Les secrets de l’ancien cimetière 

Quels sont les secrets de l’ancien cimetière situé autrefois autour de l’église Saint-Pierre ? Les fouilles effectuées sur place depuis le 22 avril par le Service d’archéologie préventive de la CUB, que dirige Christophe Sireix, devraient pouvoir le dire avant l’été.

On sait déjà qu’une cinquantaine de sépultures datant du Moyen-âge (certainement à partir du 12e siècle) et de l’époque moderne (de la fin du 15e siècle à la fin du 18e siècle) ont été « repérées » sur le site comme l’indique Juliette Masson, archéologue médiéviste, qui dirige l’équipe travaillant sur place. Ces fouilles ayant été lancées dans le cadre du chantier d’aménagement de la place de l’église réalisé par la Ville et la CUB.

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Dans un premier temps, le SRA, Service régional de l’archéologie (État) a demandé un diagnostic. Des sondages ont eu lieu à partir d’octobre 2013. Puis, le rapport rédigé par Juliette Masson a montré qu’il y avait une forte probabilité de trouver des vestiges auprès de cette église qui présente des parties romanes, et où se trouvait autrefois un cimetière. Le SRA a donc décidé qu’il fallait creuser. Même si la découverte de sépultures près d’une église n’a rien de rare ni d’exceptionnel, ces recherches permettent d’en savoir plus sur les anciens rites funéraires, la position des squelettes, l’organisation des cimetières ou la mise en place des paroisses. « Chaque fouille apporte son lot de savoirs supplémentaires » se réjouit Juliette Masson.

Les squelettes datant de différentes époques ont été découverts à une profondeur de 25 centimètres, pour certains. Parfois, ils recoupent sur plusieurs niveaux. Ce sont ceux d’adultes et de défunts plus jeunes. Ils sont généralement bien conservés et « bien en place » dans leur tombe. Les sépultures se trouvent dans des « coffrages en pierre » ou bien dans des « contenants en bois » qui peuvent être soit des coffrages construits dans la terre soit des cercueils. Les archéologues ont trouvé aussi quelques objets : des épingles, une boucle de ceinture… Les éléments prélevés seront stockés dans les entrepôts du Service régional de l’archéologie. Ils pourront être exposés dans des musées si leur valeur le justifie. Les fouilles sont réalisées sur un périmètre d’environ 1 000 mètres² et sur une profondeur de 40 centimètres, uniquement sur l’emplacement du chantier.

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Une dizaine de personnes sont mobilisées par le service de la CUB. Une archéologue anthropologue, Hélène Reveillas, a été mandatée ainsi que des contractuels qui sont généralement d’anciens étudiants en archéologie.

Article du journal Sud-ouest du 10 mai 2014, p.22, Christine Morice.

 

Des panneaux d’information expliquaient au public le contexte et l’historique de l’opération archéologique.

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« Visite du chantier de fouilles préventives de l’ancien cimetière de Bruges, situé autour de l’église Saint Pierre de Bruges en mai, juin, juillet 2014, fouilles réalisées par le service d’archéologie de la CUB.

60 tombes dégagées environ. Entre le XIe et le XVe siècles, les corps étaient soit déposés directement dans la terre, ou enveloppés dans un linceul, ou déposés dans un coffrage de bois ou de pierre à fleur de sol recouvert d’une pierre non gravée ou dans un sarcophage.

Dans les tombes fouillées, les archéologues ont trouvé  peu d’objets quelques épingles en métal retenant un linceul, une fiole et quelques coquilles Saint Jacques.

En général la majorité des tombes sont orientées ouest-est. L’implantation de tombes très près du mur de l’église, et orientés dans l’axe nord-sud  pourraient indiquer une grande piété de la population choisissant d’être le plus près de l’église.

La présence de coquilles Saint Jacques indique que ces personnes ont fait le chemin de Saint-Jacques de Compostelle aller-retour.

Une visite effectuée en 1659 à l’église Saint-Pierre mentionne un « cimetière clos et fermé ». Le cimetière est aussi mentionné sur un cadastre du XIXe siècle au sud de l’église et sur le parvis, avant d’être déplace pour des raisons de salubrité.

Lors du diagnostic archéologique réalisé en 2013, plusieurs sépultures ont été observées. Au sud de l’église des sépultures en coffrage de bois  et des fragments de coffrage en pierre sûrement liés à une sépulture, ont été mis à jour  à 25 cm de profondeur.

Contre l’abside du chevet, au sud, de nombreux ossements humains ont été repérés et une sépulture visible dans un coffrage en pierre a été mise au jour à une profondeur de 75 cm.

Au pied du clocher, à l’ouest de l’église, les vestiges d’un coffrage en pierre, à 20 cm de profondeur, signalent une sépulture probablement encore en place.

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Ainsi le cimetière médiéval et moderne est en partie en place au sud, à l’est et à l’ouest de l’église, comme il est signalé dans le cadastre du XIXe siècle, et la fouille apportera davantage d’informations sur son étendue, son organisation, voire sur des phases d’occupations antérieures ».

Les fouilles terminées autour de l’église Saint-Pierre en juillet 2014.

166 sépultures ont été découvertes près de l'église Saint-Pierre de Bruges, lors des fouilles archéologiques opérées d'avril à juillet par l'équipe du Service d'archéologie préventive de la CUB que dirige Christophe Sireix. Le chantier avait été lancé dans le cadre du projet d'aménagement de la place de l'église mené par la municipalité.

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Un ancien cimetière : la grande majorité de ces tombes datent soit du Moyen-âge (certainement à partir du XIIème siècle), soit de l'époque moderne (entre la fin du XVe siècle et la fin du XVIIIe siècle) selon Juliette Masson, archéologue médiéviste qui a dirigé l'équipe sur place. Les ossements sont généralement en bon état de conservation et, parmi les défunts, toutes les générations sont représentées, du nouveau-né au vieillard.

La découverte la plus importante a eu lieu quelques jours avant la fin du chantier : les archéologues ont mis à jour deux tombes datant de l'époque mérovingienne (entre le V et le VIIe siècle). Ce n'est pas vraiment exceptionnel puisqu'une telle trouvaille a eu lieu récemment à Villenave-d'Ornon ou ailleurs, mais l'étude de ces vestiges intéresse tout particulièrement les chercheurs.

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Selon Hélène Réveillas, archéo-anthropologue qui a travaillé à Bruges, ces deux tombes ont été repérées grâce à leur « bâtière », un couvercle en pierre, en forme « de toit » affleurant à environ 40 centièmes de profondeur. Ils étaient placés chacun sur un sarcophage « trapézoïdal », se présentant lui-même d'un seul bloc taillé dans le calcaire. Ces tombeaux, très anciens, gisaient côte à côte, au sud de l'église Saint-Pierre. En fait, la découverte de ces sépultures n'est pas une surprise puisqu'un cimetière se trouvait autrefois près de cette église présentant des parties romanes. Ceci dit, rien ne prouve, selon Hélène Réveillas, que les deux sépultures d'époque mérovingienne aient été enfouies dans un cimetière. La jeune femme préfère parler d'un « espace funéraire ». « Nous étions alors en pleine campagne. On ignore aussi, si un lieu de culte se trouvait à cet endroit. »

Les éléments mis à jour ont été transportés au dépôt du Service régional d'archéologie de Pessac où se trouve une ostéothèque. Ils feront l'objet d'études portant notamment sur les rites funéraires, la mise en place des paroisses ou encore les pathologies pouvant être repérées sur les restes des défunts. On s'interroge aussi sur la présence de linceuls, de vêtements.

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Les archéologues ont trouvé deux coquilles Saint-Jacques percées dans deux tombes médiévales ainsi que des éléments laissant à penser que des pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle ont été inhumés là, avec leur canne.

Des épingles, une boucle de ceinture, des boutons en os et des fioles, des orcels [cruche, vase sacré ou bénitier], ayant certainement contenu de l'eau bénite ont également été prélevés à l'intérieur des différentes sépultures qui perdent, ainsi, un peu de leur mystère.

860 personnes dont des scolaires ont visité le chantier pendant les recherches.

 

Article du journal Sud-ouest du 19 juillet 2014, Christine Morice.  Photos fond privé C. Bret.