Les cercles, lieux de rencontre

Un des nombreux sens du mot cercle est celui de réunion et, par extension, du lieu où l’on se réunit. Il a été utilisé au XIXe siècle pour des rencontres d’intellectuels, des salons littéraires ; on le retrouve aussi dans la création de cafés particuliers en Gascogne. C’est un milieu de rencontre de gens d’une même famille politique ou religieuse. Dès 1894, on observe une initiative de l’église catholique en direction des ouvriers souvent jeunes et d’origine rurale. Le plus souvent, c’était l’occasion de tisser du lien social dans le prolongement de la vie religieuse.

La paroisse de Blanquefort a eu la chance « d’avoir » deux cercles : le Grand et le Petit, qui ont été actifs jusque dans les années 1960-65. Elle utilisait, pour son patronage, ces locaux qui lui étaient prêtés depuis la fin du XIXe siècle.

« Le patro disposait d’une vaste salle appelée Grand Cercle , propriété du diocèse de Bordeaux, sise en retrait de la rue Gambetta. On y accédait par un couloir étroit. Cette salle pouvait accueillir jusqu’à 300 personnes. Elle comprenait une large scène avec coulisses et remplissait à l’époque les meilleures conditions pour donner des spectacles appelés « Concerts » et toutes réunions. Elle était aussi la seule existant dans la commune et allait être utilisée pendant de longues années. »

En 1896, sous l’impulsion de l’abbé Herman, une société dont le but était d’apporter aide et soutien au Patronage Saint-Joseph fut créée par acte notarié avec la dénomination « Société Civile de Patronage ». Elle était composée de notables dont Gustave Tastet qui fit l’acquisition d’un ensemble immobilier sis « Chemin de Montgiraud » (actuellement rue Jules Ferry) comprenant un bâtiment genre pavillon avec un terrain vert. Cette acquisition d’un montant de 7 769 francs (il s’agissait de valeur or) fut réglée par Gustave Tastet pour le compte de ladite société. Cet ensemble appelé Petit Cercle fut mis gracieusement à la disposition du Patro Saint-Joseph pour y exercer ses activités. Il garde encore aujourd’hui son aspect d’antan. Le Petit Cercle devait être l'ancienne école des Frères au début du XIXe siècle. Il a été quelque peu aménagé pendant la guerre avec des tables de ping-pong et des jeux de société. Il était utilisé pour des animations diverses, avec une salle de gymnastique de 21m² (6 m sur 3,5 m), sport très populaire à cette époque. Nous y allions le jeudi après « le caté ». Jeux de ping-pong et billard.

« Le Grand Cercle , rue Gambetta, grande salle de 210 m² (21 x 10 m), était le lieu des concerts deux fois par an, et des répétitions de la troupe théâtrale. Les garçons venaient chahuter les filles. Beaucoup de succès, tout le monde participait, les unes jouaient, les autres préparaient la salle et décoraient, les billets… Il servait de salle de théâtre, de salle de sport et de lieu de réunions. Il fut utilisé pour des séances de cinéma par le patronage des Bleuets, après le 1er mai 1941. Nous avions droit, quelques fois, à la projection de « films muets » (projection par un vieil appareil qui tombait en panne au milieu du spectacle).

Je ne connais pas l'origine du Grand Cercle ; c'était une salle assez vétuste comprenant une scène de théâtre. C'est là que se donnaient des pièces de théâtre pour filles ou garçons. C'étaient là leurs principales ressources financières. C'est aussi là que se faisaient les entraînements de la section gymnastique du patronage des Bluets de Blanquefort. Pour cela, on enlevait une partie du plancher sous lequel il y avait du sable. C'est donc là que les jeunes faisaient des agrès, barres parallèles, etc. » Durant la Seconde Guerre mondiale, le Petit et le Grand Cercle furent occupés par les troupes allemandes, à différentes occasions, pour loger des troupes de passage. Le Grand Cercle est actuellement à l’abandon après une longue carrière au service du théâtre amateur. Le Petit Cercle fut vendu récemment et reconverti en habitation privée. Ces lieux ont fortement marqué la vie du village pendant des dizaines d’années.

La plupart des témoignages (Hubert Parise, Philippe Déris, Marie Destiq, Pierrot Rouillard) sont extraits du livre d’Henri Bret, La vie religieuse à Blanquefort au XXème siècle, Publications du G.A.H.BLE, 2006.