La vie des habitants au Moyen-âge 

 

Quelles étaient les conditions de vie du peuple médocain à cette époque ?

La Guerre de Cent Ans provoqua des souffrances terribles. Tour à tour, Anglais et Français dévastèrent la campagne, tant pour les besoins de la guerre que pour donner libre cours à l'instinct sauvage des combattants.

Alain Chartier écrit dans l'Histoire de Charles VII : « Le lieutenant du Roy, comte de Clermont, tenait son armée au delà de la rivière de Garonne, ès pays de Médoc. Étaient en sa compagnie, le comte de Foix et le sire d'Albret, seigneur de Vertheuil. Lesquels se gouvernaient en telle manière que les courses qu'ils firent sur le pays, en prenant prisonniers, dissipant et gâtant les provisions et les substances de Anglais, tant vins, foins, avoines, bleds, que autres vins et nourritures. »

D'autre part, M. Boulerne nous donne quelques prix de denrées à cette époque : un pourceau, 20 sols ; une vache, 30 sols ; un mouton, 5 sols ; oie, chapon, poulet gros, 1 ou 3 ; une sarcelle ; 3 liards ; un beau lièvre, 14 liards ; un gros lièvre, 8 à 12 liards ; un petit lièvre, 3 liards ; tourterelles, 3 deniers ; une douzaine d'œufs, 2 deniers ; un boisseau de froment, 12 deniers.

Une terrible famine sévit au début du 15ème siècle, à tel point que, en Médoc, toutes les bêtes furent mangées et parfois même - détail horrible - des hommes.

Au sujet des confréries organisées dans la Guyenne à cette époque, Brutails écrit : « Lorsque les individus se réunissaient, quel que fut le but de leur groupement, ils s’organisaient en confréries. La confrérie était la forme naturelle de toutes les associations et, dans certaines contrées au moins, on n'en comprenait pas d'autres. Des tenanciers avaient-ils une censive collective, des propriétaires jouissaient-ils de droits d'usage sur un pacage commun, les uns et les autres constituaient une confrérie. Telle confrérie avait pour objet essentiel un règlement de police agricole.

D'autres, en grand nombre, n'étaient pas autre chose que la communauté d'habitants. Il en est généralement ainsi quand la confrérie porte le nom de la localité ou le vocable de l'église. »

Citons, comme exemples, celles de Saint-Médard-en-Jalles et de Gajac.

Par un acte du 19 septembre 1335, les habitants du Pian « reconnaissaient tenir en fief de Miramonde de Calhau, dame de Podensac, leurs terres, maisons, bois prés, landes, moulins, padouens, moyennant 30 livres bordelaises de rentes annuelles et deux hébergements par an, pendant une nuit et un jour pour douze hommes à pied, autant à cheval et même à l'égard d'une bête de charge. Pendant chaque hébergement, les habitants donneront un dîner et un souper. Ils fourniront le pain et les viandes ordinaires, savoir : pour le bouilli, de la chair de chevreau châtré, de cochon salé et des gélines (poules) pour le rôti ».

Rappelons les droits énormes qu'avaient les principaux seigneurs du Médoc : ceux de Lesparre et de Blanquefort, sur leurs vassaux. Résumons, toutefois, les hommages et les redevances. Tout nouveau vassal, avant de prendre possession de son fief, rendait foi et hommage au seigneur. Cette cérémonie comprenait deux actes distincts : l'hommage, par lequel le vassal se reconnaissait l'homme du seigneur et déclarait tenir son fief de lui et la foi, ou engagement à lui être fidèle.

L'acte d'hommage, étant personnel, devait être renouvelé à chaque mutation de fief. On distinguait deux sortes d'hommages :

- l'hommage simple ou ordinaire, comportant, pour le vassal, trois obligations : l'assistance dans les fonctions de justice, la soumission à la juridiction seigneuriale, le service militaire ou ost.

- l'hommage libre était semblable au précédent, sauf en ce qui concerne le service militaire, le vassal s'engageant à servir en personne envers et contre tous. La manière de prêter l'hommage comportait : de la part du vassal, la récitation d'une formule ; de la part du suzerain, une déclaration d'acceptation. Puis venait l'investiture, acte par lequel le suzerain mettait le vassal en possession de son fief (acte consistant en la remise symbolique d'une motte de terre).

Enfin, un écrit constatait l'accomplissement de cette cérémonie. Le suzerain pouvait confisquer le fief en cas de « félonie » du vassal. Quant à celui-ci, il pouvait prétendre relever d'un autre maître en cas de « désaveu ».

Guy Dabadie, Histoire du Médoc, imprimerie Samie, Bordeaux, 1954, p.56-59.