Le vin dans l’Antiquité en Médoc 

À l'époque de la « Tène », au troisième siècle avant J.-C., l'antique route du bronze, réactivée auparavant pour le transport du sel, permit de faire pénétrer en Médoc les vins de Campanie romaine, d'abord, puis, plus tard, les vins de la « province de la Narbonnaise », vers le milieu du deuxième siècle. Des tessons et amphores vinaires, de type Dressel 1 et 2, témoignent de la découverte des vins romains par nos premiers ancêtres, s'initiant ainsi pour la première fois à la civilisation bachique et dionysiaque. Pour donner une idée de la valeur de ces premiers vins romains qui pénétrèrent en Gaule Aquitaine, l'auteur ancien Strabon, au 1er siècle, fustigeait l'acheteur celte de ces vins rares et chers, car le prix à payer pour une amphore était celui d'un esclave, blâmant ainsi le maître qui se séparait de son serviteur pour s'adonner à l'ivresse passagère.

Dans les siècles suivants, les amphores disparaîtront progressivement, remplacées peu à peu par le tonneau. Au départ, le tonneau fut inventé par les Gaulois pour les salaisons de viandes ou de poissons, comme le Garum, variété de marinade de poisson salé proche du Nioc-Nam vietnamien, qui fut, durant l'antiquité, un des produits d'exportation du Médoc maritime comme du Pays de Buch. Par la suite, son usage se répandit aux vins, vers le 3e siècle. (Hubert Sion, La Gironde, Carte Archéologique de la Gaule, paru à la Fondation de la Maison des sciences de l'Homme, Paris, 1994.)

Les conditions climatiques se trouvaient alors réunies avec la restauration des grandes voies d'échange pour qu'un grand vignoble puisse voir le jour en Pagus Burgalensis, Pays bordelais, qui s'établit dans un premier temps autour de la cité antique de Bordeaux, Burdigala. L'introduction de la vigne à Burdigala dut se faire en même temps que la constitution de la cité, à l'époque claudienne (vers 50 après J. C.), se présentant d'abord sous la forme d'un vignoble vivrier aux foyers viticoles épars. Ensuite, le développement du christianisme et l'expansion viticole du vignoble bordelais iront de pair pour étendre le vignoble des Bituriges aux Graves et au Libournais. Néanmoins, il est fort possible que la vigne ait eu sa part au sein des larges domaines fonciers (600 ha environ) attenants aux nombreuses villas du pays des Médullis, cependant nous manquons cruellement de preuves tangibles de la présence de la vigne en Médoc à cette époque.

Étude historique du terroir du château Cantemerle, Grand cru classé en 1855, Jean-Pierre Salles, avril 2003, 208 pages, Société Albedo, Gaillan-en-Médoc, p.17.