La commune de Ludon au XIXe siècle

 

L’ordre va renaître peu à peu dans la commune comme dans le pays, mais la tâche à accomplir est immense. Les chemins n'existent plus, les bâtiments communaux ont été vendus et le grand communal, inondé par les eaux la plus grande partie de l'année, est à l'abandon. Pour compléter cette déplorable situation, les finances sont à sec, la commune n'a aucun revenu. Seul le bureau de la charité a pu conserver quelques-unes de ses prairies. Nous verrons comment, au cours du siècle qui s'ouvre, la commune de Ludon a su reconstituer ses biens immobiliers, aménager magnifiquement son communal avec l'aide du syndicat des marais et rétablir ses finances pour devenir, en moins de cent ans, une des communes les plus prospères du Médoc.

An XI. 26 germinal (1803) . Par arrêté du gouvernement de la République du 7 ventôse, les conseils municipaux doivent délibérer pour les dispositions à prendre :

1° Pour l'acquisition, location ou réparation du bâtiment destiné au culte ;
2° Pour l'établissement ou la réparation du presbytère.

Le conseil de Ludon arrête que la toiture et la charpente de l'église nécessitent des réparations urgentes. De plus, la maison curiale ayant été vendue par l'administration départementale, le conseil ne connaît d'autre moyen d'y pourvoir que par location.

Budget communal

Recettes : 

Centimes additionnels aux contributions foncières, mobilières et somptuaires Fr. 417,20
20 centimes du produit des patentes 14,90
Ferme du Bas-Coulon 400
Coupe d'œuvre d'aubier au communal 12

Total : 844,10

Dépenses :

Contribution foncière des biens communaux Fr. 91,21
Abonnement au Bulletin des lois 6
Registre de l'état civil 31,90
Frais du bureau, bois, lumière à la mairie 170
Entretien de l'horloge et bâtiments publics 86
Garde-champêtre 500
Dépenses imprévues 25

Total : 910,11

An XII. 28 floréal (18 mal 1804). Napoléon 1er est proclamé empereur.

Le 22 fructidor (9 septembre 1805), le gouvernement impérial décide de reprendre le calendrier grégorien qui fut officiellement rétabli le 1er janvier 1806.

1806. Le 27 avril, le conseil municipal de Bordeaux présente à l'Empereur, au château de Saint-Cloud, l'hommage des Bordelais. Il informe Sa Majesté que la ville à l'intention de lui élever une statue sur sa plus belle place (place de la Bourse) et la supplie de lui faire l'honneur de la visiter. Napoléon répondit très sagement qu'il n'accepterait le monument que lorsque les circonstances auraient permis au commerce de cette intéressante ville de recouvrer son ancienne prospérité. Il promit par ailleurs de venir à Bordeaux très promptement.

- Le 4 mai, en exécution de la circulaire du Préfet relative à l'établissement du cadastre, le citoyen Pierre Dévigne, dit Chin, est désigné comme indicateur à l'arpenteur-géomètre.

- Le 30 mai, procès-verbal communal mentionnant que la limite ouest entre Ludon et Le Pian est formée par l'ancien chemin de Bordeaux qui conduit jusqu'au fossé nommé la Palanquette.

1808. Le 23 février, S.A.I. Joseph Murat, grand duc de Berg et beau-frère de l'Empereur, passe incognito à Bordeaux pour se rendre en Espagne prendre le commandement des troupes affectées à la péninsule. L'Empereur paraissait devoir le suivre incessamment. Le maire de Bordeaux, Lafaurie de Monbadon, n'hésita plus à organiser une garde d'honneur composée d'une compagnie à cheval et de deux à pied ayant chacune un effectif de soixante hommes. On créa également un corps de musique de trente-cinq exécutants.

- Le 2 avril à midi, Napoléon quitta Paris dans sa berline à huit chevaux, précédé ou suivi de trente-six autres voitures attelées, de cinq piqueurs, quatre guides et vingt-deux courriers montés. Il s'arrêta à Orléans vers minuit. Le 3 avril, il déjeune à Amboise à 10 heures, traverse Tours à 12 heures 30 sans s'arrêter. Le 4 avril, il traverse Angoulême à 8 heures, arrive à midi à Barbezieux où il se repose quelques instants à l'hôtel de la Boule d'Or, y mange deux œufs à la coque et repart après avoir reçu les autorités. Il pénétra dans le département de la Gironde, par la commune de Laruscade, vers quatre heures de l'après-midi et arriva à Cubzac à six heures du soir. Bordeaux, cependant, s'affairait. On prépara l'appartement d'honneur de la préfecture (hôtel de ville actuel). Des gardes, postés à La Bastide, devaient faire partir des fusées-signaux pour annoncer le cortège. La garde d'honneur et une foule immense garnissaient les bords de la rivière. Enfin, après une longue attente, on apprit que l'Empereur ne serait là que le lendemain matin. Tout le monde se retira, déçu, et il ne restait plus sur le quai qu'une partie de la garde d'honneur lorsque Napoléon arriva dans sa voiture de voyage. Il était huit heures du soir ; Sa Majesté daigna faire annoncer que, le lendemain à midi, elle recevrait les autorités. Napoléon séjourna à Bordeaux du 5 au 13 avril. Il partit pour Bayonne

à trois heures du matin. La garde d'honneur à cheval l'escorta jusqu'à Castres, premier relais. Pendant son séjour à Bordeaux, l'Empereur avait donné à la garde d'honneur un véritable témoignage de confiance en lui laissant exclusivement le service de son palais et le soin de l'escorter à ses sorties. L'Impératrice Joséphine était venue rejoindre l'Empereur à Bordeaux le 10 avril ; elle y demeura quelques jours après lui et partit pour Bayonne le 26.

- Le 25 avril, l'hôtel de la Préfecture (Palais de Rohan) est érigé en Palais impérial. Lafaurie de Monbadon en est nommé gouverneur, L'hôtel Saige, cours du Chapeau-Rouge, devait devenir la nouvelle préfecture de la Gironde en août 1809.

- Le 8 mai, le conseil décide : 1° de mettre des barrières au communal à la gorge du Coulon, à Larique, à l'entrée du communal ; 2° défense est faite à tous les propriétaires de bestiaux de conduire et de faire pacager aucune espèce de bétail sur les chemins ni même sur les rontaux ; 3° la création d'un garde-champêtre.

1809. Le 12 mai, le conseil accepte le devis pour la réparation du clocher, se montant à la somme de 600 francs et décide de faire commencer les travaux sans tarder.

1810. Le 19 janvier, le passage des troupes qui se rendaient en Espagne fut, pour le département de la Gironde, une cause de gêne considérable, tant pour le logement que pour l'entretien des hommes et surtout des chevaux. Les réquisitions de fourrage, foin et paille, deviennent de plus en plus fréquentes, de nombreuses troupes de cavalerie traversant le département. C'est une véritable lutte entre les communes et le Préfet. Ce dernier, tout en reconnaissant la charge écrasante qu'il impose, envoie aux maires des circulaires de plus en plus pressantes, avec menace de sanction. Voici cette mise en demeure : « Le magasin des fourrages de Bordeaux est entièrement dépourvu par la coupable négligence des communes à satisfaire aux réquisitions. Cependant, une cavalerie nombreuse arrive et le premier devoir et le plus grand intérêt est d'assurer sa subsistance. Faute par votre commune de satisfaire strictement à cette disposition, elle encourra toute la responsabilité du malheur qu'entraînerait le défaut de subsistance de l'armée. Le militaire porteur de la présente a ordre de rester dans votre commune jusqu'à ce que les fournitures soient effectuées. Vous voudrez bien pourvoir aux frais de sa subsistance. J'ai l'honneur de vous saluer. Signé le Préfet de la Gironde, baron d'empire. »

Trois cent cinquante mille hommes composaient la grande armée qui passa en Espagne en quelques mois, sans compter les chevaux de la cavalerie, de l'artillerie et des innombrables voitures et fourgons. Les chemins, en très mauvais état, devinrent, en certains endroits, des précipices effrayants. Napoléon fit faire un effort gigantesque à ses ingénieurs pour rendre ces routes praticables. Les énormes pavés de la route de Langon à Roquefort et Mont-de-Marsan, qui ont vu passer les troupes impériales, existaient encore il y a quelques années.

- Le 26 juin, l'Empereur signe le décret ordonnant la construction d'un pont sur la Garonne à Bordeaux. La première pierre en fut posée le 6 décembre 1812.

1813. La retraite de Russie avait porté un coup mortel à la puissance de Napoléon. Malgré les succès de l'immortelle campagne de France, en 1814, l'Empire ne pouvait que succomber. Le 5 mars 1814, Napoléon proclama la levée en masse et l'insurrection nationale. Il était trop tard, il abdiquait le 18 avril à Fontainebleau.

1814. Le 13 mars, la population de Bordeaux était, dans sa généralité, dévouée à l'Empire, mais il s'y était formé cependant, depuis longtemps, un foyer d'opposition. Le duc d'Angoulême avait débarqué à Saint-Jean-de-Luz et essayait de relever le drapeau de l'ancienne monarchie en suivant l'armée de Wellington qui poussait le maréchal Soult vers Toulouse. Le maire de Bordeaux, M. Lynch, ayant appris ces nouvelles, avait concerté l'envoi d'une députation au général anglais pour solliciter l'occupation de Bordeaux par les troupes anglaises que le duc d'Angoulême accompagnerait. Les Anglais occupèrent Bordeaux le 12 mars, mais, malgré les démonstrations du duc d'Angoulême et du maire Lynch, cet événement n'eut aucune influence sur le rétablissement des Bourbons, comme les Bordelais ont voulu le faire croire sous la Restauration.

- Le 3 mai, le roi Louis XVIII fait son entrée officielle à Paris. C'est la Restauration, le retour des Bourbons et de l'ancien régime. Les émigrés rentrèrent en France sans avoir rien oublié et sans avoir rien appris. À Ludon, nécessairement le Seigneur d'Agassac retrouve son rang.

1815. Le 1er mars, Napoléon débarque au golfe Juan. Ce sont les Cent Jours.

- Le 1er avril, après avoir essayé pendant plusieurs jours de maintenir Bordeaux sous l'obéissance royale, la Duchesse d'Angoulême s'embarque à Pauillac pour l'Angleterre. Au moment de quitter le sol de France, elle saisit son panache et le livra à la foule de ses fidèles serviteurs. Elle était accompagnée de MM. de Montmorency et d'Agoult et de la Duchesse de Damas.

- Le 16 juin, bataille de Waterloo.

- Le 8 juillet, retour de Louis XVIII aux Tuileries.

- Le 3 novembre, le maire Brousse étant mort, le baron Pierre de Pomies l'avait remplacé. Le 3 novembre, il présenta le compte administratif de son prédécesseur. Dans son projet de budget de 1816, il est à remarquer que feu M. Brousse faisait faire le travail par ses enfants, se contentant de 120 francs par an, mais, avec le nouveau maire, il fallut un greffier. De plus, le conseil reconnut l'avantage qu'il y aurait à avoir un logement fixe et permanent pour tenir les séances d'administration et déposer les archives. Il y a donc lieu de penser que, jusqu'alors, les séances du conseil se tenaient au domicile du maire. On loua une chambre pour la mairie au sieur Devigne.

1816. Le 15 février, première taxe établie pour le communal pour remédier au manque de ressources de la commune : 1 franc par tête de vache ou de cheval, 15 centimes par tête de brebis.

- Le 8 juillet, payé au sieur Trivié fils 35 francs pour poudre et plomb par lui fournis pour les chasses au loup ordonnées.

- Le 24 septembre, payé au sieur Sabourin Jean, joueur de violon, 8 francs pour le bal de la Saint-Louis (ce Jean Sabourin eut comme fils Barthélémy, né à Ludon le 8 avril 1817, qui est porté comme tailleur d'habits, mais fut violoneux comme son père et tenait en même temps auberge. Il épousa Mlle Lafont-Rochet le 16 juin 1847. Leur fille, Camille, née à Ludon le 16 mai 1851, épousa, le 14 février 1876, Charles, Auguste, Honoré Terlet, né à Chevy (Aisne) le 22 janvier 1841. M. TerIet était sous-chef de musique au régiment de Bordeaux. Son mariage ne fit que confirmer la vocation des deux familles pour la musique. Ludon leur doit tout pour l'éducation des jeunes musiciens et le développement du goût musical. M. Terlet fonda la Fanfare municipale et la dirigea jusqu'à sa mort. Son fils aîné, Charles, lui succéda, aidé par son frère. Ce dernier, Étienne, né le 22 novembre 1879, est actuellement le chef à Ludon de cette famille de musiciens. Son fils, Jean, né le 22 juillet 1907, excellent artiste lui-même, continue la tradition ancestrale dans les fonctions de chef d'orchestre à Ludon).

1819. Le 6 mai, M. Godefroy Labarthe, ancien chirurgien, aide-major des armées d'Espagne, signe pour la première fois au registre communal.

1820. En novembre, mort de M. Desmirail-Fontarreau, maire de Ludon. Le chevalier Daudebar de Ferrussac fut nommé maire à sa place quelques mois plus tard. La population de Ludon, en 1820, est de 954 habitants.

1821. Le 21 mai, délibération sur la discussion qui existe entre Jean Diet et Doumeret, bouchers. Chacun aura désormais le droit de tenir un troupeau de 30 à 40 moutons sur le communal, mais ces moutons seront destinés exclusivement à la consommation de la commune. Ils ne pourront être vendus vivants.

- Le 14 août, l'église de Ludon avait été cambriolée et dépouillée de ses vases sacrés. Le maire de Ludon reçut la lettre suivante : Paris, le 14 août 1822. Le Secrétaire des commandements et Trésorier général de Son Altesse Royale, Madame Duchesse d'Angoulême, à Monsieur le maire de Ludon. J'ai l'honneur de vous annoncer que Son Altesse Royale, Madame Duchesse d'Angoulême, vient de me donner l'ordre de vous faire passer une somme de trois cents francs pour l'église de Ludon qui vient d'être dépouillée de ses vases sacrés. Cette somme vous sera remise, Monsieur, par monsieur le Directeur de la poste aux lettres de votre résidence, chez lequel je vous invite à la faire retirer. Recevez, Monsieur, l'assurance de mes sentiments distingués. Signé : Th. Charles. »

- Le 20 août, le chevalier d'Audebard de Ferrussac reçut la nouvelle lettre suivante : « J'ai l'honneur de vous envoyer, Monsieur le Comte, un mandat de 150 francs que Madame la Duchesse de Berry a bien voulu accorder à la commune de Ludon dont l'église a été dépouillée de tous ses vases sacrés. Son Altesse Royale regrette beaucoup de ne pouvoir contribuer d'une manière plus efficace à réparer la perte que ces sacrilèges ont fait éprouver à cette commune. J'ai l'honneur d'être, avec une très parfaite considération, Monsieur le Comte, votre très humble et très obéissant serviteur. Signé : du Vantouelle. »

Le curé de Ludon acheta un ciboire avec ces donations et Pierre Laroza offrit un calice.

- Le 24 octobre, le baron de Pomies, après avoir gagné deux procès contre la commune de Ludon, n'avait pas voulu conserver les fonctions de maire qu'on lui avait offertes à la Restauration. Il demeurait, comme l'avait été sa mère avant la Révolution, toujours distant et éloigné de la population. Le chevalier d'Audebard de Ferrussac, devenu maire de Ludon, eut pas mal de difficultés à résoudre avec lui. Dans une lettre au Préfet du 24 octobre 1822, il se plaint des agissements de M. de Pomies qui avait obstrué un chemin communal menant au grand Vergey en faisant curer ses fossés. M. de Pomies réagit fortement et menaça le maire de toutes les foudres de la justice. M. de Ferrussac, dans une lettre du 27 janvier 1823, répondit spirituellement : « Monsieur, vous devriez me plaindre plutôt que de me blâmer, lorsque je suis obligé de vous causer quelques inquiétudes... », mais il tint bon et le Seigneur d'Agassac fut obligé de céder.

1824. Le 16 septembre, mort du roi Louis XVIII à Paris. Avènement de Charles X.

- Le 21 octobre, testament de Pierre Laroza, cultivateur, demeurant au village de Lafon.

« Je donne et lègue aux pauvres de la commune de Ludon une prairie que je possède sur la palus de Ludon appelée « le barrail du Beou Nègre ». Je veux que, sur les revenus de cette prairie, il soit prélevé annuellement une somme suffisante qui sera payée à monsieur le Curé de Ludon pour un service et une messe haute de requiem que j'entends être chantée chaque année le jour qui correspondra à celui de mon décès et ce à perpétuité.»

- Le 12 novembre, transaction entre la dame Marie O'Byrne, veuve de M. Jean Burke, propriétaire des biens immeubles situés au lieu du Bourdieu du Prat, et la commune de Ludon. La commune prétendait avoir le droit de padouentage pendant les herbes mortes sur certaines prairies de la propriété Burke, qui avait appartenu autrefois au ci-devant seigneur de Ludon.

Vers l'année 1805, M. Burke fit enclore certaines pièces pour empêcher cet usage du droit de pâturage. La commune intenta une action et, en 1807, fut rendu un jugement où M. Burke fut condamné par défaut. Ce dernier fit opposition et la cause resta en cet état auprès de la Cour de Bordeaux et jamais les parties n'ont poursuivi. Depuis, Mme Burke, devenue veuve, accepta comme bien fondé le point de vue de la commune, mais demanda à racheter le droit de padouentage réclamé par ladite commune.

Le 12 novembre 1825, après de longs pourparlers dans lesquels le maire d'Audebard de Ferrussac fit preuve d'esprit de conciliation et de persuasion, la transaction suivante fut signée entre les parties : Mme Burke payait à la commune la somme de quatre mille cinq cent cinquante francs d'indemnité et la commune renonçait à tout droit de padouentage sur les domaines de ladite dame.

1830. Le 21 mars, M. Castéra est nommé maire de Ludon, en remplacement du chevalier d'Audebard de Ferrussac, décédé.

- Le 7 août, la Préfecture annonce l'abdication du roi Charles X. Elle ordonne la réorganisation de la garde nationale. L'année prendra la cocarde tricolore et le drapeau tricolore sera arboré sur tous les édifices publics.

- Le 13 août, Sa Majesté Louis-Philippe 1er, roi des Français, accepte la charte constitutionnelle en séance de la Chambre des députés. Les fonctionnaires devront prêter le serment ainsi conçu : « Je jure fidélité au Roi des Français, obéissance à la charte constitutionnelle et aux lois du royaume. » Une circulaire préfectorale ordonna que les fleurs de lis soient enlevées de tous les monuments et objets consacrés au culte, « en prenant les précautions nécessaires pour éviter tout ce qui ressemblerait à la violence dans une opération étrangère à l'esprit de parti ».

1831. Le 9 janvier, la commission syndicale des marais était constituée depuis 1828, par ordonnance royale ; elle était composée de MM. Dudevant, président ; Castéra, maire ; Vignoles, Prélat et Ducos. Un de ses premiers actes fut une transaction avec la commune de Ludon par laquelle la commission syndicale dégage la commune, moyennant la somme de 12 000 francs, de tous les frais de création du canal de desséchement des marais et de toutes indemnités pour achat des terrains.

- Le 28 juillet, M. Castéra, maire de Ludon, est révoqué. On sait que M. Castéra était propriétaire du château d'Agassac et, en même temps, le gendre de M. de Pomies, décédé.

- Le même jour, arrêté préfectoral nommant M. Godfroy Labarthe maire de Ludon.

- Le 20 novembre, transaction entre la commune et le syndicat des marais suivant laquelle la commune demeure propriétaire du terrain qui forme la préceinte de la partie de la jalle qui longe le communal. Le conseil décide la plantation d'aubiers sur cette nouvelle préceinte.

1832. Le 26 février, le conseil décide d'acheter quelques parcelles de prairies pour faciliter l'accès du grand communal à la prairie de la Rote et, pour se procurer les ressources nécessaires, la commune vendra quinze journaux environ de lande qu'elle possède au lieu appelé « l'Écu de Bessan » et qui ne lui sont d'aucune utilité.

- Le 23 avril, apparition du choléra morbus dans la contrée. Le conseil vote 500 francs pour l'assainissement des habitations de la classe indigente.

- Le 20 décembre, la commune donne 250 francs par an à l'instituteur plus le logement. Chaque élève paiera pour lire seulement 1 F. 25 par mois, et pour le reste de ce que peut apprendre un instituteur, 3 francs par mois. Le scolaire chantait au lutrin, accompagnait le curé dans ses visites aux malades, exerçait les fonctions de sacristain et faisait la classe. Le conseil décide la réparation de la voûte du sanctuaire devant le grand autel.

1835. Le 7 août, la maison achetée comme presbytère présentant des incommodités est affectée au local de la mairie et au logement de l'instituteur ; le conseil décide l'achat de l'immeuble Caboy comme maison curiale, avec jardin et vignes, pour 5 650 francs, suivant estimation de Dominique Bracassac et Joseph Sabourin, maçons. Cette maison était l'ancienne demeure du chirurgien Saubolle. C'est la cure actuelle.

- Le 9 août, achat d'une horloge (450 francs), en remplacement de l'ancienne, hors d'usage par vétusté. Depuis qu'il a fallu céder à l'instituteur primaire le local affecté aux réunions du conseil, il faut se contenter, pour la mairie, de location précaire. Le conseil accepte volontiers l'offre de M. le Desservant de céder une partie du presbytère pour établir une salle commune.

- Le 18 octobre, le sieur Giraudin, instituteur privé à Cussac, est choisi comme instituteur primaire à Ludon.

1841. Le 23 avril, M. Richier Claude, François, Marcel, est élu maire de Ludon, en remplacement de M. Castéra, décédé. M. Richier était propriétaire du château d'Agassac et gendre de M. Castéra. Il était donc le descendant direct, par les femmes, du dernier des seigneurs d'Agassac, Pierre de Pomies, décédé en 1826. Il devait être député à l'Assemblée nationale en 1871.

1842. Le 28 février, Christophe Doumeret est nommé garde-champêtre en remplacement de Raymond Labadie, décédé.

- Le 23 mai, achat d'un brancard pour porter les morts. Quatre porteurs sont nommés par arrêté municipal.

- Le 3 décembre, l'adjudication pour le droit de pêche des sangsues dans le grand communal est prononcée au profit de François Béchade, à Blanquefort, pour 505 francs. L'adjudicataire s'engage à avoir toujours un dépôt de 100 sangsues à la disposition des habitants de Ludon à 10 centimes pièce.

- Le 9 novembre, le conseil donne un avis défavorable non urgent au projet de classement d'un chemin de grande communication de Bordeaux à Labarde par les palus.

1847. Le 23 février, achat de l'immeuble Bart pour 7 356 francs et vente de la maison d'école actuelle, insuffisante et malsaine. L'immeuble Bart est la mairie actuelle. Le conseil municipal allait pouvoir enfin délibérer dans un cadre digne de la commune.

1848. En février, le roi Louis-Philippe prend le chemin de l'exil. La République est proclamée à Paris.

- Le 19 décembre, cantonnement de la Rote. M. Joseph Guilhem, propriétaire, demeurant à Bordeaux, 12, rue Désirade, avait acquis la Rote des héritiers Hazera, le 8 juin 1837. Il écrivit au maire de Ludon, le 15 mai 1846, pour lui exprimer le désir de racheter la servitude dont était frappée sa propriété de la Rote vis-à-vis de la commune ou d'abandonner à cette dernière une partie du fonds en pleine propriété. Les experts furent nommés pour estimer l'importance du droit de la commune et, par jugement du 19 décembre 1848, le Tribunal de première instance de Bordeaux, attendu qu'il ne s'éleva aucune critique, soit de la part de Guilhem, soit de la part de la commune de Ludon contre les appréciations contenues dans le travail des experts, dit et déclare « que le droit au profit de la commune de Ludon de faire pacager pendant les herbes mortes sur la prairie de la Rote, appartenant au sieur Guilhem, d'une étendue totale de 31 hectares 35 centiares, est et demeure cantonnée en la quantité de 9 hectares, 30 ares, 4 centiares de fonds de la dite prairie, laquelle quantité de fonds est attribuée en pleine propriété à ladite commune, pour en jouir et disposer à sa volonté, moyennant quoi il déclare entièrement libres et affranchis du droit de pacage sur les herbes mortes les 21 hectares, 70 ares, 31 centiares formant le surplus de la dite prairie ; dit et ordonne que la partie abandonnée à la commune de Ludon sera prise dans la région nord de cette prairie ». C'est la situation actuelle de la propriété communale de la Rote. M. Guilhem vendit depuis la partie de la Rote lui appartenant à M. Audinet de Pieuchon, le 18 juillet 1851.

Les révolutions si fréquentes qui ont jalonné le XIXème siècle ont ainsi passé sur les communes rurales sans y amener de profondes perturbations. Il y avait simplement changement officiel de cocarde, remplacement du buste du souverain par celui de son successeur, arrivée au pouvoir de maires nouveaux. Ces modifications, d'ailleurs, s'opéraient toujours dans le calme le plus absolu. Le peuple s'en inquiétait fort peu et, quand on lui avait indiqué quelle devait être son opinion du moment, il criait avec un égal enthousiasme : vive le Roi, vive la République, vive l'Empereur.

- Le 4 décembre, M. Guillaume Trivié devient adjoint en remplacement de M. Jean Gouny, démissionnaire,

1853. Le 8 octobre, M. Jules Labarthe est élu maire en remplacement de M. Eymond, démissionnaire. M. Gouny redevient adjoint.

1855. Le 12 février, achat d'une pompe à incendie.

- Le 2 mai, une taxe sur les chiens est imposée par la loi chiens de chasse et d'agrément, 6 francs ; chiens de garde, 2 francs.

- Le 23 mars, le conseil municipal s'est rendu en corps à l'église pour assister au Te Deum chanté à l'issue de la messe en l'honneur de la naissance du Prince impérial.

- Le 14 novembre, construction d'un caveau communal qui servira de caveau d'attente.

1860. Le 12 février, vœu du conseil municipal pour que le tracé de la ligne du chemin de fer passe près du bourg de Ludon.

- Le 23 mars, M. Vignoles est nommé adjoint en remplacement de M. Gouny, démissionnaire.

1863. M. l’abbé Dussolier est nommé curé de Ludon.

1864. Achèvement du canal évacuateur du Despartin, dont les travaux duraient depuis 1861. L'assainissement du grand communal était ainsi assuré. Alors commença l'opération longue, délicate et difficile, du colmatage, à laquelle devait se consacrer pendant plus de vingt ans, avec compétence et dévouement, Léonard Faure, le conducteur des travaux.

- Le 22 mai, projet d'achat de la maison Bec au prix de 12 000 francs pour y établir une école des filles et une salle d'asile bien placée en face de l'église. La sœur, qui est déjà établie dans la commune depuis quelque temps, est choisie comme institutrice communale. Mais la hauteur des salles d'étude n'étant pas réglementaire, le préfet ne donne pas l'autorisation d'acheter. La commune se contente de louer l'immeuble Bec. L'acquisition définitive devait être faite le 18 juillet 1866. Ces immeubles Bec comprenaient la maison habitée aujourd'hui par la directrice de l'école des filles et son adjointe. Cette maison était composée de trois pièces au rez-de-chaussée, dont le grand salon donnant sur la rue, et de trois pièces au premier étage. La salle d'asile était exactement à la place de l'école actuelle. Il y avait en plus la remise avec grenier, la cour et le jardin. M. François-Louis Bec, ancien curé de Ludon, et alors curé de Grézillac (Gironde), avait acquis lesdits immeubles d'un sieur Dizac, médecin, qui les tenait de divers dont le plus ancien, nommé Dubernat-Larroque, les avait acquis de la nation en conséquence de l'adjudication prononcée à son profit par les administrateurs du district de Bordeaux, le 12 floréal, an III. Avant la Révolution, ces immeubles formaient la maison de charité de la paroisse, desservie par les Sœurs Grises, dont nous avons vu le départ en 1791.

1865. Le 12 février, de nombreux vols ayant eu lieu dans la commune, le conseil vote la somme de 500 francs qui seront mis à la disposition du maire avec cette destination : police secrète.

1867. Le 12 mai, la taxe sur le communal est portée à 14 francs pour les chevaux et 10 francs pour les vaches.

1869. M. l'abbé Espanet est nommé curé de Ludon en remplacement de M. Dusolier, décédé.

1870. Le 19 juillet, la guerre éclate entre la France et la Prusse.

- Le 16 août, assassinat, dans des conditions particulièrement atroces, du comte Alain de Moneys, à La Hautefaye, en Dordogne. Une centaine de paysans déchaînés, sans aucune raison, se ruent sur ce malheureux sans défense, le déchirent de coups et, finalement, le brûlent vivant. Ce crime affreux et non prémédité ne peut être expliqué que par « l'hallucination collective » qui s'empare soudain d'une foule exaspérée par la peur à l'annonce d'événements malheureux. La répression fut sévère, les principaux coupables furent exécutés sur le lieu même de leur crime et leurs têtes restèrent exposées sur la place de La Hautefaye. Cette tragédie, qui fait encore frissonner les habitants du Périgord, fut heureusement le seul épisode sanglant de la région, dans cette période troublée.

- Le 2 septembre, l'Empereur est vaincu à Sedan et fait prisonnier. Les mauvaises nouvelles de la guerre avaient commencé à arriver dans les départements à la fin de la journée du 3 septembre. Enfin, dans la nuit, on apprit à Bordeaux toute l'étendue du désastre. Le maire,

Émile Fourcand, prit aussitôt les mesures commandées par les circonstances. La foule, depuis le matin, s'était répandue dans les rues et particulièrement sur la place de la Comédie et les allées de Tourny, sur lesquelles se trouvait la statue équestre de l'Empereur. Une sourde irritation régnait, des imprécations ne cessaient d'être proférées contre le régime impérial. C'est alors que, vers deux heures de l'après-midi, fut poussé ce cri mille fois répété : « A bas la statue ». Instantanément, on se rua sur le monument, on descella la grille qui l'entourait, des cordes furent enroulées autour du cou du cavalier et du cheval et on tira énergiquement. À la troisième tentative, la statue tomba et se brisa en partie. « À l'eau, à l'eau », criait la foule. Un cortège se forma en chantant la Marseillaise et, lorsqu'il fut parvenu au milieu du pont, ce qui restait de la fonte fut précipité dans la Garonne.

Le lendemain, la République était proclamée et l'ordre régnait à Bordeaux grâce aux sages mesures prises par le maire Émile Fourcand et le nouveau préfet, Amédée Larrieu. Sous l'impulsion du Gouvernement de Gambetta, la résistance nationale s'organisa. Dans tous les villages, les recrues étaient armées. À Ludon, les jeunes gens faisaient l'exercice dans l'ancien cimetière, autour de l'église. Ils devinrent les mobiles de la Gironde qui se couvrirent de gloire aux combats de Beaune-la-Rolande, de Nuits et de Villersexel, sous le commandement de Carayon-Latour.

- Le 6 novembre, M. Roland avait été chargé d'établir un rapport étudié sur l'enseignement public et primaire de la commune. Les résultats furent les suivants :

1° En attendant l'instruction gratuite et obligatoire, le nombre des garçons indigents, c'est-à-dire admis gratuitement, sera porté de 15 à 20.
2° Le nombre pour les filles sera porté de 10 à 20.
3° La liste des enfants sera établie par le conseil municipal et non plus par le curé et le maire seulement.
4° Des cours d'adultes seront établis l'hiver. Le chauffage et l'éclairage seront aux frais de la commune.

1872. Le 17 novembre, le conseil vote la somme de 1 200 francs pour l'installation à la mairie d'un télégraphe municipal.

1875. Le 14 février, M. Gabriel Richier est élu maire en remplacement de M. Labarthe, démissionnaire.

- Le 3 mai, grand émoi au conseil municipal parce que le conseil de fabrique a fait démolir un pilier de l'église, situé à gauche de la porte d'entrée, qui soutenait un angle du clocher ainsi que la tribune. Le conseil de fabrique rejette la faute sur M. le curé Espanet qui sera mis en demeure de reconstruire le pilier.

- Le 18 juillet, la construction de la nouvelle salle d'école au nord de la mairie et y attenant est décidée, l'ancienne salle étant insuffisante.

- Le lundi 27 mars, Son Eminence le Cardinal Donnet, archevêque de Bordeaux, est venu à Ludon donner le sacrement de Confirmation. Arrivé à 9 heures, dans sa voiture, escorté par une douzaine de jeunes cavaliers, Son Éminence a été accueillie à l'entrée du bourg par la fanfare de Ludon et la Société des hommes qui l'ont conduite au pas jusqu'au pavillon d'honneur qui avait été élevé au milieu du bourg et où l'attendait M. le maire Gabriel Richier, entouré de son conseil municipal, du conseil de fabrique et de quelques notables (MM. de Meredieu, Rigaud, médecin, Simonnot, Régis, Duchesne). Le cardinal a été conduit ensuite jusqu'à l'église, déjà pleine de fidèles impatients de voir de près les traits toujours jeunes de leur vieil archevêque. Après la cérémonie religieuse, Son Éminence a déjeuné au presbytère puis a visité les écoles des garçons et des filles. Son Éminence fit ensuite visite au château d'Agassac pour remercier M. le Maire de l'invitation à dîner qu'il n'avait pu accepter. La croix des Lauriers fut bénite à l'occasion de la mission qui prenait fin avec la visite de l'Archevêque.

- Le 2 juillet, nouvelle protestation du conseil municipal parce que M. le Curé a fait faire, sans autorisation, une ouverture dans les deux gros piliers de l'église, de chaque côté de la sainte table. Le conseil accepte que les choses restent en l'état mais prie le conseil de fabrique, dont le président était M. Meyre, de ne plus effectuer aucun changement dans l'église sans autorisation. Le conseil de fabrique, devant l'attitude conciliante du conseil municipal, s'engage, par délibération du 22 juillet, à ne plus entreprendre aucune réparation sans autorisation. Quant à M. le curé Espanet, le conseil étant en guerre ouverte avec lui, car il ne voulait pas payer les frais du procès qu'il avait intenté à la commune et perdu, au sujet des piliers démolis, le conseil lui supprime momentanément les allocations qu'il lui servait. Le curé fut déplacé à la suite de nouvelles tentatives d'innovations dans l'église. Le maire Richier, que n'animait aucun sentiment d'hostilité envers le clergé, eut l'occasion peu après de rendre hommage à un nouveau curé, le vénérable abbé Veyssière, dont le souvenir reste toujours vivant dans la mémoire et dans le cœur de ceux qui l'ont connu.

- 1877. Le 3 juin, dans la nécessité d'acquérir une salle pour les sociétés, le conseil pensa d'abord acheter, pour le transformer, le cuvier de M. Simonnot, mais ce projet fut abandonné pour un autre plus avantageux. Le conseil décide l'élévation d'un étage au-dessus de la salle-à-manger et de la cuisine du presbytère et la transformation en une salle communale de la plus grande partie du chai dudit presbytère, que M. le Curé déclare lui être inutile. M. le Curé demande simplement et le conseil s'engage à ce qu'aucun bal ne soit jamais autorisé dans ladite salle.

Le 22 juillet, le conseil décide la construction de trottoirs de chaque côté de la grande rue du bourg.

Le 18 août, création d'un garde communal aux appointements de 600 francs par an.

- Le 9 novembre, l'école était desservie par les sœurs de Saint-Joseph. La question du remplacement de l'école congréganiste par une école laïque souleva un gros conflit dans lequel beaucoup de maladresses furent commises. Les esprits étant surexcités au plus haut point. Voyant qu'ils ne pouvaient ramener la population au calme et à une juste appréciation des faits, le maire Richier et l'adjoint Goubineau donnèrent leur démission. M. le chanoine Bec, retiré à Ludon, et la Supérieure de l'école pensèrent un moment triompher, mais le Préfet ordonna une enquête sur place. M. Lanoire, conseiller général, fut chargé d'entendre tous les pères de famille. Le 20 décembre, le conseil départemental approuva le changement de direction de l'école de Ludon.

1879. Le ler janvier, nomination de Mme Brien, institutrice publique à Ludon, en remplacement de Mlle Jacquet, en religion sœur Sainte-Germaine. Ainsi partirent les trois religieuses qui assuraient le service de l'école des filles et de la salle d'asile depuis 1862.

- Le 6 juillet, le conseil décide la construction de l'école des filles à l'emplacement de l'ancienne salle d'asile.

1880. Le 1er février, établissement d'une station d'étalons de l'État de trois chevaux à Fontbonne.

1882. Le 19 mars, M. Goubineau est élu maire en remplacement de M. Richier, démissionnaire. M. Richier, dernier représentant de la famille des Pomies, seigneurs d'Agassac depuis trois siècles, venait en effet de vendre son château et avait quitté Ludon. Son départ avait suscité d'unanimes regrets. Homme aimable, intelligent et instruit, il avait rendu de grands services à la commune, à une époque où les esprits étaient profondément divisés. Partisans du régime impérial déchu, monarchistes encore pleins d'espoir de voir revenir le roi, républicains ardents, par leurs préoccupations, leurs tendances, leur obstination, rendaient l'administration fort difficile. M. Richier sut pacifier les esprits et ramener la concorde. Il fut un grand maire, non seulement par son administration parfaite, mais surtout par son influence morale. Il devait d'ailleurs redevenir bientôt maire de Ludon et il mourut en fonctions en 1902.

1882. Le 18 juin, le conseil décide l'établissement d'un puits artésien dans le jardin de la mairie et la construction d'un lavoir public sur un terrain appartenant à M. Galeteau, à l'angle des chemins de Phalot et de la palu.

- Le 14 juin, la place de la mairie est clôturée et transformée en jardin public. Le maire Goubineau ne resta que peu de temps en fonctions. Les esprits n'ayant été que provisoirement apaisés pendant la magistrature précédente, les difficultés recommencèrent et le maire dut donner sa démission. Il fut remplacé par M. Richier qui n'habitait plus Ludon mais y était encore propriétaire.

1892. Donation d'une maison avec jardin au bureau de bienfaisance par le comte de Lavergne.

À la veille des élections municipales, le maire rend compte de son mandat. Il insiste sur l'apaisement des esprits, complètement réalisé à l'heure actuelle. Il félicite le conseil de sa politique d'économie rigoureuse. La commune a pu ainsi échapper à la dernière injonction préfectorale sur l'assistance publique grâce au bureau de bienfaisance dont l'excellente situation a permis de dispenser gratuitement les secours médicaux et pharmaceutiques aux indigents.

- Le 23 août, le conseil donne avis favorable à l'abattage des arbres de la route départementale dans la traversée de la commune, sur pétition, pour préjudice causé par cette bordure de haute· futaie.

1897. Le 23 mai, Me Saignat, avocat à la Cour d'appel, ancien bâtonnier et conseil juridique de la commune, donne une longue consultation motivée sur les droits des usagers du communal. L'affaire avait été engagée par M. Clossmann qui réclamait le droit au pacage gratuit pour ses animaux sur le communal, en vertu des actes de 1626. Il ressort des conclusions de l'éminent jurisconsulte que le droit des habitants de Ludon est imprescriptible, mais qu'au contraire ceux qui n'ont droit aux pâturages communaux qu'en vertu de titres peuvent être repoussés par la prescription s'ils sont restés plus de trente ans sans user de leurs droits.

- Le 14 novembre, M. Adoux est nommé adjoint en remplacement de M. Laroza, démissionnaire.

- Le 28 novembre, le conseil décide d'organiser une compagnie de pompiers de 6 à 10 hommes de bonne volonté.

1898. Le 18 novembre, le conseil, considérant que les vins importés de l'étranger ne viennent trop souvent en Gironde que pour remplacer frauduleusement les nôtres, demande que les droits de douane sur les vins étrangers soient fortement relevés. Ces protestations cent fois renouvelées des pouvoirs publics et des groupements professionnels montrent bien l'acuité de la crise de la mévente des vins qui sévissait à cette époque. Ces efforts devaient aboutir à la promulgation des excellentes lois de 1905 et 1907 qui ont sauvé le vignoble.

1899. 12 novembre. Au concours ouvert par la Société d'Agriculture de France, vu l'importance et le succès définitif de la transformation des marais de Ludon, la grande médaille d'or est décernée au syndicat des marais de Ludon, ainsi qu'une médaille d'argent à M. Léonard Faure, conseiller municipal, qui a été l'initiateur et l'animateur des travaux. Transaction entre la commune de Ludon et MM. Audinet et Buhan, qui fixe l'extrémité du chemin du Roi au port de Ludon, c'est-à-dire à l'ouest de l'écluse de la prise d'eau.

1901. Le 10 février, M. Eugène Guérère est chargé de l'allumage des lanternes du bourg pour la somme de 40 francs par an.

- Le 21 juillet, le forage du puits artésien atteint 198 mètres 50 et le jaillissement est de 210 litres à la minute, ce qui est considéré comme très insuffisant.

1902. Le 6 avril, M. Honoré Réneteau est élu maire en remplacement de M. Richier, décédé.

- Le 8 juin, le conseil décide l'agrandissement de l'école des garçons et la construction d'un logement pour l'adjoint.

- Le 15 septembre, construction d'une maison pour le garde communal.

- Le 9 décembre, la loi de séparation de l'Église et de l'État est votée. Le concordat avait duré un peu plus de cent ans. L'inventaire des objets appartenant à l'église eut lieu sans incident et le conseil municipal montra sa hauteur de vue en ne réclamant, pour le presbytère, qu'un loyer minimum et en votant pour le curé Veyssière une pension viagère de 200 francs, que les instructions préfectorales ramenèrent successivement à 150 et à 100 francs pour se conformer aux prescriptions peu libérales de la loi.

1906. Le 17 juin, le conseil décide la construction d'un préau à l'école des filles.

1907. Le 29 décembre, le maire annonce la démission de M. Georges Dubos, conseiller municipal. Il exprime à ce dernier les regrets de l'assemblée en même temps que ses félicitations pour la belle situation qu'il va occuper en Espagne. M. Dubos devait, en effet, diriger une très importante exploitation viticole et vinicole dans ce pays pendant près de quarante ans. Il y est mort en 1944, en plein travail, au moment où il songeait à prendre un repos bien mérité.

1908. Le 9 février, la mairie est éclairée au gaz acétylène.

1912. M. l'abbé Veyssière, curé de Ludon, prend sa retraite après une carrière sacerdotale dans cette paroisse de plus de 35 années.

1913. M. l'abbé Delhomme est nommé curé de Ludon.

 

Paul Duchesne, La chronique de Ludon en Médoc, Rousseau frères, Bordeaux, 1960, p. 177-208.