Les actes de sépulture de 1760 à 1792

Pour ces 32 années, de 1760 à 1792, il y a eu 1877 actes de sépulture qui ont été enregistrés dans les registres paroissiaux de l’église Saint Martin de Blanquefort. Mais les décès sont connus également par 93 actes de baptêmes, lorsque le décès suit de près la naissance un seul acte est rédigé, ce qui donne 1970 décès.

 

Nombre-de-deces

L’inhumation du corps a lieu le jour même du décès ou le lendemain, rarement au-delà.

L’acte de sépulture est souvent rédigé sous cette forme :
« Le 13 janvier mil sept cent soixante j’ay enseveli dans le cimetiere le corps de Robert Roudeyrou décédé âgé de quatre jours en présence de Pierre Coutaut Jean Moustier »,
« Le second mars mille sept cents soixante le corps de Luce Baillon épouse de Jean Blan décédée âgée d’environ soixante-dix ans après avoir reçu les sacrements a été enseveli dans le cimetière en présence de Jean Lisot, Guillaume Lamouroux ».

L’âge du défunt n’est pas toujours mentionné et lorsqu’il est présent il est souvent précédé de « environ ». Sur les 1970 décès, l’âge du défunt est mentionné pour 1719 d’entre eux, soit pour 87,26%. Pour les 249 décès sans âge précisé, on sait cependant que 148 sont des adultes, le nom de leur épouse ou époux étant mentionné. La répartition par tranches d’âge du tableau ci-dessous est donc proche de la réalité.

age-au-moment-du-deces

La mortalité est très importante jusqu’à l’âge de 3 ans, 38,51% des décès.

 

Inhumation dans l’église

L'âme d'un corps placé dans l'église était supposée aller plus vite au paradis. Au XVIIIe siècle il suffisait de payer une certaine somme à la fabrique (gestionnaire des ressources matérielles de la paroisse) pour obtenir le droit d’être inhumé dans l’église.

Les professions des défunts adultes ou des parents des défunts ne sont pas toujours mentionnées, 20 des défunts inhumés dans l'église sont des notables ou des épouses, des enfants de notables. Le chef de famille occupe des fonctions de : notaire royal, trésorier de France, maitre-chirurgien, chevalier de Saint Louis, conseiller à la cour des aides, prêtre, … il a pour nom de famille : Barada, Berninet, Dugarry, Dillon , de Marraquier, Besse de Maurian, O’Connor, Magnol, Hosteins, de Flavigny, de Day, Tartas, …

51 morts sont ensevelis dans l’église Saint-Martin pendant ces 32 ans dont 19 ont moins de 18 ans, pour certains l’endroit est même précisé :

  • 3 sous le portique de l’église :

Le 7 septembre 1780 demoiselle Ursule Durfort, 92 ans, décédée dans sa maison de Linas.

Le 12 septembre 1780 Jeanne Suzanne Hosteins, épouse de Bertrand Barada, décédée chez elle au Bourg.

Le 22 janvier 1787 Jeanne Victoire Danzas âgée d’environ 27 ans, fille de sieur Daniel Danzas et de demoiselle Marguerite Lartigaud.

  • 3 dans des chapelles de l’église :

 Le 4 août 1770 Jeanne Lapause, épouse de sieur Besse de Maurian, « transportée dans notre église pour être enterrée dans sa chapelle ».

Le 12 octobre 1781 Mathieu O’Connor, 72 ans, « a été enterré dans l’église dans la chapelle Sainte Catherine », natif d’Irlande, écuyer, seigneur de la maison noble de Breillan.

Le 22 octobre 1774 Jean-Baptiste Magnol, 80 ans, « décédé dans son bien noble de Mataplane, inhumé le lendemain dans sa chapelle Saint George fondée dans l’église », ancien procureur général de la cour des aides de Bordeaux.

Louis XVI interdit le 10 mars 1776 les inhumations dans les églises pour des raisons évidentes de salubrité. Cependant à Blanquefort 19 corps seront inhumés dans l’église au-delà de cette date, le dernier en 1787.

 

Singularités 

Quelques enfants morts en bas âge ont leurs parents qui résident à Bordeaux, ce sont pour la plupart des enfants mis en nourrice à Blanquefort, parfois sur l’acte de sépulture l’enfant n’a même pas de prénom et seul le nom du père est mentionné avec sa profession : négociant, marchand drapier, architecte, maitre d’écurie, tailleur d’habits, maitre charpentier, maitre perruquier, aubergiste … « Le six septembre mil sept cent soixante-sept j’ay enseveli dans le cimetière un enfant de Monsieur Fermat négociant de Bordeaux, âgé de six mois et demi. »
Un nom d’une nourrice est précisé sur un seul acte le 17 décembre 1776 « Anne, fille de Vincent Jogeray et de Catherine Lager donné à nourrir à Jeanne Iquem du village de Queychac ».

Certains décès sont qualifiés de mort « subite » ou « imprévue » ou « soudaine », dans la majorité des cas le défunt n’a pas pu recevoir les derniers sacrements, la surprise de la mort excuse cette absence.

D’autres décès concernent des étrangers, cela ne signifie pas d’un pays étranger mais étranger à la Gironde parfois à la paroisse de Blanquefort, dont on ne connait pas toujours ni le nom ni le lieu de naissance : « le 8 aout 1765 le corps d’une nommée Jeannon étrangère qu’on dit être de la paroisse Saint Michel de Bordeaux décédée de hier d’une attaque de paralysie a été ensevelie au cimetière ».

Parfois les circonstances du décès sont décrites :

  • Le 14 octobre 1761, deux enfants Estienne et Catherine Nouzais, de 3 et 6 ans « ils avaient mangé des champignons en l’absence de leurs père et mère ».
  • Le 13 décembre 1763, Pierre Piget décède « d’une chute qu’il fit en démolissant le château ». S’agit-il de la forteresse de Blanquefort ?
  • Le 7 octobre 1764, un étranger décédé par accident « ayant été étouffé dans une cuve par l’odeur du vin ».
  • Le 6 janvier 1766, Jean Maugey « qui se noya en tendant ses filets à la Jalle ».
  • Le 8 mai 1770, Mathieu Martin boucher habitant de Macau mort « d’un accident par la chute d’un cheval ».

Les décès intervenant sur la voie publique ou de personnes habitant une autre commune nécessitent un procès-verbal délivré par la justice, « l’an 1788 le 16 d’avril d’après le procès-verbal fait par le sieur Houmeau lieutenant de juge qui constate le genre de mort du nommé Jean Ponçon âgé d’environ 74 ans et trouvé mort dans un fossé ».

Décès de quelques notables 

  • Louise Tartas, 53 ans, 17 juillet 1779, épouse de Pierre Berninet notaire royal,
    Antoine Berninet, 38 ans, le 17 novembre 1792, notaire royal, fils de Pierre et Louise Tartas.
  • Marguerite Bodin de St Laurent, le 6 janvier 1769, épouse de Claude Ange de Marraquier,
    André Ange de Marraquier, 44 ans, le 19 décembre 1772, fils de Claude Ange,
    Claude Ange de Marraquier, 90 ans, le 12 juin 1776, ancien conseiller à la cour des aides et finances de Guienne,
    Marguerite de Marraquier, le 19 avril 1788, fille de Claude Ange,
    Catherine de Marraquier, 60 ans, le 24 décembre 1792, fille de Claude Ange.
  • Jacques Lapeyronie, le 8 juillet 1771, maître chirurgien,
    Catherine Lambert, 70 ans, le 21 novembre 1782, veuve de Jacques Lapeyronie maître chirurgien,
    Marguerite Dumanes, 57 ans, le 20 avril 1789, épouse de Jacques Cazeneuve maître en chirurgie,
    Raimond Dubertrand, 72 ans, le 4 mai 1790, chirurgien.
  • Marie Thérèse Rouillard, 70 ans, le 22 octobre 1790, veuve de Bernard Dulamon négociant.
  • Bernard Dugarry, 72 ans, 11 septembre 1783, curé de l’église St Martin à Blanquefort.
  • Dodin Michel, le 12 septembre 1763, procureur de la juridiction de Blanquefort
    Guillaume Lataste, 80 ans, le 28 novembre 1790, procureur de la juridiction de Blanquefort
    Bertrand Laloubeyre, 56 ans, le 5 juin 1792, procureur de la juridiction de Blanquefort.

Texte de Martine Le Barazer à partir des registres paroissiaux de la commune de Blanquefort.

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