village avec une chapelle, jouxtant le village de Queychac. L'histoire du domaine perd ses jalons pendant la révolution, puis vers le milieu du XIXe siècle, on trouve la famille de Matha comme propriétaire. Saint-Ahon est vendu en 1859 à une famille originaire d'Orléans. M. Damade, acquéreur quelques années plus tard, fait reconstruire la demeure qui passe par différents acheteurs avant d'appartenir en 1951 à M. André Boingnières, l'actuel propriétaire [en 1984].

Description, situation et composition 

Tout près de Cachac, à l'est de la route de Pauillac, le château s'élève au bout d'une allée fermée par une grille ouvragée. Les dépendances, nombreuses, se situent au sud, face au château, et à l'est. Le château se compose d'un corps principal imposant flanqué d'ailes basses.

Matériaux et leur mise en œuvre : pierres de taille pour l'ensemble, ardoises pour le toit du grand corps de logis, et tuiles pour les ailes.

Le château

A - Parti général : le château dans son ensemble présente un plan rectangulaire, la façade principale est orientée vers le sud.

B - Elévations extérieures:

Façade antérieure : le pavillon principal s'élève sur trois niveaux : au premier niveau, l'entrée occupe la travée centrale striée par un bossage en table. Le motif du bossage est repris au deuxième niveau par des chaînes à refends. L'axe vertical de la travée centrale est prolongé au troisième niveau par une lucarne aveugle surmontée d'un fronton curviligne. Les lucarnes des travées latérales ont un fronton triangulaire. De hautes et étroites cheminées se dressent sur la toiture. La façade est animée par des chaînes en harpes. Une balustrade masque le toit des ailes.

Façade postérieure : cette façade donne sur le parc ; outre un perron avec un garde-corps à balustres, elle répond à la même description que la façade antérieure.

Combles et couvertures : les combles sont couverts par un toit à quatre pans à pente raide.

Note de synthèse  

L'intérêt du domaine de Saint-Ahon réside aujourd'hui surtout dans son histoire. Fort ancienne, elle fait intervenir les seigneurs de Saint-Ahon au XIVe siècle. Il semblerait qu'ils aient laissé leur nom à une chapelle dont Charles Secondat de Montesquieu est patron laïc en 1726, remplacé par son frère Joseph en 1754. (AD.33 Fonds Ferradou 15134).

Le domaine a repris le nom de Saint-Ahon au XVIIIe siècle lorsqu'une demeure est bâtie à l'emplacement d'une métairie qui portait ce nom. Aucune trace de cette construction du XVIIIe siècle ne subsiste aujourd'hui. Pour construire la demeure actuelle, l'architecte Blaquière s'est inspiré, dans les années 1870, du répertoire architectural propre au style Louis XIII, avec en particulier l'alternance des briques et des pierres, les refends, les bossages, les chaînages, les toitures en pavillon avec les hauts conduits des cheminées.

Source : Bertrand Charneau, Inventaire des châteaux et maisons de campagne de Blanquefort, mémoire de maîtrise, Université de Bordeaux III (1984).

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 L’architecte de Saint-Ahon

Blaquières Alphonse (né en 1829). Petit-fils d'Étienne Laclotte et dernier représentant de cette très active dynastie d'architectes. Formé à Bordeaux puis à Paris, rompant avec la tradition classique et néo-classique qui, présidait aux œuvres de sa famille, il participe d'un style néo-gothique dont le plus bel exemple par sa qualité et son homogénéité est le château de Ricaud à Loupiac. Édifie également les châteaux viticoles de Pitray à Cardegan et de Saint-Ahon à Blanquefort en Médoc.

Dictionnaire biographique des architectes, bâtisseurs et paysagistes… dans la région de Bordeaux de 1511 à 1988, Jean-Claude Lasserre et Philippe Maffre.

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Au XIVe siècle, la maison noble de Saint-Aon est citée dans divers documents du 1302, 1341, 1343.

Une chapelle fut édifiée sur le domaine, son acte de fondation date de 1343.

Du XVIIe jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, le domaine appartint aux Secondat de Montesquieu.

Le château fut démoli à la révolution. En 1820, la chapelle étant totalement en ruine et désaffectée, le conseil municipal de Blanquefort décida de récupérer les pierres pour la construction d’un pont à Caychac, le reste de la démolition servant à l’empierrage de la route. En 1873, un nouvel édifice avec ailes et pavillons parfaitement symétriques fut édifié par l’architecte Alphonse Blaquière, avec un très agréable jardin. Son style Louis XIII alterne briques et pierres, mettant en valeur les toitures en pavillon et les hauts conduits des cheminées.

C’est une chartreuse bordelaise classique avec un pavillon central à étages et d’un pavillon élevé à l’extrémité de chaque aile latérale. En 1941, les propriétaires firent volontairement démanteler ces deux pavillons, afin d’empêcher l’installation des troupes allemandes d’occupation. Seuls le pavillon central et les ailes ont été restaurés à partir de 1960.

Le château est aujourd’hui classé « Monument Remarquable ».

En 1985, le Comte et la Comtesse Bernard de Colbert, descendant direct du célèbre ministre des finances du roi Louis XIV, deviennent les 67e propriétaires du château Saint Ahon et de son vignoble de 50 ha.

Depuis 2003, Nicolas et Françoise Chodron de Courcel, leur fille et gendre, exploitent les vignes de la propriété, se composant à 60 % de Cabernet Sauvignon, 30 % de Merlot, 10 % de Cabernet Franc et de Petit Verdot. La vigne est plantée sur une terre reposant sur un lit d’alios à 1,50 m, qui produit un cru bourgeois Haut-Médoc, vin très plaisant, de belle robe et de bon goût.

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