La famille de Villepreux 

 

Mme veuve de Villepreux, accompagnée de ses trois enfants, était très assidue aux messes. M. Jean, Mlle Josette et M. Raymond, toujours vêtus de sombre, étaient studieusement penchés sur leurs paroissiens. Quand les enfants du village étaient conviés au château, pour la retraite avant la communion, les enfants de Mme de Villepreux manifestaient une grande joie de jouer avec les gosses. Que de courses et de galipettes dans le beau parc ! L'allée était si belle ! Entre les gros platanes, des rosiers nains fleuris, que soulignait une guirlande de lierre qui courait depuis les premières branches des arbres. Dans le fond du parc, deux serres garnies de pots de cyclamens et d'azalées.

Mme de Villepreux et Mlle Josette meurent en 1920, à quelques mois l'une de l'autre. Les jeunes gens vivent seuls au château, l'un fait son droit, l'autre fréquente les Beaux-arts. Ils prennent le train chaque jour. À la gare, très populaires, ils sont les amis de tous. M. Jean s'était engagé à 17 ans à la guerre de 1914. Très brave, il était revenu avec galons et décorations. Il était le président des Anciens Combattants ; à ce titre, il avait invité le prêtre-soldat, député de la Gironde, curé de Saint-Émilion, pour inaugurer le 13 mai 1926, le monument aux Morts de la Grande Guerre : l'abbé Bergey.

Les jeunes messieurs de Villepreux fréquentaient aussi la jeunesse dorée de Bordeaux. M. Jean contracte une dette de jeux ; il refuse de la payer. Il s'en suit un procès qu'il... perd ; à la sortie de l'audience, sur les marches du palais de Justice, M. Jean tire sur son créancier. Il se fait justice lui-même ! L'homme était Albert Lalande. Voici M. Jean en prison. La population de Macau, d'un seul cœur, a signé une pétition pour l'acquittement de son cher compatriote. Il est enfin acquitté. Pour payer le procès, il faut vendre le château.

Voici quelques documents glanés par ci par là :

Adjudications de Villepreux, 27 janvier 1927. Extrait des minutes du Greffe du Tribunal 21 mars 1927 : Maitre Tardy, avoué de M. de Villepreux Raymond, 57 cours de l'Intendance,
Maître Lurton avoué de M. de Villepreux Jean, 13 rue du Temple,
18 lots d'une contenance de 155 hectares
Les landes de Caussas dans Macau, 40 hectares
Le bois de Villeneuve La pigeonne, le bois blanc : 35 hectares dans Macau
La Jeancotte 15 hectares
Le Cogneu et la Bric 24 hectares
Le château avec 10 hectares
La Grande Baboue 5 hectares + 7 hectares

Succession de Mme Elisabeth Émma Duffour-Dubergier, veuve de M. Gabriel Ignace Marie Joseph de Villepreux, morte le 29 octobre 1920 à Bordeaux, 62 rue Camille Godard, et de Mlle Augustine Thérèse Josèphe Marie Anne de Villepreux, morte le 12 novembre 1920 à Bordeaux,

Succession émanant de M. Martin Louis Silvia Duffour, ancien Maire de Bordeaux, régulièrement autorisé à prendre le nom de Duffour-Dubergier, décédé au château Gironville le 20 octobre 1913. Son père était M. Brune Auguste Duffour, bibliothécaire du Roi, décédé à Bordeaux le 20 août 1861,

La dame de M. Duffour se nommait Thérèsa Giovanna Baggio, la rumeur publique disant qu'elle avait été danseuse étoile au Grand Théâtre de Bordeaux, (je n'en suis pas sûre).

Une parcelle de la propriété avait été achetée à M. Jacques Vincent Octave du Preuil, général en retraite, Grand Officier de la Légion d'Honneur, demeurant au château de Cussau, une autre partie avait été échangée en 1886 par Mme Jeanne Arnaude de Villeneuve de Durfort, épouse de M. Charles Baptiste Osswald d'Abbadie, demeurant château de Houlan. Le château Gironville aurait atteint aux enchères la somme de 158 000 Francs.

Texte extrait de : Macau et quelques uns de ses enfants. Macaou e caouque-zun dé sous gouillats. Mme H. M. Duviller, 1985.