Une Miss de 88 ans

Elle a été Miss Blanquefort en 1945 et a souvent dansé, jeune, chez Gégé. Marie-Joseph Miart est une figure de la vie locale.

Sur une photo en noir et blanc, elle pose entre deux jeunes filles de son âge. « C'était en 1945 et je venais d'être désignée Miss Blanquefort. J'avais 17 ans. J'avais revêtu la robe de mariée de ma sœur, c'était juste la fin de la guerre et nous n'avions pas grand-chose ». Marie-Joseph Miart, que certains surnomment encore Josette, a aujourd'hui 88 ans et reste une midinette. A sa manière.

Elle tient à mentionner sa rencontre, cet été à Lesparre, avec Geneviève de Fontenay. Un sacré événement pour l'ancienne miss locale qui a souhaité se faire photographier avec la dame au chapeau. Elle a même salué Miss France 2016, lors d'une dédicace dans un supermarché du Pian, en août ! À des années lumières du cliché en noir et blanc qui a marqué ses jeunes années.

« À 17 ans, j'allais souvent danser au bal Chez Gégé », poursuit la dame de la rue de la Salle-de-Breillan qui fréquentait aussi la guinguette de Majolan. « C'est Chez Gégé que j'ai rencontré mon mari, Émile Miart, qui a fondé l'ESB, l'Entente Sportive de Blanquefort. Il a créé le club omnisports et le club de football à la demande de l'ancien maire, Jean-Pierre Delhomme. Comme il était militaire sur le camp de Tanaïs, lorsque nous nous sommes rencontrés, nous avons emménagé dans une maison, là-bas. Ensuite, je l'ai suivi au gré de ses mutations avec nos trois enfants ».

La roue tourne et Mme Miart, bon pied, bon œil, le caractère toujours bien trempé, évoque de plus en plus souvent des événements qui échappent aux moins de 40 ans. Car elle fait partie de ces Blanquefortais qui portent en eux une partie de la mémoire locale. Elle revient sur sa jeunesse. Sur ses parents qui travaillaient au château de Breillan, comme régisseur et comme cuisinière. Plus tard, ils se sont lancés dans le maraîchage, notamment dans la culture « des violettes et des fraises des bois » sur une propriété qu'elle occupe toujours, même si elle a été en partie vendue à un promoteur, lequel fait pousser des immeubles d'un étage au fond de son jardin. « J'aurai préféré des petites maisons, mais on ne peut pas tout avoir », glisse-t-elle.

Elle évoque le chemin de terre d'autrefois, la production qu'il fallait porter aux Capucins et les craintes de ses parents avec qui elle a travaillé la terre lorsqu'elle était jeune. « À 17 ans, ils ne voulaient pas que j'aille à Bordeaux. C'était la perdition ! J'aurais pu travailler dans un magasin. Ils ont refusé ». Elle se souvient aussi que son père a présidé le Comité de quartier de Galochet, l'ancien nom du secteur de Breillan.

Elle raconte sa vie avec Émile Miart, les méchouis, les soirées dansantes avec les sportifs locaux. Et aussi son intérêt pour l'écriture, la peinture, les compositions florales. « Elle a même obtenu le grand prix des Floralies internationales de Bordeaux en 1992 », souligne son fils Jean-Luc, le président de l'association « Bouge ton port ».

Aujourd'hui, Marie-Joseph Miart est grand-mère et arrière-grand-mère. Pour rien au monde elle ne quitterait sa commune. « Dieu merci, nous ne faisons pas partie de la banlieue proche de Bordeaux, c'est encore rural et lorsque je vais dans le centre de Blanquefort, je connais tout le monde ! »

Article et photographie du journal Sud-ouest du 24 septembre 2016, Christine Morice.

Miart-Marie-Joseph

Marie-Joseph Miart, fière d’avoir été photographiée aux côtés de Geneviève de Fontenay à Lesparre, durant l’été. photo C. M.