Zélima la couturière
C'était une des meilleures couturières du village. Elle allait à domicile, faire des robes et, en particulier, le fameux tablier noir d'écolier. Elle savait aussi faire de solides culottes pour les garçons. À la rigueur, elle ravaudait bas et chaussettes.
Il fut un temps, l'institutrice eut la charge de recruter une monitrice de couture pour les filles de l'école. Mlle Bartherote avait choisi Zélima, parce qu'elle aimait le travail bien fait. Trois après-midi par semaine, Zélima faisait faire à ses élèves des ourlets, des surjets, du point de croix, du point d'épine ; vers la fin de l'année scolaire, quand elle jugeait l'enfant assez habile, elle l'invitait à franchir l'ultime difficulté : la boutonnière.
Combien de générations de filles ont appris sous sa direction, ainsi, à surmonter les restrictions du ménage en assurant la couture familiale.
Un beau jour, c'est un propriétaire terrien qui lui a demandé de devenir sa femme. À eux deux, ils ont si bien soigné leur vigne, goûter leur vin, qu'ils en avaient fait un « excellent cru », un des meilleurs de Macau.
Texte extrait de : Macau et quelques uns de ses enfants. Macaou e caouque-zun dé sous gouillats. Mme H. M. Duviller, 1985.