Le domaine de Bordes

La maison de Bordes a été construite dans la seconde moitié du XVIIe siècle par une famille hollandaise, les Both, concernée par l’assainissement des marais de Blanquefort et de Parempuyre. Cette demeure fut habitée entre autres, par le vicomte Both de Tauzia, anobli en 1817 et, sous l’Empire, maire de Parempuyre.

La propriété fut acquise le 17 juillet 1861 par la veuve de M. Herman Cruse qui était arrivé à Bordeaux, venant d’Allemagne du Nord en 1819. Il était négociant en vins. Pour cet achat de Bordes à la famille Béchade, éleveur de sangsues médicinales, Mme Cruse avait été conseillée par ses trois fils : Herman II, Adolphe et Édouard. Les Cruse achètent beaucoup de terres à cette époque dans cette région du nord de Bordeaux ; ils fondent même une école, dont je me souviens, avenue de Labarde, pour les enfants des fermiers et ouvriers agricoles, demeurant dans ces « terres fortes » et marais qui longent la Garonne. Mme Cruse a aussi une fille, Mathilde, née en 1829, qui épouse Armand Lalande (1820-1894), grand-père de mon père Daniel Lawton (1881-1979) et futur député de la Gironde. Mathilde meurt très jeune après avoir donné le jour à deux enfants dont ma grand-mère Laure Lalande (1849-1940). Celle-ci fut élevée par Mme Herman Cruse, mère de Mathilde, en partie au château Laujac à Bégadan. Elle lui parlait et lui écrivait en allemand.

Laure épouse Édouard Lawton (1846-1933) et reçoit en héritage Bordes qui avait été acquis pour l’élevage des bovins et le fourrage. Les Édouard Lawton ont 7 enfants, 3 filles et 4 fils. Ceux-ci découvrent, avec leur père, que leur domaine est un excellent territoire pour la chasse de la bécassine. Excellents tireurs, ils deviennent des spécialistes de cette chasse. Bordes devient célèbre ; mon père et ses trois frères chassent régulièrement le dimanche avec leur neveu Jean (qui n’est pas oublié, encore de nos jours, dans le pays) et leurs cousins et amis de Bordeaux, Roger et Stéphane Cruse, Hubert Durand-Dassier, Daniel Calvet, Émile Faure, Daniel Chambarière, Yves de Luze et plus tard, Roland Journu et Roger Bessières. Après le décès de mes grands-parents, Bordes est géré par mes quatre cousins, Jean Lawton, Gérard Cruse, Jean Denis Coulom et Patrick Perrin.

Mais l’indivision ne peut pas durer. Bordes est à vendre. Vers 1993, une première offre est repoussée par une majorité de la société civile Lawton, dont les membres sont tous descendants de M. et Mme Édouard Lawton. Le temps passe… En 1995, mon épouse, Marie-Françoise, réussit à me convaincre qu’il faut nous porter acquéreurs. Nous en parlons à notre cousin Gérard Cruse ; une nouvelle assemblée générale est convoquée, et un avis favorable est voté. Nous voici propriétaires. La maison, qui n’a jamais été habitée par notre famille, est dans un état misérable, en dehors des trois pièces du bas qui constituaient le relais de chasse. Avec mon épouse, nous avons conjugué nos efforts pour la rénovation de cette demeure.

Daniel Lawton, novembre 2014.

Construit à la fin du XVIIe siècle par les Flamands chargés de l'assèchement des marais de Parempuyre, le domaine de Bordes est une propriété agricole d'une centaine d'hectares dont les productions sont l'élevage d'équidés et la culture de céréales. Propriété de la famille Lawton depuis 1860, cet ensemble qui était essentiellement destiné à la chasse à la bécassine a été reconverti depuis 15 ans dans l'élevage de chevaux et de poneys de sports. Ses sols meubles et riches, abondants en eau, sont propices au passage de la bécassine (surnommée reine des marais), lors de sa migration depuis la Russie vers l'Afrique du nord. La population des oiseaux est importante et variée. On trouve entre autres hérons, cigognes et canards, oies sauvages et pique-bœufs.

Le domaine de Bordes gère des chambres d’hôtes, à 10 km du centre de Bordeaux, et 55 km de l'océan atlantique et du bassin d'Arcachon. Les gîtes du domaine de Bordes sont idéalement situés au cœur de la route des vins, et seulement à 10 minutes de Bordeaux.

Voici en complément quelques éléments de toponymie.

* Bordes : d'origine germanique, bord : planche, a formé assez peu de toponymes (Laborde en 1524). Au pluriel, il prend le sens de hameau : bordes (1550). L'occitan borda, de même origine, a plusieurs significations : bâtiment agricole, parfois bergerie, ou grange, et au-delà, ferme, métairie. Texte et iconographie extraits de : « Les feuillets n°3 de la mémoire », ouvrage collectif édité par le Comité d’animation communale de Parempuyre, 1995, p.47-57.

* Bordes (Allée de) : privée - Au XVIIIème siècle, Bordes signifiait exploitation d'un seul tenant avec maison, labour et vignes. Texte extrait de « Parempuyre, sa mémoire », ouvrage collectif édité par le Comité d’animation communale de Parempuyre, 1995, p.100-101.

 

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