Le village de Maurian

 

Ce hameau est inscrit dans de vieilles cartes cadastrales dont celle de Beleyme et son nom serait tiré de Maures. Pour découvrir le hameau, j’ai commencé par le château Maurian bien entendu. Tout le monde peut le situer ! Ce château fut un domaine viticole avant de devenir un centre de formation ou un groupe scolaire.

Une dépendance abrite actuellement notre radio locale « RIG » et l’orangeraie une belle salle de sport. Les terres ont fait place à un lotissement.

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Vous pouvez aussi parcourir la publication sur ce château sur la page facebook du CHB et sur ce site dans la catégorie patrimoine bâti.

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Sur la carte du cadastre de 1805 et une « plus récente » mise à notre disposition par M. Esnon, que je remercie pour son chaleureux accueil, on peut voir un petit groupe d’habitations et de grandes étendues de terres. On y produit de bons vins « 35 tonneaux à Maurian et 15 tonneaux à Tujean en 1898 ».

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M. Esnon habite une maison datant de cette époque et qui fut la propriété de M. Lafon, artiste peintre, rue de Maurian.

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Maurian-10J’ai eu le privilège d’avoir M. Jean-Pierre Jouglet à mes côtés. Natif du lieu depuis 3 générations et y ayant toujours vécu, il a eu la patience de me présenter ce qu’était Maurian « autrefois » comme il l’a connu enfant.

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Jean-Pierre Jouglet rue de St Ahon, avec sa maman et ses grands-parents dans la charrette à Caychac, avec son arrière grand-père.

Parcourons ce quartier depuis la rue de Bellevue en direction du centre de ce lieu-dit.

Arrêtez-vous à hauteur du n° 10 de la rue et regardez en direction de Saint-Ahon : tout n’était qu’exploitations agricoles. Sur la droite, des jardins potagers, des poulaillers, des arbres fruitiers. Plus bas, de la vigne ! Cette maison n° 10 a pour origine de propriété une vieille famille du coin, « les Pineau ». M. Lacaze leur a succédé. Dans la grange on élevait un cochon et tout le monde participait à la cochonaille, c’était fête ! On s’y mariait aussi dans cette grange !

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Le papa de Jean-Pierre était boucher et il élevait un mouton qui finissait sa vie lors des vendanges ! Comme tous les habitants, il avait son jardin, ses volailles, sa petite vigne et quelques fruitiers.

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La maison sise au n° 8 est celle de la famille Veyna.

Plus haut, une des plus anciennes maisons fait angle de rue, la maison Dugay, aujourd’hui, propriété de de M. Meydan et utilisée comme outil de formation et d’insertion par l’IMP Tujean

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Derrière cette construction la maison surélevée daterait de Louis XIV et appartient à présent à la famille Maleyran, à la place la construction neuve est un garage.

En arrivant aux quatre routes, une place saute aux yeux : en fait, elle existait sur main gauche et on y voit un vieux puits et une petite maison basse. Ce puits fut bâti par l’arrière-grand-père de Jean Pierre, et ce dernier habitait dans la petite maison basse. On n’imagine pas que derrière cette façade il y avait un chai à vin (propriété Serveto) et une remise où l’on faisait les conserves ! La place « nue », en face, est la base de l’ancienne maison à étage d’un grand père de Jean-Pierre, elle a été déconstruite voilà une quinzaine d’années. C’était une des plus anciennes. Jean-Pierre se souvient qu’enfant, avec ses cousins, il grimpait à l’étage, dans la chambre du grand père, pour dérober des bonbons !

La grand-mère paternelle habitait aux Capucins, à Bordeaux ; elle était vendeuse des 4 saisons et venait tous les week-ends à Maurian. Il y avait toujours un habitant du hameau qui la ramenait en ville ! Quant à la grand-mère maternelle, elle aussi vivait à Bordeaux en semaine et sa maison était à côté des nouvelles galeries.

N’oublions pas le réseau de tramway : « En décembre 1893, la Compagnie du Tramway de Bordeaux Bouscat au Vigean inaugure sa première ligne dans la banlieue nord-ouest, prolongée en 1895 à Eysines et en 1898 à Blanquefort ». Ce réseau est classé au 4e rang de France en 1890. Il était possible depuis Bordeaux d’aller aussi bien à Cadillac que Camarsac ou Saint-Médard-en-Jalles ». J’ai en mémoire les propos de M. Pierre Payot, ancien habitant du quartier des Capucins, qui me contait la venue par le tramway des maraichers de Blanquefort et de ses sorties à la guinguette de Majolan ! Le réseau atteignait 258 km (réseau électrique !) en 1953.

De même, il y eut un coche (tramway à cheval) qui partait de la place de l’église vers Bordeaux. Il n’y avait pas trop de souci pour aller de Maurian au cœur de Bordeaux.

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Poursuivons notre chemin dans Maurian ! Il y avait une petite épicerie aux quatre routes, chez Mme Dejean, et la maman de Jean-Pierre, comme bon nombre d’habitants du hameau, y faisait quelques courses. Le quartier avait au moins deux tonneliers dont l’arrière-grand-père de Jean-Pierre et un bourrelier, tous deux très près de ce carrefour.

Jean-Pierre est né dans la cour « familiale » des Blanchard et Dejean. On y entre par une sorte de passage, sur la droite au n°39. Juste avant, vous apercevez un chemin de « brouette » qui menait jusqu’à un puits « public ». La grange servait de remise et sur le côté il y avait le chai à vin.

La grande maison de pierre, en face de l’entrée, est à l’origine une maison Pequera. Il y avait un très grand grenier se souvient Jean Pierre. Jean Pierre est né sur le côté, dans la petite maison et jeune marié il vivait sur l’autre côté et l’arrière de sa maison donnait dans le petit chemin de « brouette ».

Son arrière-grand-père exerçait l’activité de tonnelier, juste dans l’entrée du passage sur main droite. Avec le phylloxéra il dut s’expatrier puis revint plus tard quand l’activité viticole reprit en Médoc.   

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En face du tonnelier, n°40, se tenait le bourrelier et le dos du bâtiment était sur la placette avec le puits, en face de l’épicerie ! Un coin stratégique pour les enfants du quartier ! Le bourrelier dut s’adapter à l’arrivée de l’automobile et à la disparition des bêtes de trait, il devint un « tapissier » pour restaurer les sièges et fauteuils.

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 Dans la rue Maurian,des longères, fort anciennes, subsistent toujours. Elles seraient des années 1900 ; au 30, vivait la famille Charlot, puis M. Fort et au 26 les Sanz. Au fond de la rue, c’était la propriété de M. Lafon. Derrière, ce n’étaient que des prés avec des chevaux, et en bas vers Saint-Ahon des vignes et jardins.

Comeron, Jouglet, Berlan, Beylac y avaient tous un carré de vignes !

En bas de coteau, la longère appartenait à la famille Dubourdieu et nous y faisions la fête ! Aujourd’hui, un petit fils Lavalette construit devant la longère.

Vers Padouens et Somos il y eut des vignes, des plantations d’asperges et tout ce secteur est devenu la zone industrielle.

Saluons en passant le château Tujean, repérable sur le côté du chemin. C’était aussi un domaine viticole qui produisait 15 tonneaux de vins en 1898 (Dr Caussade exploitant) et classé cru bourgeois en 1932 ! Le lieu est connu en 1544 sous le nom de Tuyan ou de Tucjean et pouvait désigner un endroit qui surplombait la zone marécageuse environnante. Une chartreuse aurait été édifiée au 18e siècle. Le Docteur Caussade la fit rehausser vers 1870 par adjonction d’un étage et de deux tourelles d’angle. Le château a ensuite appartenu à la famille Lançon.

Sous l’occupation, ce château fut le siège de la « Standortkommandantur, commandement administratif de garnison » de Blanquefort.  

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Texte et photos de Pierre-Alain Leouffre.