L’automobile du docteur Chevalier. 

 

Rares ont été les premières automobiles à Macau. Celles de M. Chevalier, le Docteur, celle de M. Borde, le vétérinaire et de M. Dubos du château Cantemerle. Pour les gosses du bourg, c'est celle du docteur qui a eu le plus grand succès. Dès qu'elle était arrêtée devant sa porte, à côté de la cure, les enfants arrivaient et écarquillaient leurs yeux. C'était une Dion Bouton de couleur rouge sombre. Deux gros phares de cuivre brillants garnissaient l'avant, puis deux coffrets : dans celui de droite un volant très haut et une puissante corne de bronze dorée, avec une énorme poire de caoutchouc ; à l'arrière, deux autres coffrets et il fallait lever haut la jambe pour embarquer dedans. Les écoliers tournaient tout autour en jouant à la balle. Pouette... Pouette... faisait la corne. Quelle tentation pour les enfants ! Mais ils craignaient de voir surgir le docteur et son domestique, harnachés d'une longue houppelande en peau de bique, casquette de cuir, garnie de lunettes en mica, agrafées derrière la tête grâce à un gros élastique. Parfois, l'automobile revenait tirée par un cheval. D'autres fois, c'était le départ qui était difficile. Tout le monde poussait en riant, il fallait même aller chercher les papas à la rescousse ! Cette voiture devait rouler entre 20 et 30 kilomètres à l'heure! Les voitures de nos jours, vont beaucoup plus vite… beaucoup trop vite... Et qui n'a pas sa voiture ?

Texte extrait de : Macau et quelques uns de ses enfants. Macaou e caouque-zun dé sous gouillats. Mme H. M. Duviller, 1985.