Aladin Miqueau, maire d'Eysines

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La famille d’Aladin Miqueau

Ses arrière-grands-parents : Guillaume Miqueau (mort le 12 novembre 1791) et Marie Lauba vivent à Eysines.

Ses grands-parents : Etienne Miqueau (né le 20 mai 1806) et Marie Caudéran sont nés tous 2 à Eysines et y vivent ; Etienne est tout d’abord garçon boucher puis vigneron ; en 1806, à la naissance de son fils, il ne sait pas signer.

Ses parents : Etienne Miqueau (né le 23juillet 1808), jardinier, et Françoise Bosq (née le 28 janvier 1823 au Temple). Etienne achète diverses maisons et terres au cours de sa vie.
Aladin, de son vrai nom Léonard, naît le 15 novembre 1843 ; il se marie à Eysines avec Suzanne Meynard, le 12 octobre 1869 ; elle décède prématurément le 13 décembre 1878.
Sa fille Marie (Madeleine en famille) naît le 1 novembre 1871 ; elle se marie le 11 novembre 1893 avec Jean Lahary (maire d’Eysines de 1925 à 1935).
Suzanne Lahary, sa petite fille naît le 12 juillet 1895 ; Aladin Miqueau officie lors de son mariage avec Jean Salavert, le jeudi 16 mai 1918.

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Aladin Miqueau au centre, entouré de Madeleine et Jean Lahary (sa fille et son gendre) Suzanne et Jean Salavert (ses petits-enfants).

Aladin a un frère Jean né le 6 mars 1849 ; il se marie en 1871 avec Pétronille Durgeon ; deux enfants vont naître, Marguerite en 1872 puis Arnaud en avril 1874 ; la même année Pétronille décède ; Jean se retrouve veuf à 25 ans avec deux enfants très jeunes. Jean est aussi appelé Aimé ; son fils Arnaud a été maire du Taillan.

La maison du May du Merle

La maison, située aujourd’hui au 26, rue Aladin Miqueau, est acquise par Etienne, son père, entre 1857 et 1864 ; Etienne la transmet en indivis à ses deux fils ainsi que les 4 maisons, du 14 au 20 rue Aladin Miqueau (avant la rue Parmentier, en venant du centre d’Eysines et sur la droite), Etienne les acquiert à partir de 1850 ainsi que divers terrains.
En 1872, Etienne et Françoise Miqueau accueillent dans leur maison leur fils Jean et son épouse ; Aladin vit avec son épouse à une maison de distance.
En 1876, Jean est veuf et père de 2 enfants, il vit avec sa mère, veuve elle aussi. Aladin, son épouse et leur fille vivent dans la maison à côté.
A partir de 1881, toute la famille est regroupée : la maman Françoise, ses 2 fils veufs tous deux et leurs enfants. A la fin du XIXe- début XXe siècle, Jean quitte Eysines.

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Les propriétés

Aladin Miqueau hérite (en indivis avec son frère Jean) de leur père Etienne, de terres diverses et de maisons. Aladin Miqueau, tout comme son père, continue d’agrandir son domaine. Celui-ci s’étend autour de la maison du May du Merle et dans le marais ; il possède aussi d’autres terres dans le Bourg, dont des vignes.

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Cadastre de 1844 : le n° 1336, la maison du 26 rue Aladin Miqueau et ses annexes.

Le maire

Le 13 mai 1888, lors des élections du Conseil municipal, 14 candidats représentent le parti républicain. Aladin Miqueau obtient 330 voix, le suffrage le plus élevé ; le 5 juin, il est élu maire.
Il est réélu en 1892, 1896, 1900, 1904, 1908 et 1912. La guerre empêche les élections de 1916 ; il est donc maire jusqu’aux élections du 30 novembre 1919, soit 7 mandats consécutifs (31 ans).

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Signature d’Aladin Miqueau. Le L de Léonard est toujours présent devant Miqueau.

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La 1ère mairie d’Eysines, celle du temps d’Aladin Miqueau.

 

Aladin Miqueau participe à la vie communale. La Petite Gironde signale sa présence aux fêtes des écoles, à la « distribution des prix aux élèves des écoles communales de garçons et de filles, le maire M. Aladin Miqueau a prononcé une courte et paternelle allocution », aux fêtes locales, au « banquet annuel organisé par la société des fêtes du Vigean, M. Gaston Saux présidait avec à sa droite M. Aladin Miqueau », pour les fêtes de Carnaval etc.

Le monument aux morts de la guerre de 1870 est inauguré par A. Miqueau le 4 septembre 1910. Pour celui de la guerre de 1914, le conseil municipal du 7 septembre 1919, choisit son emplacement sur la place des écoles.

Un homme engagé  

Engagement politique : il est affilié au Comité républicain, et la Petite Gironde y fait souvent allusion : ainsi en 1892 : « le Comité républicain d’Eysines se réunira en assemblée générale. Cette réunion présentera un intérêt particulier… le succès éclatant remporté aux dernières élections municipales ».

En 1895 : « Lors de la réunion de mercredi à l’établissement Dufau, siège habituel du comité républicain, il a été décidé de soutenir la candidature de M. Marot, en faveur de qui s’est désisté Aladin Miqueau à qui la candidature avait été offerte. M. Miqueau pensait au soutien que M. Marot pourrait apporter, au conseil municipal de Bordeaux… »

Et les banquets républicains auxquels A. Miqueau assiste….

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Engagement syndical :en 1881, est créée l’Union syndicale des jardiniers maraîchers de la Gironde, A. Miqueau fait partie des 26 membres fondateurs. Il en est le vice-président de 1887 à 1897, puis président de 1901 à 1904. Ce syndicat a pour vocation de « sauvegarder les intérêts multiples de la corporation, en prenant les dispositions nécessaires pour hâter la solution des questions qui préoccupent à bon droit les jardiniers, au nombre desquelles il faut placer en première ligne : le marché de 1ère main, l’écoulement des produits maraîchers, le prix des engrais, etc. » (extraits des statuts de ce syndicat).

Un modernisateur

Les écoles : En 1889, l’école de garçons est transférée (elle se trouvait jusque-là dans une salle de la mairie) dans ses nouveaux locaux, place des écoles (actuellement place du Général de Gaulle). L’école avait une salle de classe, elle en a 3 désormais. Ainsi la mairie peut être plus à l’aise : la salle de classe devient salle de réunion et le logement du maître devient celui du garde-champêtre.

Le 18 novembre 1911, un devis d’électricité de Daurat et Miqueau du Taillan, pour des installations diverses à l’école des filles et des garçons s’élève à 139 francs.

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L’école des garçons.

Le tramway : le 18 décembre 1893, la première ligne de tramway électrique de l’agglomération est inaugurée par les notables locaux et le maire d’Eysines Aladin Miqueau. Elle relie Le Vigean à la barrière du Médoc. En 1894, cette ligne arrive place du 4 septembre pour desservir le bourg d’Eysines et faire la liaison avec la gare du chemin de fer de Lacanau.
Le 26 avril 1900 est inaugurée la ligne de Saint-Médard qui dessert Le Grand Louis et La Forêt.

Miqueau-TramwayLe tramway à la place du 4 septembre.

Le mardi 9 novembre 1915, une enquête d’utilité publique est ouverte, concernant la ligne Eysines/Le Taillan, mais cette ligne ne sera inaugurée qu’en mars 1925.

 

L’église et le presbytère : l’église est construite en 1857 ; en 1890, des réparations sont réalisées sur 16 gargouilles, des pierres d’entablement, des carreaux de la rosace et la pose des vitres de la rosace. En 1901, les travaux de consolidation de l’église coûtent 1 500 F.

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L’église et le presbytère.

 

Le presbytère est toujours place du IV septembre jusqu’en 1899 où le conseil municipal vote la construction d’un nouveau, il est achevé en 1901 et coûte cette année-là 17 562 francs.

Le téléphone : « en 1893, l’installation du téléphone est à l’ordre du jour. Les personnes qui souhaitent s’inscrire comme abonnés (50 fr par an) doivent envoyer leur adhésion à M. Miqueau, maire d’Eysines » et il sera là le 10 octobre 1894.

Les pompes à incendie : en 1892, un spectacle de gala suivi d’un bal, est donné par la Fanfare d’Eysines dans le but d’acheter une pompe à incendie… En août 1895, le conseil sur proposition du maire, A. Miqueau, vote une somme de 500 fr pour l’acquisition d’une pompe à incendie. Fin 1895, cette somme s’avère insuffisante pour l’achat des 3 pompes nécessaires : 1 pour le bourg, 1 pour le Vigean, 1 pour la Forêt et le Grand Louis ; une souscription est donc lancée auprès des habitants et confiée au garde champêtre Cerquin.

 

Aladin Miqueau pendant la guerre

Son mandat est aussi celui des années de guerre. A. Miqueau est le messager lorsqu’il rend visite aux familles des victimes.

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Il est sollicité, par la préfecture et le comité de ravitaillement de Margaux entre autres, par de nombreux courriers et télégrammes. Il y a au moins 30 lettres chaque année et encore plus de télégrammes ! Le maire remplit des questionnaires, des tableaux. Il défend sans arrêt les intérêts des Eysinais, en particulier en ce qui concerne le ravitaillement.

Ainsi, faisant suite à une demande du Service de réquisitions de Margaux, le maire informe la population : « A la date du 5 janvier 1916, monsieur le Maire procèdera à la réquisition générale des cuirs en poils frais ou salés de bœufs et de vaches existant à cette date et à venir chez tous les bouchers et négociants de sa commune. Le compte-rendu des quantités frais et salés et quantité par mois devra me parvenir avant le 12 janvier 1916 ».

La population répond promptement puisque, le 10 janvier 1916, le maire informe le président de la Commission n° 3 de Margaux : « pas de stock de cuirs - Doumeret : 2 par mois - Rebougeard : 2 par mois.

  • Un total de 4 sera fourni directement chaque mois à la maison Charmet à Bordeaux ».
    Le 2 février 1916, un télégramme du préfet demande : « 1/ le nombre de boulangers mobilisables se trouvant encore à l’heure actuelle dans votre commune en vertu du sursis d’appel 2/ si vous avez fait appel à des boulangers militaires du service auxiliaire et combien sont encore à votre disposition. » Suit la réponse du maire du 4 février : « aucun boulanger mobilisable, et pour le 2/ :  appel sans succès ».

En avril 1916, le préfet demande : « Faire connaître d’urgence les noms, prénoms, classe, bureau de recrutement des garde-champêtres et cantonniers de la commune qui ne sont pas absolument irremplaçables et peuvent être remis à disposition de l’autorité militaire ». Le maire répond le 17 avril 1916 : « Miqueau Bernard Eloi, classe 1898 Bordeaux, mobilisé - Claude Justin, classe 1906 Bordeaux, réformé gibbosité - Courbin Georges, classe 1880, a dépassé l’âge - Maire Jean, classe 1894, réformé myopie ».

Le 15 avril 1916, la préfecture demande des renseignements sur les femmes ; le maire répond le 3 mai : « 800 femmes en âge de travailler sur la commune, travaillent toutes, soit dans les cultures maraîchères, le blanchissage, les ménages et à la poudrerie » ; il précise donc que toutes les femmes travaillent et qu’aucune n’a refusé un travail.

Le 13 juillet 1916, du président de la Commission n° 3 de Margaux au maire : « Renseigner approximativement avant le 18 juillet courant la quantité en hectolitres de pommes de terre que votre commune pourrait avoir à la récolte prochaine ».

  • Réponse du 17 juillet 1916 : « Rien à fournir à la réquisition : les propriétaires d’Eysines vendant toutes leurs pommes de terre en primeur ».

Le 29 janvier 1917, le préfet écrit au maire : «… prescrivant en raison des besoins croissants de la défense nationale de réduire l’éclairage public des 2/3 de ce qu’il était dans le régime normal de l’hiver de 1913/1914… Or, je suis informé que nonobstant ces instructions l’éclairage public de votre commune, assuré par une usine à vapeur n’aurait pas été modifié… je vous invite à supprimer sans délai 15 lampes sur les 23 actuellement en service dans votre commune. Vous voudrez bien me rendre compte de l’exécution de cette mesure »

Le 8 février 1917, le maire répond : « ...j’ai l’honneur de vous informer que l’éclairage de la commune ne fonctionne actuellement que pendant 3 heures au lieu de 14, comme cela avait lieu dans le régime normal de 1914/1915 et que pendant l’été il n’était que d’une heure. Les lampes ne sont allumées que le soir au moment de la rentrée des maraîchers et des nombreux ouvriers venant de la poudrerie dont l’ensemble rend la circulation intense dans la rue du Bourg fort étroite.

L’éclairage actuel ne durant que 3 heures au lieu de 14 comme précédemment, donne, je crois, satisfaction aux prescriptions de votre lettre circulaire du 25 décembre 1916 sans qu’il soit nécessaire de supprimer un certain nombre de lampes. Néanmoins si les dispositions qui précèdent vous paraissent insuffisantes je suis prêt à accepter d’autres mesures qu’il vous plaira de m’indiquer. »

En 1917, ce sont 22 télégrammes : Le 6 avril 1917, à 20 h 30, du Préfet aux maires de l’arrondissement de Bordeaux : « Vous prie faire pavoiser monuments de votre commune aux couleurs américaines en honneur entrée en guerre grande République Etats-Unis. Arborer drapeau étoilé, notre nouvelle alliée à côté drapeau tricolore. Pavoisement durera 3 jours. »

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La plaque pour la guerre de 1914 et la statue du monument aux morts.                

 

Enfin, il intervient pour que le Dr Lapouble ne soit pas envoyé au front. A la séance du Conseil municipal de février 1916 « Monsieur le maire expose au conseil municipal que le docteur Lapouble, médecin à Eysines, a été mobilisé sur place au titre de major de l’hôpital temporaire numéro 48 mais qu’aujourd’hui il est sur le point d’être appelé sur le front des armées, où bon nombre de ses confrères l’ont précédé. Le conseil, estimant que la présence du docteur Lapouble est nécessaire à Eysines, où il a une nombreuse clientèle, en même temps qu’à l’hôpital temporaire, où se trouvent encore des soldats en traitement, demande instamment que ce docteur soit maintenu dans les mêmes conditions. »

En février 1916, le maire écrit 2 lettres au Préfet ; dans la 1ère il demande le maintien du Dr Lapouble à Eysines (il est de la classe 1898…). Dans la 2e lettre le maire insiste pour le maintien du Dr Lapouble à Eysines en précisant qu’il est aussi médecin chef (et seul médecin) à l’hôpital auxiliaire n° 48 du Haillan. La réponse du Préfet arrive en mars 16 : « J’ai demandé au général inspecteur que le Dr Lapouble reste à Eysines ; il sera maintenu jusqu’à ce qu’il soit désigné pour servir aux armées et il sera alors remplacé.» Mais une lettre du Service médical de Blanquefort au maire, toujours en mars 2016, annonce que : « … la direction du Service de Santé de Bordeaux a affecté au service de la population civile d’Eysines, du Haillan, du Taillan et de Bruges, le médecin auxiliaire Demptos en remplacement du Dr Lapouble désigné pour servir aux armées. »

Il décède dans la nuit du 3 décembre 1922, dans sa maison du May du Merle ; il a 79 ans. Les photographies des années 1920 nous le montrent souriant. Il fut certainement un homme heureux, jovial et sans aucun doute totalement dévoué à sa commune. Il est enterré à Eysines, dans le caveau Ferry-Miqueau. (Léonard Ferry est son oncle, le beau-frère de son père Etienne).

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Caveau Ferry-Miqueau au cimetière d’Eysines.

Texte extrait du blog de l’association Connaissance d’Eysines, 12 mars 2018, Elisabeth Roux et Marie-Hélène Guillemet.