La chapelle Saint-Jean-des-Palus

Lieu de culte érigé en 1872 (architecte Louis Garros, 1893-1911) à l'intention des habitants des palus de Blanquefort, Bordeaux et Parempuyre, cette chapelle desservait le lieu-dit Grattequina, un quartier isolé de la commune, en bordure de Garonne (palus : terres en partie inondables s'étendant le long de la Garonne ; devenus pâturages, terres de culture ou vignobles, les palus ont vu leur exploitation évoluer au rythme de la conjoncture économique). La construction s'était faite à l'initiative de la famille Gièse (parfois, et abusivement, dite « de Guise »), alors propriétaire du domaine de Grattequina et du château du même nom (bâti encore par Louis Garros, toujours en 1872).

D'après une carte postale ancienne, l'allure générale de cette chapelle était proche de celle de l'église Saint-Joseph de Caychac, mais d'un style néo-gothique moins affirmé ; les matériaux utilisés étaient aussi les mêmes, relativement économiques : murs de moellons recouverts par un enduit à la chaux et chaînes en pierres de taille apparentes. Par contre, au contraire de Saint-Joseph, elle semble avoir été dotée d'un transept aux bras peu saillants.

chapelle-de-grattequina-OK

En octobre 1880, la création d'une paroisse fut envisagée « aux Palus de Blanquefort » (comme avait été créée celle de Caychac en 1872) ; ce projet n'a pas abouti. On ne sait pas par contre si un cimetière était associé à cette chapelle.

Plusieurs documents concernant la paroisse de Blanquefort se trouvent dans les archives de l’archevêché de Bordeaux, dont un dossier pour la création d’une nouvelle paroisse aux Palus de Blanquefort avec la liste du recensement de la population dans les Palus de Blanquefort, Bordeaux et Parempuyre au 1er janvier 1880, et la carte de cette future paroisse au 1/20 000 : 1 580 hectares et 513 habitants (dont 279 de Blanquefort) et la lettre suivante :

« Paroisse Saint-Martin de Blanquefort. Gironde. Le 10 octobre 1880, le conseil de fabrique de l’église Saint-Martin de Blanquefort, convoqué en séance extraordinaire sur la demande de son éminence le cardinal archevêque de Bordeaux, en date du 26 août dernier, s’est réuni au presbytère pour s’occuper du projet de création d’une nouvelle paroisse aux palus de Blanquefort. Étaient présents Messieurs Caboy, président, de Froger de l’Éguille, curé-doyen, Vuillaume, trésorier, Dugay, Chauvin, membres de la fabrique. M. le maire, obligé de s’absenter, a fait connaître à Monsieur le président et à M. le curé qu’il était opposé à cette création, et M. Promis s’est fait excuser. Le Conseil, appelé à délibérer sur la question précitée, reçoit communication de la demande des habitants des Palus de Blanquefort ; il examine avec soin les plans et délimitations de la nouvelle paroisse à établir et prend à l’unanimité des membres présents la décision suivante : préoccupés des avantages moraux et religieux qui doivent résulter de cette création pour les habitants de ces quartiers si éloignés de leur église paroissiale, et malgré le préjudice qui en ressortira pour la fabrique de Blanquefort, le conseil donne un avis favorable au projet de création de la future paroisse de Saint-Jean, sous les conditions expresses :

1- qu’il n’en résultera pour la Fabrique de Blanquefort aucunes charges quelconques, soit dans le présent, soit dans l’avenir.
2- que le terrain détaché de la paroisse de Blanquefort sera limité au couchant par le chemin du Flamand prolongé en ligne directe jusqu’à la Jalle du Grangeot au lieu de l’être par la Jalle du Padouens, comme le porte le plan examiné. Et ont signé : A Caboy, R. F. de l’Éguille, curé-doyen, A. Dugay, Ad. Vuillaume, Chauvin. »

Ce projet n’a jamais vu le jour. Il subsiste les ruines de la chapelle de Grattequina.

La chapelle Saint-Jean aurait été désaffectée au cours de la Première Guerre mondiale, puis définitivement fermée en 1934 en raison de son délabrement, faute d'entretien ; la partie supérieure fut alors démontée afin d'éviter tout effondrement accidentel. Il n'en subsiste aujourd'hui que quatre murs envahis par la végétation.

Ruines-chapelle-Grattequina

Cette notice a été rédigée à partir d’un texte de Mme Simone Baron, des Amis du Vieux Blanquefort en mai 1979, par Alain Tridant ; elle ne prétend en rien à l'exhaustivité mais tente de résumer l'état actuel de nos connaissances. Elle est parue dans l’ouvrage « La vie religieuse à Blanquefort au XXe siècle », Henri Bret, Publications du G.A.H.BLE, 2006, p. 52.

Le château de Grattequina construit, on pense à édifier, au bord du chemin de Labarde, une chapelle sous la direction du même architecte, Louis Garros appelée la chapelle Saint-Jean-des-Palus. Les habitants des métairies, de Grattequina, du pont des Religieuses et du Grangeot s’y retrouvent à la messe le dimanche. Le prêtre loge dans le chalet bâti à côté de la chapelle mais cette dernière est vite rattachée à la paroisse Saint-Rémi de Bordeaux puis à la paroisse de Blanquefort.

Pendant la guerre de 1914-1918, elle est désaffectée, abandonnée et ne tarde pas à tomber en ruines. Les curés de Blanquefort enseignent le catéchisme dans une salle du château où, également, ils célèbrent la messe une fois par mois. Aujourd’hui, quelques pans de murs nous rappellent l’existence de cette chapelle. Par contre, il ne reste plus de traces de l’école construite, au sud de la jalle, avec le concours de M. Cruse, propriétaire dans la palus.

André Guillocheau, Le Marais de Blanquefort et les terres environnantes, Publications du G.A.H.BLE, 1993, p.98-99.

La chapelle Saint-Jean, des palus de Blanquefort est référencée sur le site : http://www.patrimoine-religieux.fr/eglises_edifices/33-Gironde/33056-Blanquefort/121527-