Une génération perdue : conséquence démographique
Les dénombrements de population conservés dans les archives d’Eysines permettent d’établir les pyramides des âges qui donnent une image fidèle de la constitution de la population, en 1911.
À la veille de la première guerre mondiale, Eysines compte 2785 habitants. Les jeunes générations ne sont pas assez nombreuses pour assurer le remplacement des aînés. Cette tendance est générale en France à l’époque et met déjà en évidence le déclin démographique de notre pays de 39 millions d’habitants face à une Allemagne qui en compte 65. Mais elle semble plus accentuée ici. Plusieurs explications peuvent être avancées :
Pour éviter le morcellement des terres, les Eysinais pratiquaient une politique familiale malthusienne en limitant le nombre d’enfants. Ceci pourrait justifier le déficit des naissances.
La ligne de tramway du Vigean à Bordeaux inaugurée le 17 décembre 1893, puis prolongée jusqu’à ’Eysines, le chemin de fer de Lacanau commencent à donner à notre ville le rôle de « cité dortoir » ; nombreux sont déjà ceux qui, originaires d’autres régions, viennent résider à Eysines et vont travailler à Bordeaux. Il s’ensuit un gonflement des effectifs des générations adultes actives.
Eysines. La pyramide des âges en 1911.
Les classes les plus durement touchées par la Guerre sont celles nées entre 1891 et 1895 et âgées de 19 à 24 ans en 1914 ; elles comptaient 99 hommes en 1911, elles laissent 23 tués soit près du quart. Les classes nées de 1886 à 1890 (25 à 29 ans en 1914) perdent 33 morts sur un effectif de 171 soit près de un sur cinq.
Le déficit des naissances dans les années de guerre est nettement marqué.
Hommes |
Naissance |
Femmes |
I |
Av. 36 |
IIII |
IIIIII |
1836-40 |
IIIIIIIII |
IIIIIIII |
1841-45 |
IIIIIIIIIIIII |
IIIIIIIIIIIII |
1846-50 |
IIIIIIIIIIIIIIII |
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII |
1851-55 |
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII |
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII |
1856-60 |
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII |
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII |
1861-65 |
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII |
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII |
1866-70 |
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII |
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII |
1871-75 |
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII |
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII |
1876-80 |
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII |
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII |
1881-85 |
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII |
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII |
1886-90 |
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII |
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII |
1891-95 |
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII |
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII |
1896-00 |
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII |
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII |
1901-05 |
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII |
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII |
1906-10 |
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII |
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII |
1911-15 |
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII |
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII |
1916-21 |
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII |
Eysines. La pyramide des âges en 1921.
La population s’est accrue et compte 2826 habitants. La comparaison avec la pyramide des âges de 1911 montre nettement le déséquilibre entre les sexes dans les classes actives, résultat des pertes de la guerre. Alors qu’il n’y avait que 37 femmes de plus que d’hommes en 1911, il y en a 137 en 1921.
On compte 92 hommes nés entre 1891 et 1895 et 176 entre 1881 et 1890. À la différence de la situation démographique nationale, les classes des hommes tués ont été pratiquement reconstituées par des couples de nouveaux arrivants.
Recherches et Texte de Michel Baron.