Les cimetières d’Eysines

Pendant des siècles, comme dans toutes les paroisses de France, le cimetière d’Eysines s’étendait autour de l’église (place du 4 septembre). Afin de les placer sous la protection divine, chacun essayait de faire inhumer ses morts le plus près possible du saint édifice. Les plus fortunés, au prix d’un don aux œuvres de l’église, parvenaient même à obtenir une inhumation dans la nef. Les couches successives de sépultures avaient entraîné une surélévation du niveau du sol de plus d’un mètre et, pour entrer dans l’église, il fallait descendre quelques marches ; les tombes étaient si enchevêtrées qu’il était impossible de traverser le cimetière sans les piétiner.

Les voisins se plaignant des mauvaises odeurs et des risques d’épidémie. En 1833, M. Marchand, médecin des épidémies signale, dans un rapport au préfet, les ravages causés à Eysines par le choléra-morbus. La municipalité doit alors envisager d'éloigner le cimetière des habitations. Le problème à résoudre parait simple, même si son coût doit entraîner une imposition supplémentaire. Mais il va être compliqué par deux autres évènements : la ruine de l’église et les actions des habitants du village du Haillan en vue d’obtenir leur séparation d’Eysines.

Plusieurs implantations seront envisagées avant d’aboutir à la solution définitive.

Le premier emplacement retenu en 1845 est le communal de l’Allemagne, en bordure de l’avenue de la Pompe. Le préfet refuse cette solution pour des raisons de santé publique, mais le conseil municipal s’entête jusqu’en 1849.

M. Barrière offre gratuitement à la commune un terrain pour construire l’église et le cimetière et le logement gratuit du curé pendant 3 ans. Cette proposition est acceptée le 30 décembre 1850 par le conseil municipal qui marchande et obtient que le logement du curé soit porté à 7 ans !

Nouveau revirement en février 1852 : le cimetière et l’église seront implantés aux abords ouest de la nouvelle mairie ; des habitants protestent, le conseil maintient sa position… avant de revenir, en 1854, à la solution « Barrière ». Aucun de ces emplacements ne peut convenir à la préfecture qui, en application de la Loi, veut éloigner les cimetières des habitations présentes et futures.

Finalement, le 8 mars 1857, le conseil municipal accepte l’offre faite par la famille Ponson d’un terrain de 67 ares « à la Mission » pour 1400 francs. Les opposants ne parviennent pas à faire échouer ce projet ; en 1861 le préfet autorise le transfert du cimetière sur le terrain Ponson.

La croix de fer forgé de l’ancien cimetière est installée, elle veille sur un charnier où soixante-quinze tombereaux d’ossements ont été transférés. La croix du Sable, datée de 1542, termine son errance près de l’entrée après avoir connu l’avenue de la Pompe et l’avenue de la Libération.

À cette époque, Eysines comptait 2500 habitants. Le cimetière a donc dû être agrandi mais il ne peut plus satisfaire les besoins de la population…

Texte de Michel Baron.