Les légendes du Médoc.

Contentons-nous de citer les légendes qui ont persisté en Médoc, comme ailleurs, qui ont laissé un souvenir tel que, notre imagination aidant, nous arrivons à nous demander si, à la base de ces légendes, il n'y avait pas quelque chose de vrai.

À Cantemerle, c'est un dragon qui sort, la nuit, dans le parc de l'ancien château.

À Blanquefort, c'est le diable qui protège les trésors enfouis et la « Dame Banche », Blanqua Bianca, qui hante les ruines dès que le jour fuit.

Au Breuil, image plus aimable, c'est « Dame Douce » qui se promène, dès les ténèbres, dans son ancien domaine. Ribadieu (Les châteaux de la Gironde) nous conte sa belle légende. Un jour, elle fut dérangée dans ses prières par le coassement des grenouilles se trouvant dans les douves du château. Malgré les supplications de « Dame Douce », les bestioles ne consentirent pas à arrêter leur concert. « Alors, se mettant dans une sainte colère, elle demanda à Dieu de les faire taire et, avec un geste de malédiction, elle jeta dans la Jalle sa petite pantoufle toute brodée d'or. Aussitôt, les grenouilles trépassèrent et les domestiques eurent, dit-on, un terrible travail pour retirer des fossés les corps de ces animaux. La paix ainsi rendue ne fut pas de longue durée, car, le jour même de la mort de la « douce dame », les grenouilles reprirent possession de leur aquatique domaine. »

Des trésors seraient enfouis en Médoc.

À Lesparre, un veau d'or, idole d'un temple consacré à Saturne, se trouverait « dans un cercle ayant pour centre la tour de l'honneur et pour rayon le vol d'un chapon, soit environ deux cent mètres ». Un radiesthésiste réputé en trouve quatre dans la même ville.

Il en existait d'autres : à Blanquefort, à Saint-Christoly, à Hourtin, à Pauillac, à Macau, à Talais, dans l'antique Ville de Brion, à Arcins, sous la motte féodale du Poujeau à Saint-Médard et même sous la tour de Cordouan.

Guy Dabadie, Histoire du Médoc, imprimerie Samie, Bordeaux, 1954, p.111.