Les Vikings en Gironde : approche toponymique

Pour aucun de ces toponymes, nous n’avons d’origine certaine documentée. Comme toutes les approches toponymiques, il s’agit d’une approche paronymique (« cela ressemble à »). On confronte les toponymes girondins à un thésaurus. Ce thesaurus n’est pas latin, mais scandinave. Il n’y a aucun moyen d’identifier une origine certaine. Il ne s’agit que de probabilité.

Les chefs de l’invasion (Viking) sont présents à Blanquefort et ses environs : Le Renney (Ragnar), Lagorce, Le Queyron (Asgeir/Asker), Eysines (Has(t)ein) [phénomène de sigmatisation du t], Château Breillan (Brian /Biarn=Björn), La Loubeyre (lou Bier-hus), le Brion (Björn)

D’autres chefs apparaissent : Andrian (Eindrid), Château de Gilamon (Vilmund), Bardin (Baldwin), Germignan (Germund), Carès (Kari), Ginouillac (Gunulf), Maurian (Maering)), Berdaca (Bard), Solesse (Soli), Corbeil (Korbjörn), Biston (Vestein)

Les toponymes liés à la traite sont également présents : La Triolle (Traelle), Trembley, Hameau de Terrefort, Les Clavières (l’esclaverie)

Une toponymie coloniale aussi : Campilleau, Cambon (kaupang, marché) ; Majolan (=Maillolan), Château Magnol mjael, moulin. Cimbats (Thingvell). Bat désigne une vallée en gascon. Cinval correspond phonétiquement à thingvell. Thil pourrait être une autre variante du thing.

Béchade, Bache du Thil (bekk, ruisseau) sont d’autres marqueurs forts.

La micro-toponymie de Blanquefort nous révèle la présence des quatre principaux chefs. Elle comporte une importante toponymie possiblement liée à la traite. D’autres toponymes plus litigieux semblent évoquer une sédentarisation. Cambon (kaupang), Cimbats (thingvell), Magnol (mjälhus), Bache (bekk). Evidemment, on ne trouve pas de toponyme lié à l’activité maritime.

Il est impossible de garantir l’origine scandinave de ces toponymes, mais la multiplicité des coïncidences nous oblige à envisager la probable origine scandinave de ceux-ci. La statistique est la science de la probabilité. C’est la raison pour laquelle j’évoque une « toponymie statistique ».

Source : Les Vikings dans l’estuaire de la Gironde par Joel Supery, Libourne le 27 août 2018