Moulin noir et moulin blanc 

La vie au bord de l’eau n’a pas toujours été un long fleuve tranquille.

Aujourd’hui, la Jalle et ses moulins sont des lieux de promenades estivales à pied et en vélo entre les communes du Taillan de Blanquefort et d’Eysines, reliées par des chemins et un nouveau pont qui enjambe la Jalle sur lequel les promeneurs peuvent se poser grâce au banc inclus dans ce dernier. Mais il y a plus de 300 ans, cette zone bucolique entre le moulin blanc et le moulin noir donnaient lieu à des conflits, l’été lorsque le débit était faible. C’est ainsi que le 10 juillet 1705, Bertrand Brouard, meunier de Plassan (moulin noir) porte plainte contre Jean Andron meunier de Landemoulin (moulin blanc) situé en amont. Il lui reproche de trop retenir l’eau par « des moyens prohibés de droit et de coutume » pour réduire l’activité de son moulin de Plassan. Chaque moulin avait une fonction particulière le moulin blanc pour le blé et le moulin noir pour le seigle, ils comportaient au moins deux meules. Périodiquement la partie tournante usée devait être soulevée à l’aide d’une potence, pour redonner du relief à l’aide d’un marteau spécial. Les meules étaient actionnées par des roues horizontales équipées de pales et reliées par un axe vertical. Ce système était bien adapté aux petites rivières. Un arbre, en bois, transmettait la rotation à la meule courante concave qui en tournant écrasait le grain. Puis, les techniques s’améliorent, les moulins s’équipent d’une bluterie, appareil qui sert à séparer la farine du son, et sous le Second-Empire nouvelle évolution avec les engrenages en fonte.

Cessation d’activité : à la fin du 19e siècle, les minoteries industrielles s’implantent à Bordeaux, les moulins à eau d’Eysines cessent leurs activités, cette partie de la commune devient un lieu de villégiature, de promenade de canotage de pêche de baignade et avec l’arrivée du tramway, une guinguette s’installe sur les bords de Jalle à proximité du moulin noir (références : « Mémoires en images d’Eysines » par M. Cognie et l’association Connaissance d’Eysines). Aujourd’hui cette zone est englobée dans le parc intercommunal des Jalles, le plus vaste espace naturel de l’agglomération bordelaise, véritable poumon vert de la CUB, cet espace naturel de 4 500 hectares au cœur de la ville doit son nom aux nombreuses jalles, ces petites rivières locales, qui le traversent, avec une place prépondérante dans les paysages.

Article et photo du journal Sud-ouest du 21 août 2013, Michel David.

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