Parc de Majolan

L’histoire du parc de Majolan d’hier et d’aujourd’hui selon différentes sources.

Il s’agit d’un domaine sur lequel se trouve le château Dulamon, construit vers 1865 sur l'emplacement de l'ancien domaine Le Luc. De styles architecturaux divers (XVIe au XVIIIe siècle), le château fut construit par l'architecte bordelais Jules Laffargue, grâce à l'initiative de Justine Marie Vidal, épouse de Joseph Prom, négociant à Bordeaux. A la mort des époux Prom, c'est leur fille unique, Joséphine Abelina, qui hérite du château. Son époux, Jean-Auguste Piganeau, assure la gérance du domaine et du vignoble, qui emploient un tiers de la population de Blanquefort. Les Piganeau, une famille de banquiers très réputée sur Bordeaux, sont à l'origine de l'aménagement du domaine en parc d'agrément de 19 hectares : construction de grottes et de ruines artificielles, d'un plan d'eau, de chalets, d'une volière et d'autres édifices. La propriété est ensuite rachetée par M. Louit, puis en 1975 par la commune de Blanquefort, qui entreprend des travaux de réaménagement et de restauration : curage du plan d'eau, reboisement, implantation d'une réserve ornithologique et d'un parcours santé. Le parc de Majolan est ouvert au public en 1984.

Les grottes

Afin d'agrémenter le parc, M. Piganeau fit édifier des grottes vers 1880 sur l'emplacement d'anciens marais asséchés au XVIIe siècle. Ce genre de construction était très courant à cette époque. Les grottes furent construites à la chaux hydraulique (à l'époque le ciment n'existait pas) et par étapes de séchage. Elles sont formées de moellons reliés entre eux par des crampons métalliques scellés, eux-mêmes assemblés par des mortiers de chaux. Les travaux durèrent environ 2 ans. L'eau du lac pénètre sous les grottes, et une partie du réseau de la Jalle est insérée dans les enrochements, qui se trouvent autour. Elles se situent au pied du coteau de Dulamon.

Les ruines

Situées à 30 mètres du plan d'eau, les ruines ont été édifiées de la même façon que les grottes. Elles présentent un aspect volontairement délabré et vieilli par coloration. On appelait ces ruines « Ruines de Beauzin ».

Le plan d’eau. D'une superficie de 4 hectares, entièrement creusé à la main, le tracé du plan d'eau fut exécuté à la pelle, et l'on estime à 150 000 m³ la quantité de terre remuée. Les déblais, répartis sur l'ensemble du parc, ont permis de rehausser les terrains marécageux et les parties basses. Le lac est alimenté par une déviation de la Jalle de Saint-Médard, qui coulait au pied du coteau. Il comprend un système de régulation permettant, grâce à des écluses, une circulation de l'eau équilibrée pendant toute l'année. Sa profondeur varie entre 2 et 3 mètres, et le fond est empierré près des grottes.

Equinoxes et Solstices, janvier 2002, n° 1, p. 16-17. Le magazine de la ville de Blanquefort. Avec l’autorisation de la ville de Blanquefort.

L’histoire du parc du château Dulamon

Il a été réalisé sur une dizaine d’années, de 1870 à 1880, par le paysagiste Le Breton, dans le goût romantique baroque, sur un terrain qui n’était alors qu’un marécage. Le terrain et le château avaient été acquis grâce à son mariage par un riche banquier, Jean Auguste Piganeau, appartenant au milieu de la grande bourgeoisie. La Jalle a dû être détournée afin de créer le lac. L’ambition qui motiva la création de ce parc était de refléter la magnificence de son patrimoine et de son train de vie, et ce en imitant ce qui s’était fait à Paris. La légende dit que le parc devait servir à consoler sa fille malade. Le banquier fera faillite et le château sera revendu, ainsi que les terres, le parc, les fermes, etc. Il connaîtra un état de quasi abandon et sera racheté par un agriculteur. Dans les années 1950, une guinguette y sera installée.

Le parc est une illustration grandeur nature du savoir-faire des architectes, ingénieurs, artisans et artistes de la fin du XIXe siècle. Parti du néant, une zone marécageuse de 20 hectares, 150 000 m³ de terre furent dégagés à la pelle afin de créer un lac de 4 hectares à partir de la Jalle traversant le lieu et de donner forme aux différents endroits du parc. Les grottes artificielles (réalisées à la chaux, comme les ruines) et les canyons, sont des merveilles d’ingéniosité hydraulique avec leurs fontaines et leurs geysers d’eau, et de maîtrise de l’art des rocailleurs. Les nombreux ponts répondent chacun à une architecture et à une technique : en lianes, de style gothique, en faux bois (une sorte de béton ornementé), en fer forgé...

Rénovation du parc  

Propriété de la commune depuis 1975, il est ouvert au public depuis 1984. Le parc est l'un des lieux de promenade prisés des habitants de l'agglomération bordelaise.

L'ensemble du Parc Majolan est inscrit à l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques, par arrêté du 18 janvier 2007, les grottes l'ayant été depuis le 21 décembre 1987. Une grosse rénovation a eu lieu en 2007 et 2008 (pour un montant de 3 millions d'euros), réalisée par Graziella Barsacq (paysagiste), Fabien Pédelaborde (architecte) et Danielle Justes (artiste mosaïste).

Les dates de sa rénovation :

3 janvier 1975 : Acte d'achat par la commune
juin 1976 : travaux de lutte contre la pollution et épandage de craie
28 février 1978 : démolition des ruines du vieux moulin et de la maison de l'éclusier
février 1978 : construction et rénovation des clôtures
octobre 1978 : restauration des plans d'eau par curage
27 avril 1979 : remise en état des écluses et des vannes sur la jalle et le plan d'eau
10 juin 1980 : joutes sétoises dans le cadre des 5 jours de Blanquefort
8 décembre 1983 : installation d'un parcours santé
23 février 1984 : lâcher de cygnes sur le parc
18 mars 1984 : ouverture officielle au public
21 décembre 1987 : inscription partielle au titre des monuments historiques
10 janvier 2007 : inscription totale au titre des monuments historiques
12 mars 2007 : démarrage de la rénovation
29 mai 2008 : réouverture du parc.

Source : Wikipedia

 

Raymond Valet  

Au pied du coteau (de Duylamon), les marais déjà décrits furent assainis et l'on construisit les grottes de Majolan, sur un terrain d'une superficie approximative de 19 hectares qui comprend une pièce d'eau. La Jalle coulant au pied du coteau servit à alimenter le lac creusé entièrement à la main de l'homme. Son plan d'eau, à la fois lac et rivière, s'étend sur près de quatre hectares, sa profondeur varie entre deux et trois mètres, une partie du fond est empierrée près des grottes. Le dessin du lac d'après le plan fut tracé et creusé à la pelle, les terres enlevées par brouettes et decauvilles. La surface et sa profondeur permettent d'estimer à plus de 150 000 mètres cubes la quantité de terre remuée. Les déblais furent transportés dans diverses parties du parc pour rehausser ces terrains marécageux, le surplus fut déversé sur les points bas et sur la colline qui surplombe le lac. De l'ancien lit de la Jalle, une partie du débit fut prélevé pour l'alimentation du lac et de son réseau inséré dans les enrochements construits et assez parfaitement imités, serpentant autour des grottes et de ses abords.

On pouvait se promener sur les berges longeant les cours d'eau. Des ponts au nombre de cinq, dont trois permettant le passage des voitures, sont de composition différentes les uns en bois, d'autres en maçonnerie avec garde-corps imitant des branches entrelacées, d'autres métalliques. Des allées diverses ont été conçues pour permettre de découvrir la pièce d'eau navigable en barque. On pouvait aborder sur des îles d'une assez grande superficie, plantées et entourées de nombreuses touffes de verdure et de lauriers-cerises, des bancs permettaient la tranquillité et la discrétion.

Plus loin, c'était une presqu’île reliée à la terre, accessible par un pont enjambant le passage d'eau. Cet ensemble était planté d'arbres, résultat des travaux d'un paysagiste qui sut acclimater des essences exotiques choisies. Les bouquets de magnolias sont nombreux, des cyprès chauves voisinent avec des chênes rouges, des orangers exotiques, des massifs de photinias de chine, arbustes rares à floraisons multiples, des touffes de lauriers-cerises, des chênes pyramidaux se détachant des frênes, des aulnes, des charmes, des hêtres jusqu'aux pins de l'Himalaya à cinq feuilles, des séquoias géants, de nombreuses plantes se découvraient à chaque pas, le tout entretenu en parfait état formant un ensemble exceptionnel par sa diversité. La promenade en barque permettait la pêche, on y trouvait des brochets énormes, des anguilles, des perches, des tanches, etc., car tous les ans on alevinait. Des grilles de retenue empêchaient les poissons de sortir par les jalles à l'est de la propriété.

À l'angle sud et en bordure de la départementale, une entrée avec un ensemble des grilles en fer carré permettait le passage des visiteurs, vue de la route une maison bâtie en moellons à demi enterrée, dissimulée en partie par la verdure, était le logement du garde et de sa famille. Ce dernier costumé avec coiffe galonnée était aux ordres du château et en assurait la surveillance. En suivant la route départementale au pied de la côte, face au chemin de la vacherie, existe un portail d'entrée d'allée privée.

Environ 80 mètres sur la gauche et à 30 mètres de la pièce d'eau, il y a des ruines moellonnées. D'après la légende, une ancienne chapelle aurait existé à cet endroit. Cette construction délabrée avait un escalier aux marches disjointes conduisant à l'étage, il existait des ouvertures plein cintre retenant des pierres détachées reliées par crampes de fer, sans toiture aux pans de murs uniformes, le tout formait volontairement un aspect délabré vieilli par le temps ou par coloration (petites copies des ruines du palais Gallien), dénommées ruines de Béhanzin. À quelques pas, il y avait une table d'orientation dégagée à la vue sur socle maçonné, son dessus était en marbre où pivotait une pièce en bronze qui tournait suivant l'orientation recherchée.

En remontant la route, on trouvait une croix en pierre sur socle, curieuse par sa forme, avec des inscriptions à demi effacées par le temps. En poursuivant notre route vers la vacherie dissimulée dans la verdure, on trouvait sur la gauche une petite allée gravée, on se heurtait à un mur en moellons couvert de lierre. Sur une partie découverte, il y avait un bouton de petit diamètre sur lequel on appuyait instinctivement, on voyait s'ouvrir une porte normale, moellonnée, montée sur cadre en fer découpé dans le mur qui pivotait donnant accès aux grottes dites de Majolan.

Les grottes artificielles : empruntant un petit chemin en moellons, entouré d'eau, on apercevait la vue féérique de l'ensemble, copie de grottes naturelles. Si on se rapporte à l'époque de sa création, où le ciment n'était pas connu, tout se construisait à la chaux hydraulique, chaque moellon était relié à l'autre par des crampes métalliques scellées. Sa construction nécessita, par étapes de séchage, deux années. En suivant la partie basse par des chemins moellonnés entourés d'eau, où on revenait souvent à la même place car ils étaient construits en chicanes, on arrivait à une plate forme en superbe mosaïque de cailloux de différentes couleurs avec une ancre de marine, le tout enrobé dans le sol servait d'embarcadère pour la promenade en barque, puis en suivant un petit chemin entouré d'eau, on mettait les pieds sur un ensemble en moellons monté sur pivot, dénommé pierres tremblantes qui faisaient sensation, en perte d'équilibre elles surprenaient le visiteur.

En poursuivant, on arrivait dans une chambre toujours en moellons éclairée par puits de jour en verre dans le haut. Cette pièce formant six pans à facettes égales, chaque pan était un aquarium avec une glace au fond grossissant les poissons et au devant un verre transparent. Ces aquariums d'une hauteur d'homme étaient alimentés par l'eau courante. Chaque aquarium avait des poissons différents en espèce et en couleur. En poursuivant la route, on monte à une chaire surélevée dominant l'ensemble, construite toujours avec les mêmes matériaux, en demi-cercle avec appui en briques apparentes ; le sol est en mosaïque de cailloux enrobés de différentes couleurs, une rangée de bancs tout autour permettait de dominer l'ensemble, cette chaire est plafonnée et couverte sur toute sa surface en moellons agrafés uniformes avec des larmes représentant des stalactites et des stalagmites artificielles, mais imitant la réalité naturelle, le tout est patiné, coloré, ne paraissant pas de fraîche date. Les travaux furent l'œuvre de leur architecte déjà dénommé, la réalisation a incombé pour le creusement du lac et des terrassements à la famille Lamouroux habituée à l'entretien des jalles et marais. La maçonnerie au père Pellot aidé de ses deux fils : Jules qui conduisait les travaux, Gustave ayant fait des études de comptabilité qui était chargé des livres et de la paie du très nombreux personnel : jeune officier en 1870, décoré de la Légion d'Honneur, blessé et amputé de la jambe, il frappait le sol de son pilon.

Raymond Valet, Feuillets d’une mémoire, G.A.H.BLE, Blanquefort, 1984, p.71-86.

 

Guinguette de Majolan en 1941

Le 29 septembre 1941, le Secrétaire général de la Préfecture 4e division 2e bureau (signé : Delannet) autorise M. Lionel Louit, demeurant à Blanquefort, château Dulamon, à transférer sa grande licence sur le lieu dit « Moulin et Grotte de Majolan » pour y ouvrir un café avec musique et avec visite des grottes payantes.

Source : Archives municipales de Blanquefort, boîte 4 

 

Parc-Dulamon

Photos François Barreau

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