Le rôle du conseil municipal au 19e siècle 

Les registres des délibérations du conseil municipal, tenus depuis 1828, sont le reflet de tous les évènements importants de la commune, de l'évolution des hommes et des choses jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. La vie y est présente sous tous ses aspects. On assiste à la lutte de cette poignée de paysans pour délimiter et conserver leur territoire attaqué par les communes voisines, mais aussi pour résister aux tentatives de certains habitants pour grignoter quelques hectares à leur profit. On y voit des luttes contre l'administration préfectorale, mais surtout contre celle des Eaux-et-Forêts, qui tentent d'imposer leur technocratie aux solides terriens d'alors. On voit les bâtiments publics se bâtir au prix de multiples difficultés pour cette poignée de contribuables, petits exploitants pour la plupart, lcole qu'il faut édifier puis agrandir, la mairie qu'il faut construire, lglise qui menace ruine et qu'on doit sans cesse réparer et améliorer, le presbytère qu'il faut racheter et entretenir.

La vie religieuse et la vie publique sont étroitement mêlées. C'est pourquoi les relations avec le clergé, mêmes financières, et les difficultés de toute nature entre la commune et la paroisse sont souvent évoquées au conseil. Les registres d'Etat-Civil tenus désormais par la Mairie sont plus secs, plus administratifs, mais on y trouve encore des précisions intéressantes sur les gens, leur implantation et leurs métiers. Leurs maisons existent encore, pour la plupart. Ils ont laissé des traces dans la mémoire des anciens que nous avons pu interroger. On peut assister à la décadence de certaines grosses familles dont les propriétés furent ruinées par une trop grande soif de la vie et de ses plaisirs coûteux ou par une immense allergie au travail. On peut voir aussi d'autres familles monter en puissance avant d'aborder une courbe descendante.

Nous voyons naître la vie à lcole. Au début du 19e siècle, deux ou trois élèves de Saint-Aubin fréquentent l'école de Saint-Médard à la belle saison, lorsqu'ils ne sont pas retenus à la maison par les travaux des champs, puis on construit lcole qui abritera bientôt une quarantaine d'enfants. Il faudra alors bâtir une cantine.

Le personnel municipal s'étoffe, avec parfois des personnages pittoresques. Un curieux garde-champêtre n’hésite pas à verbaliser d'abord les autorités, puis à profiter de sa situation pour arrondir ses fins de mois. Un jeune instituteur intrigue pour supplanter son père au poste de secrétaire de mairie. Le conseil rappela même le curé à son devoir avec une certaine fermeté, avant de s'apercevoir que le curé négligent était, tout simplement, en train de mourir. Nous verrons les réactions parfois curieuses des Saint-Aubinois devant le progrès, mais aussi leurs besoins d'avancées sociales pour soulager la misère dans la commune, la part qu'ils prenaient aux évènements extérieurs, les crédits (bien modestes parfois, mais ils faisaient le geste) qu'ils votaient pour les victimes de catastrophes. Nous verrons aussi quel était le patriotisme de nos ancêtres, comment ils ont participé aux conflits, jusqu'à l'inauguration grandiose du monument aux morts, sans oublier la bénédiction triomphale du drapeau tricolore au siècle dernier.

Texte extrait : Chronique de Saint-Aubin-de-Médoc, René-Pierre Sierra, juin 1995, éditeur mairie de Saint-Aubin-de-Médoc, p 121-123.