La cloche de Saint-Médard

Pour un habitant du Tronquet, entendre la cloche de Saint-Médard était signe de pluie, alors que celle de Saint-Aubin annonçait le beau temps et le rafraîchissement de la température.

Avant de regagner la couche de la tribu, le maître, chaque soir, faisait un dernier tour de la maison, prévoyant le temps. Il fixait le travail du lendemain, labourage, semailles, binage ou moissons, fauches ou fenaisons, travaux en forêt ou bricolages sous le hangar.

Ces rudes Saint-Aubinois savaient accueillir le mendiant, lui offrir la soupe à la table commune ainsi qu'un lit de paiIle dans le fenil ou l 'écurie. Il repartait toujours avec un quignon de pain dans la musette. On lui demandait parfois de menus services, mais si, trouvant la maison agréable, il faisait mine de prolonger son séjour, on lui faisait doucement comprendre que la charité a des limites, qu'un mendiant bien élevé ne doit pas abuser de la bonté des gens, qu'il serait temps de partir après avoir humblement remercié ses hôtes... ou, sinon, gare au chien!

Les mendiants n'étaient pas les seuls à sillonner les campagnes. Les colporteurs passaient régulièrement avec leurs étals garnis d'images pieuses et de ces mille petites merveiIles que nous appelons pacotilles aujourd'hui. On lui donnait le gîte et le couvert en échange de quelques colifichets. Pour remercier les paysans, il racontait à la veillée sa dernière rencontre avec le Roi, car il enjolivait, les guerres lointaines dans des contrées aux moeurs étranges, et les aventures fantastiques qu'il disait avoir vécues, foi de colporteur!

Des rôdeurs, déserteurs, écorcheurs passaient, cherchant un mauvais coup. Mais les Saint-Aubinois, on l'a vu, n'étaient pas sans défense. Ils avaient un système d'alerte et d'intervention dont il subsiste quelques vestiges. On en voit encore dans la forêt.

Dans l'église, un chapiteau à gauche du choeur représente deux ou trois personnages, grossièrement sculptés surmontant une scène légendaire dont nous ne connaissons pas la signification. Nous en reparlerons.