La Boétie, un homme célèbre

Le Parlement de Bordeaux a été la pépinière de grands hommes, humanistes célèbres aux écrits prestigieux, tels Michel Eyquem de Montaigne et Étienne de La Boétie, ainsi que le lieu de leur rencontre.

La Boétie est né en 1530 à Sarlat. Il a épousé en 1554 Marguerite d'Arsac, veuve de Jean d'Arsac, qui avait déjà deux enfants. Étienne de la Boétie habite Bordeaux, au n°2 de la rue Gouvéa (actuellement rue Pierre de Coubertin) et il se rend souvent dans les propriétés de sa femme en Médoc, au château d'Arsac et au château Castéra à Saint-Germain d'Esteuil. Pierre de Carle, frère de Marguerite, sera Président du Parlement de Bordeaux et grand humaniste. Ce mariage est une chance pour la Boétie qui a vanté l'érudition sensible et passionnée de son épouse.

La Boétie a connu Montaigne par le père et les oncles de ce dernier pendant les guerres de religion.

La Boétie et Montaigne, ces humanistes qui ont tant fait pour notre pays deviennent amis. Cette amitié n'avait rien de trouble comme certains se plaisent à le faire croire. La Boétie faisait souvent reproche à Montaigne de sa dissipation paillarde. Ils étaient des intellectuels sensibles à la souffrance créée par les guerres de religion qui minaient le pays. Ils sont restés de farouches combattants pour la paix en France. En 1563, La Boétie fait un voyage à Sarlat. À son retour, légèrement souffrant, il ne fait pas halte chez les Eyquem, au château de Montaigne où pourtant son ami travaillait, il lui tarde de retrouver son Médoc. En juin de cette même année, le décès du sieur de Bussaguet réunit les deux amis, qui ont assisté à la rédaction du testament de cet oncle. En août, après un dernier voyage en Périgord, il fait une partie de jeu de Paume, avec M. d'Escars, gouverneur de Guyenne, un dimanche après-midi à Bordeaux. Il prend froid à la suite de cette partie et se plaint le soir même de maux de ventre violents lors de son passage chez Jeanne de Lestonnac. Il ne peut en fait gagner sa propriété d'Arsac et doit s'aliter. Montaigne prendra chaque jour le chemin du Taillan durant la semaine suivante et La Boétie s'éteindra à Germignan, le 18 août 1563.

Hymne au Médoc

O Médoc.
Ce jourd'hui, du soleil la chaleur altérée
A jauni le long poil de la belle Cérès ;
Ores, il se retire ; et nous gagnons le frais,
Ma Marguerite et moi, de la douce soirée
Nous traçons dans les bois quelque voie égarée ;
Amour marche devant et nous marchons après ;
Si le vert ne nous plaît des épaisses forêts,
Nous descendons pour voir la couleur de la prée.
Nous vivons francs d'émoi, et n'avons point souci
Des rois, ni de la cour, ni des villes aussi.
O Médoc, mon pays solitaire et sauvage !
Il n'est point de pays plus plaisant à mes yeux !
Tu es au bout du monde et je t'en aime mieux :
Nous savons après tous les malheurs de notre âge.

Étienne de La Boétie. Œuvres complètes.

Andrée Raymond, Le Taillan-Médoc, hier, aujourd’hui, Point Info du Taillan, 2 000, p.155.

 

Mort de la Boétie

Signalons la mort à Germignan (Le Taillan), en 1563), du grand magistrat et écrivain, Étienne de la Boétie, le grand ami de Montaigne, qui séjourna souvent avec celui-ci au Castéra et dont Charles Silvestre a pu écrire : « L’amitié de Montaigne et la Boétie est ardeur ineffable et douceur infinie… Entr’eux, ils ont trouvé l’abri constant et sûr. Ils nous mènent sans heurts vers la plus haute cime. » [cet écrivain humaniste et poète français est né le 1er novembre 1530 à Sarlat et mort le 18 août 1563 à Germignan, dans la commune du Taillan-Médoc, près de Bordeaux].

La-Boetie

Guy Dabadie, Histoire du Médoc, Imprimerie Samie, Bordeaux, 1954, p. 138.