Cita Bornand  

Cita, Blanquefortaise d’adoption et de passion.

Née en Espagne en 1929, elle arrive à Bordeaux à l'âge de 7 ans. Elle découvre Blanquefort en rendant visite à sa grand-mère chaque fin de semaine et pour les vacances. Pour la petite fille, qui a toujours vécu en ville, soit à Madrid, soit à Bordeaux, Blanquefort est synonyme de la vie au grand air, de la nature et de la tranquillité. Autant d'attraits appréciés durant son enfance qui la poussent, adulte, à venir s'installer sur la commune.

Une histoire d’amour familiale : « Ma grand-mère vivait à Linas avec une de ses filles et un de ses fils. Suite à son divorce, elle est venue s'installer dans ce château, une demeure d'agrément (ce n'était pas une exploitation viticole). Pour venir la voir, nous prenions le tramway à Bordeaux jusqu'au terminus de Blanquefort, qui correspond aujourd'hui au rond-point chez Gégé. Ensuite, nous prenions des vélos (je ne sais plus où, peut-être chez le charretier ou le marchand de fourrage...) ou la voiture à cheval que ma grand-mère avait faite envoyer. Ma grand-mère sortait très peu mais elle recevait beaucoup : des connaissances, des amis venaient en résidence chez elle, souvent en convalescence, pour profiter du grand air de Blanquefort ».

Un peu plus tard au cours de notre entretien, Cita nous confie qu'aujourd'hui ses petits enfants témoignent d'un fort attachement à la commune ; elle en est un peu surprise bien qu'elle précise que chaque soir, avant le coucher, elle raconte « une » ou « son » histoire, probablement ses plus beaux souvenirs intimement liés à Blanquefort : une histoire d'amour qu'elle a transmise sans même sans apercevoir.

En voici un épisode : pour cette petite fille, qui a perdu son père très jeune, qui a connu le bombardement de sa maison et qui a approché les blessés de la guerre, les séjours chez sa grand-mère étaient certainement un havre de paix, de bonheur et de liberté. Aussi, se souvient-elle : « Je jouais avec les filles Léglise dans leur propriété de Tanaïs ; c'était magnifique, il y avait un étang au milieu et c'est lors de ces balades que j'ai découvert, moi qui n’avais connu que la ville, la nature, les animaux...

C'était très sauvage et très beau. Chaque fille avait sa petite maison avec une petite clôture en bois, un jardinet où nous jouions à la dînette... Parfois même nous y déjeunions. Plus grandes, nous avions le droit d'aller en ballade plus loin, alors avec nos bicyclettes, sur les chemins en grave, nous descendions à la jalle, vers Majolan ; on prenait des sangsues que nous vendions au pharmacien... Il s'appelait Monsieur Pain... J'étais fascinée en entrant dans sa boutique, il y avait des bocaux de toute sorte ; cela me faisait penser à de la sorcellerie... Il m'impressionnait car il était grand et avait toujours une écharpe autour du cou et un béret noir... ».

Des personnages ont marqué sa mémoire, il faut dire qu’« à l'époque tout le monde se connaissait, nous avions la visite, plusieurs fois par semaine, du docteur Castéra. Ma grand-mère a hébergé pendant et après la guerre des blessés, des Allemands et des Français... Je me souviens aussi du charretier... ». Son attachement, peut-être le plus profond, est Lagnet (Lagnet, quartier situé près de la croix de pierre, face aux écoles du bourg. C'est le nom de la propriété à l'angle de la place de la République et de la rue Poumeau-Delille) cette propriété reçue en héritage, qu'il a fallu diviser en lots et vendre en partie, mais où elle a convié son mari à vivre et où une de ses filles est née : une demeure magnifique avec une serre, un bassin, des essences exotiques, un kiosque, des statues... et des invités en convalescence, des amis de passage, des souvenirs de famille... Une histoire d'amour partie de l'enfance et qui écrit encore aujourd'hui de nouveaux chapitres.

Note sur Tanaïs : Construit en 1767, le château est implanté sur un domaine de 67 hectares : un étang, des jardins à la française, des espaces fleuris, des pins, des chênes, des vignes produisant un cru bourgeois très apprécié. Réquisitionné par les Allemands puis racheté en 1945 par l'armée française, la commune de Blanquefort s'est rendue acquéreur de ce bien en 1995.

Blanquefort-infos, 2000.