Les cours d’eau de la commune 

Plusieurs ruisseaux parcourent la commune, d’ouest en est, conduisant l’eau vers la Garonne par l’intermédiaire de la Jalle.

La plupart ont en grande partie disparu du paysage, car amoindris ou canalisés pour ceux que l’urbanisation recouvre, mais ils ont souvent donné leur nom à des lieux-dits, bien que l’inverse soit aussi possible…

La petite rivière la plus importante est la jalle de Blanquefort qui sert de limite entre Bordeaux et le Médoc. Issue de différentes sources (les petits ruisseaux qui l’alimentent dans les débuts sont appelés craste ou berle) sur les communes de Salaunes, Saint-Aubin-de-Médoc, Martignas, Cestas, Saint-Jean d’Illac et Mérignac, elle porte le nom des communes qu’elle traverse et qu’elle délimite parfois : jalle de Saint-Médard-en-Jalles, du Taillan, d’Eysines, puis de Blanquefort. Elle va s’appeler selon ses différents bras : l’un, la jalle du Bois ou de Canteret qui traverse les communes du Taillan ou de Blanquefort, et l’autre, la jalle de Plassan, coule dans les communes d’Eysines et de Bruges. On la connaît encore sous les noms de : jalle du Bois au 18e siècle, jalle du sable, jalle neuve, jalle noire…




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Carte extraite de l’étude d’André Guillocheau, Le Marais de Blanquefort et les terres environnantes, Publications du G.A.H.BLE, 1993, p. 35.

 

On rencontre encore dans les marais de Blanquefort la jalle des Padouens, la jalle du Flamand et le chenal du Contre-Flamand, le fossé du Canard qui traverse le marais en diagonale du sud au nord (1657), creusés au moment de l’assèchement des marais, la jalle de la Lande et le chenal intérieur se joignent pour former l’estey de la Bécassine, et des fossés de la coupe entre marais et palus.

On trouve ensuite en remontant du sud vers le nord plusieurs ruisseaux qui se jettent tous dans la jalle de la Lande :

  • le ruisseau Destournets qui alimentait la fontaine, ainsi que le lavoir Destournets et le bassin de Cholet, appelé aussi « rieu d’escape », il prend le nom de « rieu de Bothiron » quand il entre dans la propriété Cholet dont c’était l’ancien nom,
  • le ruisseau « rieu de Pellegrin » est mentionné en 1516 (entre Cimbats et Lagnet),
  • le ruisseau le Galochet qui est canalisé le plus souvent aujourd’hui,
  • le Cournalet qui démarre dans la commune du Taillan, alimentait le vivier de Tanaïs, coule entre Vivey et Linas, écrit parfois Cornalet (petit Corneau, racine de Corn…), avec son affluent le Bioussas qui nait vers Linas et rejoint le Cournalet après la voie ferrée,
  • d’autres petits ruisseaux ou fossés sont signalés : le Clapeau, la lagune, les Ambroises,
  • le ruisseau ou « rieu » de la Rivière, nommé aussi le Fleurennes.
  • le ruisseau de Peybois,
  • le ruisseau du Petit Bel-Air, le plus au nord de la commune.

Certains de ces ruisseaux alimentaient des lavoirs dans les villages qu’ils traversaient ou parfois les retenues d’eau des étangs et viviers.

La plupart de ces ruisseaux devaient être entretenus, nettoyés, entrainant les inévitables problèmes de voisinage, en particulier pour la gestion des rives.

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Mettons en valeur deux ruisseaux originaux de la commune :

Le Cournalet.

Ce ruisseau arrive du Taillan-Médoc ; à Blanquefort, il s'étale dans le vivier de Tanaïs. Suivons son parcours près de tous les ponts qui l'enjambent... rue du Vivey, rue Paul Léglise, rue Michel Montaigne.

Au vivier du parc Cambon, on remarque la différence de niveau et de débit, lors de grandes pluies et inondations ! Son parcours est plutôt fleuri au printemps. Le parc Cambon a une histoire forte avec l'eau comme le racontent les écrits sur cette vieille pierre, près de la source.

Après le tuyau rouge, nous voilà au pont de l’avenue général de Gaulle. Puis, il contourne la propriété Saint-Ahon et va la séparer des futurs logements du « Bois de Saint-Ahon ».

Derrière le château, après avoir disparu dans un tunnel, il traverse les vignes, tout droit vers l'est. On découvre deux petits ponts, le pont pour le vignoble et le pont S.N.C.F., bel ouvrage en demi-cercle travaillé. Un coup d'œil sur le joli fond plissé de « vagues » en sable blond qui caractérise les jalles du Médoc. Il traverse le lieu-dit Breniays et rejoint l’entreprise Bardinet par le pont de l’avenue du 11 novembre. À sa sortie, rue de Fleurennes, le fond de son lit n'est que petits cailloux ! Un banc de ces cailloux s'est même formé en aval de ce pont...

Voici la rue Descartes et ses nombreux enjambements vers les sociétés de la zone industrielle sur la fin de son parcours jusqu'à la rue Saint-Exupéry. Le Cournalet a retrouvé son fond de lit sableux, ses berges fleuries et ombragées ; l'avant-dernier pont supporte des rails, pour les wagons de trains desservant la zone industrielle. Et notre petit ruisseau termine son cours parmi les fleurs dans l'immensité des marais de Blanquefort.

Texte et photos de Yolande Schoenmakers. 

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L’origine du nom Cournalet.

C’est le nom d’un ruisseau qui nait dans la commune du Taillan, alimente le vivier de Tanaïs, et serpente à travers la commune de Blanquefort vers la Garonne ; il passe entre Vivey et Linas, longe Cambon, y reçoit les eaux de la source, parcourt les vignes de Saint Ahon en alimentant son vivier. Il porte dans ses différents noms les traces des lieux-dits et propriétés qu’il traverse : ainsi, il est ruisseau des Arruaux. Plus loin, il devient ruisseau du Vivey, puis ruisseau de Perric et de Saint Ahon, il finit ruisseau de Breignais ou de Fleurenne où il est canalisé dans les marais et rejoint la Garonne.

C’est aussi le nom d’une exploitation citée au Moyen Age. Son nom est écrit parfois Cornalet (petit corneau), même origine que celle de Corn, sans doute la plus vieille maison de Blanquefort. Le corneau, cornal, cornalis désigne une tenure collective née de familles groupées en quartier et restées dans l’indivision. C’est un petit hameau, une petite zone d’habitation. Le nom très ancien est cité dans les livres terriers des maisons nobles de 1507.

 

Le Ah-Ah.  

N’oublions pas le surprenant Ah-Ah, bras de la jalle, qui ceinture en partie le parc de Majolan. On a pu aussi créer de toutes pièces un circuit d’eau pour des besoins esthétiques ou défensifs ; tel est le cas du Ah-Ah (ou Ha-Ha), un bras de la jalle détourné dans ce but qui ceinture en partie le parc de Majolan de Blanquefort. Cette appellation vient d’une « astuce » architecturale qui permet, tout en respectant les limites des propriétés, d’élargir au maximum les points de vue et perspectives.

Ahah : définition :quelle curieuse interjection et pourtant… Elle existe depuis le 18e siècle et désigne un événement dans un jardin qui provoque la surprise, d’où l’exclamation : ohoh, ou ahah... Il s’agit en réalité d’un artifice visuel, d’un fossé creusé entre le jardin et le paysage alentour.


Destiné à empêcher le bétail de franchir la limite séparant les prairies du parc ou de la pelouse, il n’empêche pas le regard d’embrasser le paysage, il n’y a alors plus de coupure entre le jardin lieu privé et le paysage espace public. Trop de jardins aujourd’hui sont coupés visuellement par des haies épaisses ou pire par des murs... Ce sont les visiteurs du jardin qui surpris par ce fossé non visible de la maison s’exprimaient en cette interjection : ahah devenue un terme du paysagisme (parfois orthographié haha).

Autre définition : Ha-ha: saut de loup, fossé à l’extrémité d’une allée d’un jardin pour en défendre l’entrée sans gêner la vue. « S’il faut en croire Horace Walpole, amateur averti et auteur d’un essai sur l’art du jardin, les premiers agents du changement furent les « architectes-jardiniers » Charles Bridgeman et William Kent : le premier parce qu’il bannit des jardins la sculpture sur arbres et la symétrie absolue qui gouvernait l’espace ; le second, surtout, parce qu’il inventa, ou du moins fut, semble-t-il, le premier à utiliser le haha! Les clôtures des jardins anciens, les murs ou haies vives qui séparaient les propriétés les unes des autres, réduisaient l’espace, interdisaient les vastes perspectives, enfermaient les propriétaires dans leurs terres. Les fossés que leur substitua Kent présentaient l’avantage pratique de tenir le bétail à distance, et celui, essentiel, d’ouvrir le paysage sur l’horizon. Le promeneur, parvenu à la limite extrême de la propriété, mais dont le regard allait bien au-delà, ne pouvait, semble-t-il, s’empêcher d’émettre une exclamation de surprise incrédule, et Ha! Ha! fut dans toutes les bouches. Kent, conclut Walpole, sauta l’obstacle des clôtures et comprit que la nature tout entière était jardin ».   

Saut-de-loup : nom masculin singulier, c’est un fossé profond creusé à l'ouverture d'une clôture, d'un mur pour interdire l'entrée aux animaux (assez large pour qu’on ne puisse pas le sauter...) Il s’agit d’un fossé séparant  la cour principale et le reste du parc.


Pour d’autres, le saut-de-loup est un balcon placé dans un jardin en surplomb d’un ravin ou encore une échappée visuelle permettant une vue sur le paysage, à travers une haie ou une clôture. Le mot « saut-de-loup » a deux significations en architecture : une ouverture placée au ras du sol, permettant à la lumière naturelle, d’éclairer un sous-sol, ou bien un fossé que l’on fait au bout d’une allée, à l’extrémité d’un parc ou d’un jardin, pour en défendre l’entrée sans borner la vue.

Texte d’Henri Bret.