La féminisation des lieux (rues et structures urbaines) 

Les noms de lieux, de rues par exemple ou de structures urbaines choisis pour honorer des personnalités, ont été généralement des noms d’hommes. Une prise de conscience récente pousse à féminiser ces nouvelles dénominations.

Cette tendance est nette à Paris, mais aussi dans nos communes.

Observation sur le très petit nombre de femmes mises en valeur : « C’est un phénomène national) : 9 % des rues en France portent un nom de femme. En 1997, Paris compte 6 088 rues parmi lesquelles 3 750 portaient le nom de personnages remarquables dont 111 noms de femmes. En 2011, 166 rues honorent le deuxième sexe. La parité progresse… Il faut aussi tenir compte des espaces verts, sportifs et culturels de la capitale. Simone de Beauvoir a eu sa passerelle, Marguerite Yourcenar sa bibliothèque, Joséphine Baker sa piscine, Barbara son allée, Lucie Aubrac son collège, Germaine Tillion sa bibliothèque, Marguerite Duras sa médiathèque… Les « scores » de Marseille, Lyon, Nantes oscillent entre 0,6 et 1,3 %... » (Mélina Gazsi, article du journal Le Monde du 15 mars 2011). La même journaliste attire à nouveau l’attention peu de temps après : « La mairie de Paris souhaite féminiser les dénominations de lieux, comme par exemple dans le tramway parisien T3 des Maréchaux, de la porte d’Ivry à la porte de la Chapelle, en accord avec le Syndicat des transports d’Ile-de-France (STIF) et la RATP. Ainsi, neufs futures stations (sur 25 : les noms des autres stations nouvelles évoqueront les sites traversés) porteront à partir de décembre 2012, les noms suivants : Maryse Bastié, Adrienne Bolland, Alexandra David-Niel, Marie de Miribel, Séverine, Rosa Parks, Colette Besson, Ella Fitzgerald et Delphine Seyrig, respectivement deux aviatrices, une exploratrice, une créatrice d’œuvres sociales, une écrivaine, une figure de l’antiracisme aux États-Unis, une athlète, une chanteuse de jazz et une actrice. Les deux dernières sont très connues, les autres un peu moins… mais elles le seront bientôt car elles feront partie du quotidien des voyageurs du tramway parisien. C’est le vent nouveau de l’égalité des sexes… Faut-il rappeler que dans le métro parisien, sur 301 stations, trois seulement portent un nom de femmes. Lesquelles ? À vous de chercher ». Extraits d’un article de Mélina Gazsi, (le Monde du 7.12.2011) un tramway nommé égalité.

Une évolution s’amorce en effet dans les communes. « Il est nécessaire de reconnaître le rôle et la place des femmes dans la société et de leur donner une vraie visibilité, si l’on veut faire avancer l’égalité » souligne une adjointe au maire de Paris (Le Monde du 15.03.2011).

Aux portes du Médoc :

Eysines vient de baptiser 3 rues de sa commune en octobre 2010 : Marie-Claude Vaillant-Couturier, Germaine Tillon et Charlotte Delbo.

Le 27 février 2013, une esplanade nommée « Paulette-Sauboua », nouvel espace public, a été baptisé du nom d'une jeune résistante eysinaise morte en déportation.

Le Taillan, à la même époque, nomme 4 rues en honorant 4 hommes… Vassily Kandinsky, Odilon Redon, Francisco Goya et Pierre Mendès-France.

Saint-Médard-en-Jalles baptise, en janvier 2012, un square à Magudas, du nom de celle qui fut directrice de l’école Carrié «  très engagée dans l’éducation populaire » Renée Monchany.

Blanquefort n’échappe pas à la règle : « Une seule femme, mise en valeur jusqu’en 2009 : notre héroïne nationale Jeanne d’Arc !

Mais depuis, Blanquefort devance Bruges et Le Bouscat par volonté politique ; en effet, le 30 mars 2009, la municipalité de Blanquefort introduit ainsi sa décision de nommer des femmes dans ses nouvelles rues : « Dénomination de nouvelles rues réalisées sur le territoire communal. Suite à la réalisation de nouvelles voies sur le territoire communal, il est nécessaire de les dénommer afin de permettre en particulier d’attribuer des adresses postales aux propriétés desservies par ces voies. Une réflexion a été engagée en vue de proposer des noms qui traduisent en particulier le souci d’une représentation équilibrée d’hommes et de femmes ».

D’où en 2009 les noms de :

- Rosa Bonheur (1822-1899), peintre née à Bordeaux,

- Jeanne Baret (1740-1807), première femme botaniste à faire le tour du monde,

- Anita Conti (1899-1997), première français océanographe, aventurière des mers,

- Rosa Luxembourg (1871-1919), militante et révolutionnaire allemande,

et en 2010, Antoinette Ochoa, Blanquefortaise humanitaire.

Blanquefort baptise sa nouvelle résidence Habitat Jeunes, du nom de Suzanne Lacore (1875-1975), en hommage à cette femme politique des années 1930, institutrice et sous-secrétaire d’Etat à la protection de l’enfance dans le gouvernement de Léon Blum. Elle a notamment institué les foyers de jeunes travailleurs. En cohérence avec la volonté politique de promouvoir la parité au quotidien, les bâtiments communaux dernièrement construits et certaines rues de la commune portent le nom de femmes emblématiques.

Au total, les femmes ont une place bien modeste dans les noms de rues : 4 % à Blanquefort (11 sur 254), 3 % à Bruges (6 sur 230), 2 % au Bouscat (4 sur 211) et à Parempuyre (2 sur 140), 1 % au Pian (1 sur 98) et à Saint-Aubin (1 sur 135), et 0 % à Ludon (0 sur 77) et au Taillan (0 sur 182). Pour mémoire, elles sont 4 % à Paris et 9 % en France. « Étude sur les noms de rues de Blanquefort et de sept communes », Henri Bret, 2011, 46 pages

Sur les féminisations des noms de rues et de structures, n’hésitez pas à nous les signaler.

Henri Bret.