L'église actuelle Saint Martin 

Historique de l’église actuelle : le jour de Pâques 1849, le curé d’Eysines lit le mandement du cardinal Donnet au sujet de la construction. En 1854, le préfet de la Gironde avait interdit toute cérémonie dans l’ancienne église située sur l’actuelle place du 4 Septembre ; il la jugeait en trop mauvais état. Les offices ont été célébrés dans le chai du docteur Barrière qui a donné à la commune le terrain pour bâtir la nouvelle église.

La commune est autorisée à emprunter 16 720 F pour la construction de la nouvelle église. Elle a été édifiée pour la plus grande partie en 1857. Cette construction suivant celle de l’ancienne mairie en 1842, entre les 2 villages, celui du bourg et celui de Lescombes, a donné à la commune son nouveau centre. Eysines n’était pas riche. Le maire, en 1857, était Jean Lalumière. Il décide de bâtir l’édifice en 2 temps : la nef sera construite en 1857 et bénie par le cardinal Donnet, archevêque de Bordeaux, à la fin octobre de la même année.

L’architecte Gustave Alaux (1816-1882) était marqué par l’influence de Viollet-le-Duc et du romantisme. L’église de style néo-gothique avec sa flèche élancée domine le site du bourg. Ses arcatures ogivales permettent un meilleur éclairage de la nef, qui est nettement plus vaste que celle de la vieille église. La lumière colorée par les vitraux inonde le chœur. Ils sont offerts par les notables et les sociétés de Secours Mutuel.

La deuxième tranche concernant le porche et le clocher fut achevée en février 1870. Le devis précise : « les murs extérieurs seront en pierre tendre de Lestiac et de Latresne, pour les angles, les contreforts et les jambages des ouvertures… Les remplissages en moellons crépis et blanchis au lait de chaux… La charpente sera exécutée en bon bois du nord, couvertes de tuiles plates de Gironde ». En fait, la construction a été faite à l’économie.

Un demi siècle plus tard en 1923, le maire, Raymond Renouil, attire l’attention du préfet sur l’état de l’église et l’architecte départemental, D. Gervais, rédige un rapport détaillé : « la toiture est en très mauvais état ; la charpente mal conçue menace ruine en certaines parties ; les contreforts insuffisants n’ont pas résistés à la poussée des voûtes et les murs se sont écartés ; il en est résulté des lézardes sur les murs et dans les remplissages des voûtes dont certaines menacent de s’effondrer » et impose l’utilisation de tirants métalliques. Il continue : « le clocher bien que de construction plus récente est lui aussi en très mauvais état car il a été fait de matériaux de qualité inférieure. Il semble que la reconstruction totale de la flèche s’imposera et peut-être aussi d’une partie du beffroi ». Il faudra 150 000 F à 200 000 F ! Le maire décide de limiter la réparation au strict nécessaire.

Les photos de l’époque corroborent le diagnostic : on constate la présence des fissures un peu partout. Le maire Jean Lahary, doit solliciter un emprunt : la charpente a été réparée ainsi que les voûtes. En 1932, les vitraux ont été remis en état.

Au conseil municipal du 13 avril 1947, il est promis des travaux au presbytère à M. Dugert, nouveau prêtre. Il est aussi question de dommages de guerre puisque la cure a été occupée. En 1955, on a installé le chauffage à infrarouge. M. le curé Dugert obtient avec sa collecte 275 000 F et demande une aide de 343 520 F à la commune.

Le 30 novembre 1957, M. Dugert demande une aide pour remplacer les orgues à tuyaux pour un orgue électrostatique de 900 000 F et c’est accepté. En 1958, est arrivé un orgue électrostatique. En 1969, il a fallu intervenir dans le clocher et refaire les installations électriques et l’éclairage. En 1970, on a réparé les murs extérieurs. En 1991, il faut à nouveau reprendre la charpente et rétablir la toiture dans son état originel de 1857 : les ardoises posées en 1928 ont été remplacées par des tuiles plates. Pour la flèche du clocher on utilise des matériaux de meilleure qualité comme la pierre de Rauzan.

vierge-polychrome

Vierge médiévale polychrome.

En octobre 1991, un appel d’offre est lancé. Les travaux sur le clocher avec restauration de la flèche, de la chambre des cloches et de la tourelle d’escalier, sont faits par les entreprises Errath, Eut et Cazenave pour 1 895 346 F. Les matériaux seront : pierre de Bourg et de Frontenac pour les parties exposées et gougeons inox scellés au plomb pour les colonnes et clochetons. La restauration de l’horloge et la pose d’un filet anti pigeons sont fait aussi. En 1993, J.P. Errath est le maître d’œuvre et dénonce : « Pour des raisons esthétiques et techniques, les poteaux creux ne doivent plus être réalisés… »

En 1999, enfin, un nouveau chantier a été nécessaire pour rénover le porche et le clocher devenus dangereux, remplacer les pierres malades, réparer les abat-sons et aménager un accès pour les handicapés. Courant 2007, l’intérieur de la nef va être ravalé. En 1955, M. le curé Dugert écrivait : « par ses dimensions et l’élégance de ses voûtes, l’église Saint-Martin est une des plus harmonieuses parmi celles de la région ». En 2007, l’église Saint Martin aura retrouvé toute sa splendeur !

Michel Cognie, mars 2006. Texte et photographie extraits du blog de l’association Connaissance d’Eysines.