Eau

L’eau 

Dans nos communes de l’entrée du Médoc, l’eau est un élément indispensable à la vie et à l’organisation humaine. Chaque commune est traversée d’ouest en est par des cours d’eau aux multiples noms ; des jalles plus ou moins importantes, des ruisseaux, des estey, des crastes et des berles, qui mènent à la Garonne. Les zones humides des palus alternent avec les marais des vallées des Jalles.

La jalle : est le nom commun gascon pour désigner un cours d'eau dans le médoc.
Le mot générique qui semble propre à la région pour désigner un cours d’eau d’une certaine importance est « jalle » sur lequel se sont formés de nombreux lieux-dits dès 1298 (« devert la Jale »), « entre deux Jalles » (1688), « la Jalle de Plassan » (1542) ou « la Jalle de Saulesse » (1542). Le nom déformé a vraisemblablement formé « Geles », dans le « Bois de Geles ». Le mot « jalle » peut venir du pré-indo-européen « cale, care ».
Texte issu d’Anne Cavignac, Les noms de lieux du canton de Blanquefort, 1968, 3 tomes. (longue explication des transformations du mot jalle p. 105-120).

Une craste : nom qui vient du gascon crasta, issu du latin castrum désigne, dans les Landes de Gascogne un fossé de drainage, généralement creusé dans le sable, aménagé pour assainir la Lande humide. En usage depuis des siècles, la craste se généralise au milieu du XIXe siècle afin de faciliter l’écoulement des eaux et rendre possible la mise en culture du pin maritime. Le terme est passé dans le vocabulaire régional courant.
Source Wikipedia

Une berle : nom gascon très répandu, désigne en forêt un vieux fossé.

Un estey : Sur les rives de la Gironde, de la Garonne et de la Dordogne, sur la côte du Bassin d’Arcachon, des cours d’eau se jettent en formant des esteys.
Ces esteys sont soumis au régime des marées, ils ont longtemps abrité de petits ports utilisés par les bateliers et les pêcheurs. Avec la disparition de la batellerie, ils ne sont plus fréquentés que par les pêcheurs et les plaisanciers.
Ce terme est à rapprocher de celui d’étier ou d’estier, le canal qui alimente les marais salants ou qui relie un lac et une rivière.
Pour certains auteurs, au nord de Bordeaux sur la rive gauche de la Garonne puis de la Gironde, ce terme n’est plus employé. Un examen attentif des cartes actuelles ou anciennes permet de démentir cette théorie.
Il y a d’abord l’Estey Crebat, exutoire des marais de Bordeaux entre Bacalan et la Jalle de Blanquefort que d’aucuns considèrent comme l’estuaire du Limancet.
Plus au nord, le plan cadastral de Pauillac (1825) nous livre les noms des esteys du Gart, de Padarnac, de la Verrerie et de Saint Lambert.
Entre Saint-Estèphe et Saint-Seurin de Cadourne on trouve l’Estey d’Un.
Admettons donc que le terme est plus fréquent en amont de Bordeaux, mais reconnaissons qu’il est également utilisé au nord.
Texte de Michel Baron

L'aqueduc du Thil

L'aqueduc a été mis en service le 15 août 1857. C'est un ouvrage en maçonnerie à écoulement par gravité constitué de moellons, de 12 km de longueur avec une pente de 0,112 mm par mètre. C'est un ouvrage souterrain, excepté lors du franchissement des jalles. À cet endroit, il forme un pont canal sur 76 m de long, dont la plus grande partie visible se trouve sur le territoire du Taillan.

 

Il achemine les eaux captées jusqu'à l'usine Paulin à Bordeaux, alimentant un réservoir de 13 000 m³, qui est le point d'alimentation du centre-ville le plus important. Sur son trajet, l'aqueduc traverse sept communes : Saint-Médard-en-Jalles, Le Taillan-Médoc, Le Haillan, Eysines, Bruges, Le Bouscat et Bordeaux. À l'origine, il y avait quatre sources captées : Le Thil à Saint-Médard, Bussac au Haillan, Bussaguet au Taillan et Cantinolle à Eysines. Depuis, des forages réalisés dans le même secteur sont venus compléter l'alimentation de l'aqueduc qui véhicule plus de 44 000 m³/j, soit environ 14% de l'alimentation en eau de la Communauté Urbaine de Bordeaux.

Les travaux de construction commencèrent en 1854. L'aménagement du site des sources du Thil et de Bussaguet ne se fit pas sans complications, les propriétaires refusant l'acquisition des terrains. Les adversaires les plus farouches furent les frères Albert et Pascal Tenet, propriétaires du domaine du Thil et du moulin, allant jusqu'à créer un marais à sangsues pour retarder la procédure d'expropriation.

Documents, Archives de la Lyonnaise des Eaux, procurés par Joël Reytier, Le Taillan-Médoc, hier, aujourd’hui, Point Info du Taillan, 2 000, p.136.

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L'aqueduc livré au regard

Le Thil parcourt 12 kilomètres pour venir alimenter en eau 14% de la population de l'agglomération. Son plus beau site vient d'être dégagé et mis en valeur.

Jean-Michel Ferrier a œuvré pour que l'aqueduc et son plan d'eau soit offert à la vue. Le résultat est appréciable. (Photo H.P.)

Chaque jour, des centaines d'automobilistes passaient devant, en empruntant la RN 215 qui traverse le bourg du Taillan, reliant Bordeaux au Médoc. Et peu se rendaient compte qu'ils rencontraient, à proximité du carrefour de Cantinolle, un aqueduc et son joli environnement. C'est en effet là que la jalle du Haillan/Saint-Médard se divise en deux (la jalle du Taillan au nord qui alimente Majolan, la jalle d'Eysines au sud), offrant alors un plan d'eau riche en espèces végétales, poissons, batraciens et oiseaux.

Ces dernières semaines, l'élu à l'environnement et à la forêt du Taillan-Médoc, Jean-Michel Ferrier, a demandé au syndicat gestionnaire des cours d'eau, le Sijalag, de dégager l'aqueduc et son plan d'eau de la végétation qui en dissimulait la vue. Ce fut fait, et l'image qui se présente aujourd'hui est celle du « pont-canal » long de 76 mètres, qui est la partie visible d'un ouvrage de 12 kilomètres, mis en service en août 1857.

En majorité souterrain. Hormis ce point de franchissement de la jalle, le Thil circule sur tout le parcours dans une conduite souterraine. L'ouvrage apporte l'eau de la source, située à Saint-Médard-en-Jalles, à Bordeaux. Un réservoir de 13 000 m³ constitue, au terminus, la station Paulin. Ainsi, 14 % de l'eau nécessaire à l'agglomération bordelaise provient de la source du Thil, à raison de 44 000 m³ qui circulent chaque jour sur l'aqueduc, traversant les communes de Saint-Médard, Le Taillan, Le Haillan, Eysines, Bruges, Le Bouscat et Bordeaux. L'acheminement se fait de manière naturelle, avec une déclivité constante de 11 centimètres par mètre.

Sangsues dissuasives. Ce qui coule de source aujourd'hui ne fut pas une affaire simple au milieu du XIXe siècle : plusieurs propriétaires s'opposèrent à l'acquisition de leurs terrains pour l'aménagement de l'ouvrage. Les adversaires les plus farouches furent les frères Albert et Pascal Tenet, propriétaires du domaine du Thil et de son moulin, qui créèrent un marais… à sangsues pour retarder les travaux (qui commencèrent en 1854), puis la mise en exploitation du site. Sources : Archives de la Lyonnaise des eaux/Ville du Taillan.

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 Hervé Pons. Article du journal Sud-ouest du 11 août 2012.