Villa Sainte-Anne

Cette villa fut construite à la fin du XVIIIe siècle par M. Duportail, qui l’a habité, d’où parfois l’appellation « chalet Duportail ». Il était par ailleurs propriétaire des terrains sur lesquels a été bâtie la résidence Dulamon.

Au début du XIXe siècle, Pierre Thadée de Saincric, ancien curé de Blanquefort, fit l’acquisition en viager du domaine qui appartint ensuite à son petit-fils, le notaire Courrégeoles, puis aux Dugravier. Un arbre de la Liberté y avait été planté à l’époque révolutionnaire. Le 9 mars 1810, Saincric acheta dans le bourg une maison connue sous le nom de « Maitre  Arnaud »appartenant à Duportail, pour six mille francs payés comptant, par devant maître Bouan, notaire à Bordeaux. Une clause laisse la jouissance à vie de cette maison à Duportail, qui survivra à Saincric : celui-ci n'habitera donc jamais cette maison.

Marie-Thérèse Saincric épouse Pierre Casimir Courregeolles en février 1815, deux mois après le décès de son père. Plus tard, il semble que Pierre Casimir Courregeolles, veuf, habite la maison Duportail.

Cette maison est encore debout aujourd'hui, avenue du 8 mai, bien qu'elle ait subi des transformations par un propriétaire ultérieur, Mme Beuchet, qui lui a donné le style anglais et son nom de villa Sainte-Anne inscrit sur la façade. La maison est passée dans la famille Marque en 1924. L'actuel propriétaire, M. Marque, en faisant récemment des travaux sur une cheminée, a découvert sous le manteau de bois de chêne une plus ancienne cheminée de pierre. Est-ce devant celle-ci que se chauffait M.Courregeolles, avec son fils survivant Pierre Thadée, en lui racontant la vie riche et les multiples adaptations de son grand-père, Pierre Thadée de Saincric, qui venait de faire traverser sans heurts une longue période difficile à sa ville adoptive de Blanquefort ?

En se promenant dans l'actuel cimetière de Blanquefort, on peut lire sur certaines tombes anciennes des noms de familles rencontrés dans cette étude : Acquart, Bacquey, Barada, Coutoula, Delas, Dubourdieu, Esclamadon, Eyquem, Ferry, Fillon, Fourton, Hosteins, Lacaussade, Mondon, Tartas...

Plusieurs de ces familles ont une descendance encore présente à Blanquefort. On ne trouve nulle trace des sépultures de Pierre Thadée Saincric, de sa femme ni de sa fille. Inhumés à l'ancien cimetière de l'église, la translation de leurs cendres n'est consignée sur aucun document connu. Privé de monument funéraire, Pierre Thadée Saincric ne mérite-t-il pas de revivre dans la mémoire des Blanquefortais, en donnant son nom à une rue ou une place de la commune dont il s'est occupé avec tant de soin ?

Saincric, curé révolutionnaire, ouvrage collectif, Publications du G.A.H.BLE, p 189-191.

[Une partie de la place des colonnes porte aujourd’hui le nom de Pierre Thadée de Saincric].22-sainte-anne2

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