La pharmacie Coudure 

Surélevée par trois ou quatre marches de pierres blanches toujours bien astiquées, la pharmacie Coudure dominait la place Duffour-Dubergier. De partout, on apercevait trois magnifiques bombonnes qui brillaient comme un très gros rubis, comme un énorme saphir entourant une monstrueuse émeraude.

En entrant, on était agréablement surpris par les bocaux coloriés, rangés en demi-cercle, sur de belles étagères, en haut des bustes de savants depuis Esculape jusqu’à Pasteur. Le papa de tout Macau, M. Coudure, prodiguait les conseils et les remèdes. Qui n'avait pas été ravigoté par son fortifiant miracle ! Son secret était contenu dans des barriques de vin très vieux qu'il faisait venir parfois de très loin. Avec son vieil ami du coin, ils soignaient et ils mélangeaient ces excellents vins.

Notre savant pharmacien y faisait macérer de nombreuses herbes qu'il trouvait en allant, le matin, dans les bois et dans les prés. Parfois, il s'éclipsait un ou deux jours pour aller à l'étranger chercher des connaissances nouvelles.

À l'arrière de sa maison, il y a un cadran solaire calculé par ses soins, car notre bonhomme s'intéressait à toutes les sciences.

Texte extrait de : Macau et quelques uns de ses enfants. Macaou e caouque-zun dé sous gouillats. Mme H. M. Duviller, 1985.