Château Gilamon 

Historique 

Maître Adenis, notaire à Bordeaux, signale dans un acte du 11 mai 1933 que le château de Gilamon est aussi connu sous les noms de « Puyastruc », « Belmont », et « L'archevèque ».

Un état ancien du château, est évoqué par une gravure parue dans les « Statistiques générales » en 1874. Un corps de bâtiment principal de trois niveaux d'élévation dont un étage de combles, comprend trois travées de baies. L'entrée est sur la travée centrale marquée par des pilastres jumelés sur la hauteur des deux premiers niveaux et prolongés, à l’étage des combles, par deux conduits de cheminées. Ces conduits sont situés, de part et d'autre, d'une large lucarne surmontée d'un fronton cintré. Les travées latérales de ce corps de bâtiment sont percées au premier et deuxième niveau, par une fenêtre rectangulaire, et à l'étage des combles, par une lucarne étroite et haute. Ce corps de bâtiment reçoit une toiture à brisis. Le corps de bâtiment principal est flanqué à gauche, d'un pavillon d'une seule travée de baies sur trois niveaux dont les combles. Ce corps de bâtiment est couvert par un toit brisé en pavillon. Les bâtiments plus bas, flanquant le corps principal sur la droite, ne sont pas identifiables sur la gravure. La comparaison de ce document avec des cartes postales du début du siècle figurant un nouvel état du château permet de déterminer que la gravure présente la façade sud du château. La travée du corps principal n'a de pilastres jumelés et bagués, prolongés par les conduits de cheminées, que sur cette façade.

Dans l'ouvrage de Cocks et Feret « Bordeaux et ses vins », édition de 1898, le château est dessiné selon l'état que les cartes postales du début du XXe siècle en donne. Les auteurs de « Bordeaux et ses vins » mentionnent : « Le château est placé au milieu d'un parc d'environ trois hectares, dessiné par l’horticulteur distingué Rousseau ».

Le cardinal Lecot, archevêque de Bordeaux, avait acheté le domaine et le château en 1895. (Maitre Dugravier, Blanquefort, 18 février 1895).

La propriété est ensuite morcelée puisque le parc et le château sont vendus, entre autres, à M. Otelet, premier ministre belge, et les terres et les vignes, à M. Anatole Matéo Petit, déjà propriétaire du château de Breillan.

En août 1926, le château est détruit par un incendie. Un industriel bordelais, M. Massart-Weil achète les ruines et fait construire une maison à l'emplacement, et suivant le plan au sol de l'ancienne demeure.

Description 

Situation et composition 

Non loin du centre ville, vers l'ouest, près de la route du Taillan, la propriété de Gilamon fait face au lieu-dit de Peyrestruc. Le château se composait de différents corps de bâtiments de formes et de hauteurs variées, offrant un ensemble imposant ; cela augmenté, surtout sur la façade sud, d'une grande diversité des ouvertures percées dans des murs animés par des jeux de niches, de refends, de moulures et de pilastres. La présence de briques atteste, de plus, un effet de polychromie.

Matériaux et leur mise en œuvre : pierres de taille, briques pour les murs, et ardoises pour les toits.

Le château 

A- Parti général : à l'angle sud-est, un pavillon de plan carré de quatre niveaux d'élévation, couvert d'un toit haut et très pentu, domine l'ensemble, tel un donjon. Le corps principal est accoté à ce pavillon vers l'ouest, tandis qu'un autre long corps vient en retour d'équerre vers le nord.

B- Elévations extérieures : 

Façade antérieure :  

L'impressionnante façade principale, est orientée vers le sud. L'entrée sur le corps central à trois niveaux est inscrite dans un chambranle cintré, elle est surmontée, au deuxième niveau, par un balcon avec un garde-corps en fer forgé, régnant devant une baie divisée par un montant dormant. Cette travée centrale est marquée au premier niveau et au deuxième niveau par des pilastres jumelés à bossage un-sur-deux, et au troisième niveau, ou étage des combles, par une lucarne double, couronnée par un fronton cintré. Le pavillon carré, à droite sur la façade, comprend quatre niveaux d'élévation. Deux ouvertures cintrées, jumelées, couronnées d'un fronton cintré, marquent le deuxième niveau. Des modillons sculptés soutiennent une corniche fort saillante. Sur la partie gauche, un porche porte une terrasse bordée d'un garde-corps en briques. Ce porche est adossé à un corps de bâtiment lui-même couvert par une terrasse bordée de briques.

Façade postérieure :  

Le côté nord présente une façade plus sobre, animée cependant par un bossage en harpe autour des baies. Le corps principal présente quatre travées sur trois niveaux dont un étage de combles éclairés par des lucarnes rondes. À l'angle de ces deux corps, une tour carrée, sur quatre niveaux, est flanquée d'une tourelle d'escalier. La face nord du corps central est plus modeste dans sa décoration que la face sud. En avancée sur la droite de la façade, un pavillon de plan rectangulaire est lui aussi flanqué d'une tourelle.

Gilamon-fig-1-facade-principale

Gilamon-fig2-facade-posterieure

 

  

 Combles et couvertures : 

Les corps de bâtiments de différents plans et formes reçoivent chacun une couverture particulière. Le pavillon de l'angle sud-est est abrité par un toit en pavillon d'où se dressent de très hauts conduits de cheminées, larges et plats. Le corps principal, au centre des façades, est couvert par un toit à brisis. Le toit du corps de bâtiment à gauche, en retour d'équerre sur la façade nord, a deux versants terminés par un pignon découvert. L'abside de la chapelle adossée à ce bâtiment reçoit un toit en croupe polygonale. La tour de plan carré, qui occupe l'angle droit du « L » formé par la façade nord, est surmontée par un toit à l'impériale. Quant au petit pavillon en avancée sur la droite de cette façade, il est couvert d'un toit brisé en pavillon.

Note de synthèse : Gilamon a été transformé à la fin du XIXe siècle, en conservant les corps de bâtiments dont l'origine ne devait pas être antérieure à ce même siècle. Un vocabulaire décoratif très riche, empruntant les formes de divers styles, donne pour ce château l'idée d'un certain goût de l'excès, et suivant l'expression de Hautecoeur à propos des « éclectiques » : « la forme cesse ici d'être l'expression d'une fonction, elle n'est plus qu'un élément décoratif ».

1843-plan-cadastralplan cadastral de 1843

Les propriétaires 

Guillaume de Brivazac, vers 1780.
Angélique de Brivazac.
Mme de la Goublaye, vers 1830.
Angélique d'Anville.
Léontine d'Albessard, vers 1870.
Louis de Paniagua, vers 1880.
M. Bourdichon, vers 1890.
Mgr. Lecot, 1895.
Eugéne Rigault, vers 1900.
Joseph Otelet, vers 1905.
Famille Boué, vers 1920.
Pierre Massart-Weil, vers 1930 puis ses descendants.

 

Source : Châteaux et maisons de campagne de Blanquefort, mémoire de maitrise de Bertrand Charneau, Université de Bordeaux III, 1984.

1874-etiquette-chateau-Puyastruc-ML-de-Paniagua

1898-etiquette-chateau-Puyastruc-Belmont-cardinal-Lecot

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Etiquettes des bouteilles de vin de 1874 et 1898

 

Le château Gilamon ou Pey-Astruc

Désigné sous le nom de château d’Albessard, c’est une ancienne maison noble qui s’élève sur le point culminant de Blanquefort. C’est une réunion de constructions basses surmontées d’un pavillon du XVIIe siècle ; le tout flanqué d’un groupe d’arbres du plus bel effet. Pey-Astruc appartint autrefois au marquis de la Goublaye, puis il passa dans la famille d’Albessard, dont un des membres porta sa tête sur l’échafaud révolutionnaire. Il est aujourd’hui au comte B. d'Albessard. C'est un petit castel en assez mauvais état qu'entoure un des vignobles supérieurs de la commune, où il se récolte de 12 à 15 tonneaux.  

Source : texte d’Edouard Guillon.

Nom du domaine où se dressait le château de Gilamon dit aussi château Puyastruc ou château « l’archevêque » ou bien encore Château d’Albessard. Il est situé sur le point le plus haut de la commune. Ce château, ancienne maison noble, de la fin XVIIe siècle, a été entièrement reconstruit en 1874 puis incendié le 2 août 1926 (d’où son surnom de château Brûlé). En 1758, il était désigné : château Belmon de Puyastruc et était la propriété de M. Léonard Guillaume de Brivazac qui y décéda le 22 septembre 1782. Sa fille Catherine Angèle se maria avec François Louis de la Coublaye et leur fille Marie Léontine ne se maria pas. L’abbé Maré dont les parents habitaient Blanquefort la sollicita pour recevoir une partie de l’été son éminence le Cardinal Donnet, archevêque de Bordeaux depuis le 20 novembre 1836, qui vint fréquemment s’y reposer. Une carte postale ancienne l’attribue au Cardinal Lecot, propriétaire. Il a donc appartenu à la famille d’Albessard, à la famille de Labroue, à Jean Boudichon, puis au cardinal Lecot de 1895 à 1904, à M. Rigault puis à M. Otlet, industriel et ancien Premier ministre de Belgique. Ce fut ensuite Fernand Boué (1921), M. Sanchez (1926). Après l’incendie criminel qui le détruisit en août 1926, les ruines furent vendues en 1933 à M. Franck Pierre Massart-Weil de Bordeaux qui le reconstruisit à son goût, en suivant le plan au sol de l’ancienne demeure. Ses deux plateaux de vigne blanche étaient couverts d’une plantation de vin blanc, dit vin de messe, vin demi-sec, qui était classé « Clos du cardinal », de très bonne qualité, avec l’appellation « Bourgeois » : 18 hectares dont 14 en vignobles et 4 d’agrément, qui produisent 12 à 15 tonneaux, mais il fallait rajouter 40 hectares de bois de pins et de taillis de chênes, appelés bois de Gelès, lieu-dit situé en bordure des landes du Taillan.

Voici ce qu’en disait un autre auteur blanquefortais : « Le Pey-Astruc ou Albessard (aujourd'hui Gilamon) fut bâti au XVIIe siècle. Il appartenait au marquis de la Goublaye, auquel succéda la famille d'Albessard dont un membre mourut sur l'échafaud. Le 8 juillet 1726, Montesquieu vendit temporairement sa charge de président à mortier à M. d'Albessard, sous réserve qu'elle reviendrait à son fils, alors âgé de 10 ans, à la mort de l'acquéreur, mort qui survint en 1737. Mais Jean-Baptiste de Secondat, plus attiré par l'histoire naturelle que par le droit, refusa cette charge. Ainsi que le Luc, Bel-Air et Saint-Ahon, Pey-Astruc nous ramène à la grande figure de Montesquieu. Au XIXe siècle, les vignes de Pey-Astruc (qui appartenait alors au cardinal-archevêque de Bordeaux) furent revendues au châtelain de Breillan. Le château Pey-Astruc fut détruit par un incendie le 2 août 1926 et remplacé depuis par un bâtiment moderne. »

Source : texte de Guy Dabadie.

Bibliographie : Les châteaux historiques et viticoles de la Gironde par Edouard Guillon, 1867, chez Coderc, Degréteau et Poujol, Maison Lafargue, 28 rue du Pas Saint-Georges, Bordeaux, p 36-37.
Guy Dabadie, Blanquefort et sa région à travers les siècles, Imprimerie Samie, Bordeaux, 1952, p. 81-82.
Raymond Valet, Feuillets d’une mémoire, G.A.H.BLE, 1984, p.91-97.

Toponyme gascon

Peyrestruc : d'après les anciennes attestations, pèir est à entendre ici selon une signification courante en Bordelais, celle de puish c'est-à-dire "hauteur, monticule". Pèir astruc ou Puish astruc = "colline chanceuse, qui porte chance, qui porte bonheur", sans doute au sens "qui rapporte bien". Reste le problème de la graphie de ce dérivé de podium…Équivaut aux Montastruc, plus fréquents.

Dalleret est le nom précédent Gilamon, repéré en 1683 et 1760 et remplacé ensuite par Peyrestruc.