Lisa la jardinière
C'était une petite brune devenue avec l'âge poivre et sel, très menue, si frêle et pourtant. Chaque matin, elle partait, roulant sa brouette jusqu'à son long jardin qui était situé à la Grillade. Toute la matinée seule, elle bêchait, sarclait et semait. Le soir elle arrosait tirant l'eau de puisottes creusées de distance en distance. À la fraîcheur elle ramassait avec amour ses beaux légumes. En rentrant, elle se permettait un brin de causette avec les gens qui prenaient l'air devant les maisons qui garnissent le côté droit du chemin qui va à Ludon.
En arrivant à sa maison qui était rue de la cure, elle arrangeait ses belles salades, ses jolis radis, ses carottes et oignons sur des étagères installées pour cet usage. En haut, le paquet valait dix sous, au milieu cinq sous, en bas un et deux sous.
Le jour suivant, chacun venait, se servait et la petite boîte disposée sur une table se remplissait peu à peu. Qui aurait voulu tromper une femme qui travaillait tant pour la communauté.
Texte extrait de : Macau et quelques uns de ses enfants. Macaou e caouque-zun dé sous gouillats. Mme H. M. Duviller, 1985.