Percy la brodeuse 

La brodeuse que nous appelions Percy avait un beau métier campagnard. Sur un cadre de bois installé près de la fenêtre elle tirait l'aiguille du matin jusqu'au soir. On voyait, sur le drap, surgir de belles lettres blanches, bien en relief.

Par moment, pour reposer ses yeux, elle prenait son tambour recouvert de velours rouge et là, s'emmêlaient tiges, fleurs et feuilles aux couleurs vives. C'était pour faire des coussins que l'on garnissait d'une belle cordelière de soie.

Vieux et jeunes, quelques fillettes, venaient admirer son délicat profil penché sur l'ouvrage, ainsi que ses jolis doigts blancs, voltigeant tels des papillons parmi ses fils de couleur.

Percy s’est mariée… Elle est devenue vachère.

Texte extrait de : Macau et quelques uns de ses enfants. Macaou e caouque-zun dé sous gouillats. Mme H. M. Duviller, 1985.