Fanus, le menuisier 

Le menuisier Fanus vivait dans la rue centrale de Macau, qui était si étroite qu'une charrette avait juste la place pour passer ; si on tendait les bras, la main droite touchait la mercerie de Rosa, tandis que la main gauche touchait la pâtisserie en face de Corinne.

L'atelier de Fanus était toujours ouvert. On voyait sa fine silhouette aller et venir. Son sourire était gracieux et avenant, ses longs cheveux blancs très soyeux, accompagnaient des yeux malicieux.

En passant, on respirait la bonne odeur des ripes et du son de bois… tout doucement, il poussait le rabot... vlan… vlan... en rêvant. Il adorait, il travaillait, il pensait constamment à son petit-fils, Pierre Avinen.

Pierre Avinen chantait, en frac, chapeau haut de forme. Quelle aisance sur la scène. Quel art pour esquisser des pas de danse ! Il était très applaudi dans tout le Sud-Ouest, en particulier au Casino de Bordeaux, qui était installé place des Quinconces, en plein air.

Son répertoire était varié, mais quel art pour chanter la « Quarantaine » ! Il avait une façon si cocasse de bomber son ventre que tout l'auditoire riait.

C'était un fervent admirateur de Max Linder, qu'il imitait souvent.

Max Linder était né à Ambarès, il faisait du cinéma.

Dans la région, à cette époque, tous les cinémas donnaient un film de Max Linder.

Pierre Avinen n'a pas cherché à s'expatrier, mais il a été un chanteur bordelais à succès.

Texte extrait de : Macau et quelques uns de ses enfants. Macaou e caouque-zun dé sous gouillats. Mme H. M. Duviller, 1985.