Château Fleurennes

Origines du château et du domaine


Jean Dutasta négociant armateur bordelais, anobli par le Roi en janvier 1785, avait déjà acquis des biens dans la commune de Blanquefort avant d’acheter le domaine de Fleurennes en 1788 à Françoise de Days-Mars épouse de messire Jean de Maucor chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis.
Le domaine consistait alors en : « une vieille petite maison de maître, composée d’une cuisine, souillarde, trois chambres basses, trois chambres hautes, jardin au levant, vignes, bois, prairies … domaine échu de la succession de défunt Denis de Day ». J. Dutasta a payé l’immeuble 54 000 livres (1).

Le domaine reste longtemps dans la famille Dutasta, puisque Marie-Jeanne Dutasta, veuve de M. Roch Frigière de Brulz, vend le principal corps de ce domaine à Etienne Thouron négociant armateur, en 1816 (2).
Ce négociant bordelais cède lui-même la propriété en 1822, à une famille très connue à Blanquefort : les Tastet (3)
Lorsque Nicolas-Raymond Tastet vend le domaine à son neveu Amédée Tastet, le contrat du 29 novembre 1832 stipule : « maison de maître nouvellement bâtie mais dont l’intérieur n’est pas achevé » (4).
La famille Tastet reste propriétaire jusqu’à la fin du 19e siècle, et vend aux de Monbel.
La maison Bardinet rachète le domaine et fait détruire le château en très mauvais état en 1974.

Archives départementales de la Gironde : (1) 3 E 23133, (2) et (3) Maitre Macaire Bordeaux, (4) 3 E 35538.

 

Sources concernant les constructions antérieures

Le plan cadastral ne fournit que peu de renseignements quant aux édifices antérieurs.
En 1806 le cadastre montre l’importance des bâtiments d’exploitations, et mentionne le nom de « Fligere » qui parait être le nom déformé du propriétaire de l’époque : Frigière de Brulz.
Le fonds Durand, aux archives départementales, contient des plans de la construction de Fleurennes pour les Tastet. Le fonds révèle également une correspondance entre l’architecte Durand et différents membres de la famille Tastet qui, propriétaires de maisons aux Chartrons, avaient recours aux services de cet architecte.
Les plans de Fleurennes, dont certains ne sont ni datés ni signés, sont des projets d’agrandissement ou de transformation de la demeure (1).
Un document montre l’élévation de la construction, avec l’ajout d’une tour à créneaux ou à toit conique, et la suggestion d’un étage supplémentaire.
Un projet analogue pour la maison de M. Collineau à Verdelais, a été établi par le cabinet d’architecte Durand, en date de février 1853. Le dessin de l’élévation propose notamment des tours rondes avec toit conique et crénelage (2).
Le plan du rez-de-chaussée de Fleurennes indique l’emplacement possible des tours, le projet d’un porche avec des degrés latéraux et des colonnes, et le dessin d’une baie cintrée.
Ces projets n’ont semble-t-il pas connu de suite.

Archives départementales de la Gironde : (1) 5 J 114, (2) 5 J 107.

 

Description

Situation et composition : le domaine se situe près de la départementale 108, au sud du lieu-dit Larivière.

La propriété se composait d’une demeure et d’importantes dépendances vers le nord.
Matériaux et leur mise en œuvre : pierres de taille recouvertes d’un crépi rose imitant la brique, et ardoises pour les toitures.

Le château

Parti général : Un corps principal est flanqué de deux pavillons latéraux, l’ensemble sur deux étages, plus un étage de combles. Les façades sont orientées vers le nord et vers le sud.
Elévations extérieures : la porte d’entrée est placée sur la travée du corps principal, et surmontée d’un fronton brisé, enfermant un décor sculpté.
Cette travée principale est marquée à l’étage de comble, par une lucarne de la largeur de la travée, couronnée d’un fronton cintré.
De part et d’autre de la travée centrale : deux travées de fenêtres soulignées par des chaînes harpées.
Les fenêtres des pavillons latéraux répondent à la même description.

Combles et couvertures : un toit haut à deux pans et croupes pour le corps central ; un toit en pavillon percé par une lucarne surmontée par un fronton triangulaire, pour les pavillons latéraux. De hauts conduits de cheminées se dressent aux quatre angles des pavillons.

 

Note de synthèse

Au dire de la maison Bardinet, le château démoli il y a dix ans, avait été construit vers 1870.
M. Valet, érudit local, affirme que M. Tastet a vendu sa propriété de Carpinet à la commune, après avoir fait reconstruire Fleurennes (la vente de Carpinet a lieu en 1880).
Un membre de la famille de Montbel nous a assuré qu’au château antérieur, on avait ajouté, il n’y a pas plus de cent ans, deux ailes et que l’ensemble avait reçu un rhabillage imitant la brique.
La comparaison de l’élévation figurant sur le projet d’agrandissement, avec la carte postale du début du siècle, semblerait confirmer qu’à la maison nouvellement bâtie dans les années 1830, on ait ajouté les pavillons latéraux, donnant à la bâtisse des allures de château, image obligatoire pour une propriété viticole vaste, qui produisait des crus de qualité.

Bernard Charneau, « L’inventaire des châteaux et maisons de campagne de Blanquefort », TER d’histoire de l’art Bordeaux III, 1984

 Fleurennes

 

 

Nom d’un domaine et d’un château construit vers 1870 par un oncle du négociant et maire de Blanquefort Amédée Tastet, qui vend Carpinet pour habiter Fleurenne.

La demeure ancienne, un temps appelée aussi les Ambroises, formait un pavillon à étage, adossé à deux ailes en rez-de-chaussée, une de chaque côté. Un petit parc de grands chênes et une allée de platanes formant voûte. À sa mort, la propriété fut occupée à partir de 1936, par Henri de Montbel qui lui succéda ainsi que dans le bureau de courtage, mais qui ne put entretenir le château qui périclita et qui fut démoli (on en possède des vues sur carte postale) par la société Bardinet en 1974. Un vignoble produisant 100 tonneaux de très bonne qualité, en 1850, faisait partie du domaine. Ce lieu-dit dépendant de la maison noble de Gaujac au XVIIIe siècle peut tirer son nom de la famille de Thomas Flerenne (1599). Il est aussi écrit Fleurennes. La liste des différents propriétaires figure dans le livre de B. Charneau.

Édouard Guillon signale que Fleurennes (sic), maison assez belle appartenant en 1867 à M. Tastet, a été construit par M. Acquart, avec les pierres du vieux-château et possédait un des meilleurs vignobles de Blanquefort qui produisait 80 à 100 tonneaux. Le 22 février 1940, un ordre de réquisition est envoyé par la préfecture au profit de réfugiés qui vont être logés dans une dépendance, puis dès le 24 août 1940 le château à l’exclusion du logement du propriétaire, est occupé par les troupes allemandes, soit 4 salons, 1 salle à manger, 2 vestibules, 4 chambres à coucher… L’état des lieux du 4 décembre 1944 estime les dégâts à 145 937 F. La volière a été détruite par les troupes d’occupation pour bâtir un hangar pour les camions.

La belle serre, ainsi que les chais anciens ont été conservés.

Bibliographie du château de Fleurenne :

- Archives municipales,
- Édouard Guillon, Les châteaux historiques et viticoles de la Gironde avec la description des communes, la nature de leurs vins et la désignation des principaux crus par Edouard Guillon, 1867, chez Coderc, Degréteau et Poujol, Maison Lafargue, 28 rue du Pas Saint-Georges, Bordeaux, p.37-38,
- Raymond Valet, Feuillets d’une mémoire, G.A.H.BLE, 1984, p.42,
- Blanquefort, rues et lieux-dits, Publications du G.A.H.BLE, 1996, p.48,
- Catherine Bret-Lépine et Henri Bret, Années sombres à Blanquefort et dans ses environs 1939-1945, Publications du G.A.H.BLE, 2009, p.258-260.