Les Maisons Rouges

 

En sortant de Blanquefort par la rue du Port du Roy, avant le rond-point devant l’ancienne usine Ford, bientôt enclavée au milieu de constructions modernes, vous êtes saisi par une belle bâtisse décorée de petites briques. Vous y êtes ! C’est la ferme Bosc. Au cadastre napoléonien, le lieu-dit proche est Birehin ou Bigney.

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M. et Mme Laurent m’y ont reçu et je les remercie pour leur sympathique accueil.  

Leur grand père a investi dans cette ferme dont les terres se situaient de l’autre côté du chemin, aujourd’hui les restes de l’usine Ford. En face de leur portail un chemin permettait d’accéder dans leurs terres qui ne faisaient qu’une grande parcelle en allant vers le port du Roy en profondeur et vers le CFA (Centre de Formation d’Apprentis) en largeur. Un autre chemin de sortie, bordé de grands arbres, allait vers le CFA. Une autre ferme existait au bout de leurs terres vers le Port du Roy.

C’est ici la ferme Bosc au milieu des terres avant l’arrivée de Ford et l’absorption de leurs terres par l’usine.

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Cette ferme « Bosc » a été classée du fait de son architecture, sa date de construction et par ses décors de briques au-dessus des linteaux. Elle date du milieu du XIXe siècle.

En façade, vous découvrez sur la gauche un portail de bois derrière lequel était entreposé le matériel. L’écurie était de l’autre côté de la façade. Il n’y a jamais eu de tracteur dans cette exploitation.  

Derrière cette construction, l’exploitant élevait le porc et la volaille. S’y sont rajoutés plus tard les pigeons. Dans une grande grange, on entreposait les foins et autres denrées.

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M. Laurent se souvient de ce nom « Virebouc ». Selon les cartes, ce lieu-dit se situe à côté du Dehez. Mais la construction qui figure sur les cartes a été détruite. M. Laurent se rappelle, dans ce secteur, d’une grande construction en pierre, avec un grand perron et devant un bassin maçonné qui servait de réserve d’eau.

M. Dupuy avait des terres à « Chantecoucou » ; il a vendu quelques terres à Mme Mercier et sa sœur qui y ont construit leur habitation. Le père de Mme Mercier vivait dans une ancienne maison sise au 12 rue du Dehez et travaillait chez M. Dupuy. Cette maison date du XIXe siècle et elle était une ancienne dépendance de la grande demeure du quartier, sise au 16 rue du Dehez. Selon les dires des anciens du quartier, on y faisait la cuisine pour les foins et vendanges ! En fait, il y a 3 maisons basses en face d’une belle demeure en pierre. Sur le côté de la construction, un petit chemin la séparait des écuries. Tout ceci était une exploitation. L’arrière de cette construction est rue des Mésanges.

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 Dans un passé récent (un siècle environ), cette maison a été achetée par M. Lafitte, ancien artichautier de Macau. Puis, suivirent M. Delage et enfin Mme Chambon (fille Delage). En bas du côteau en direction du Dehez, il y eut des vignes mais aussi une belle demeure en pierre devant laquelle était bâtie « une piscine », un réservoir d’eau, eau qui servait au bétail et à l’arrosage, se rappelle M. Laurent. Cette zone était la propriété de M. Dupuy.

Toujours dans ce secteur, rue des Mésanges, au n° 21, une autre habitation en pierre et briques se distingue des constructions actuelles. Selon l’architecture et les matériaux, elle doit dater aussi de l’époque napoléonienne. La carte départementale ci-dessous, de 1843, donne une indication précise du secteur.

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Selon Mme Mercier et M. Vidal, ce petit hameau aurait comme nom le quartier des Pins et serait dans « Chantecoucou ». Dans les terres en bas, tout a été rasé pour la réalisation d’un lotissement, ceci vient en confirmation des dires de M. Dussouchaud.

Un peu plus loin, en traversant l’avenue du onze novembre qui relie Bordeaux à Ludon-Médoc (depuis 1859), deux piliers attirent mon œil : Bois Fleuri. Qu’est-ce donc ?

Je m’avance et rencontre un jeune homme. Il y est locataire pour le compte de Bordeaux métropole. La 1ère maison est abandonnée ainsi qu’une grande en haut du chemin.

Je m’y aventure et découvre un bois magnifique avec des arbres remarquables.

Le style de construction fait penser à celui des maisons rouges, de la villa « Andrian-Bel-Air » et laisse penser à l’époque dite napoléonienne.

Il y avait une exploitation agricole, tout est laissé à l’abandon. M. Ornon se souvient de ce secteur, son frère y avait une ferme pas très éloignée.

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Le dernier propriétaire de cette bâtisse qui a subi des restaurations avant l’abandon fut un chirurgien.  

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L’abandon de cette zone laisse rêveur le promeneur par l’état du sous-bois :

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 Souvenirs de Sylvette Gélie

« De part et d’autre de la route qui conduit aux Maisons Rouges, ce n’était que des jardins… plus ou moins grands… plus ou moins spécialisés. Je veux dire par là : ici un grand carré de pommes de terre pour une cueillette en primeur, ailleurs un grand carré ou rectangle pour la cueillette non hâtive. Puis des jardins de fins maraîchers, cultivant un véritable patchwork de toutes sortes de légumes, sans aucune herbe. Dommage qu’à cette époque les photos aient été très rares ou inexistantes car actuellement il serait édifiant de pouvoir ainsi les exposer.

Mon père, André Moustié, cultivait à temps perdu, car il était commerçant, un jardin. Il en a été chassé, car exproprié pour installer l’usine Ford.

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De tout petits jardins étaient également exploités dans des endroits un peu plus profonds, où des puisards étaient remplis par les pluies. C’étaient de vieilles personnes, souvent seules, qui venaient à bicyclette depuis le bourg, pour jardiner et cueillir de beaux légumes frais, et je crois aussi, des fraises.

Pendant la guerre, les Allemands, soldats et gradés, et sans doute du matériel, occupaient l’emplacement du CFA actuel. A la débâcle, ils ont abandonné quantité de petit matériel, petit mobilier, couvertures qui ont été récupérés par la population appauvrie par la guerre. Les couvertures ont été transformées en feutres pour chaussures.

C’était l’époque où les semelles des chaussures étaient en bois. Parfois, si on élevait des lapins, (en se cachant de l’ennemi) on en ornait le dessus et cela nous tenait bien chaud. Mais ce n’était pas le cas pour tout le monde !

Un peu plus loin, c’est le quartier qu’on appelle « Les Maisons Rouges » Elles étaient belles ces maisons… décorées de briquettes rouges. J’y ai connu les habitants. Les grands-parents… et même, leurs propres parents. Ils étaient voisins de mon arrière-Grand-Mère, laquelle habitait une maison en pierre, juste à gauche, avant les maisons rouges. Cette maison a été rasée, expropriée elle aussi pour créer l’espace industriel.

De tous côtés, devant, derrière, sur les côtés des maisons rouges, c’étaient d’immenses prés, sans arbres. Les arbres, on les trouvait un peu plus loin, dans le virage, au château du Dehez.

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Le pré, derrière chez ma Grand-Mère Jeanne Triat, donnait à son extrémité, sur la route actuelle qui longe le lac, lequel à l’époque, n’existait pas. Là, c’était la ferme des « Lagrange » qui étaient apparentés aux habitants des maisons rouges.

Ce grand pré s’appelait « Le Vanneau ». Pourquoi ? C’est simple … A la saison peut-être des amours, ou alors à leur retour de migration, ils arrivaient ces beaux oiseaux noirs à reflets verts, la tête surmontée d’une huppe, pour se poser, uniquement sur ce pré. Il y en avait des centaines. Ils ne restaient pas longtemps, dans mon souvenir. »

Merci à tous ceux qui ont eu la générosité de partagé leurs souvenirs.    

Texte, photos et souvenirs recueillis par Pierre-Alain Leouffre, septembre 2021.