Le tram d’autrefois

Sur son site Internet, le Cercle historique de Blanquefort évoque l’ancien tramway qui desservait le secteur. Le tramway fait partie des souvenirs d'enfance d'Henri Bret, le président du Cercle historique de Blanquefort (CHB), aujourd'hui âgé de 77 ans. « Ma mère le prenait pour aller aux Capucins », se souvient-il. « Nous habitions en face de la gendarmerie, avenue du général de-Gaulle, et certains usagers laissaient leur vélo dans notre cour pour aller à Bordeaux en tramway ».

Cet enseignant en retraite, féru d'histoire locale, se souvient du wattman, le conducteur, et du terminus au niveau « du rond-point de chez Gégé ». Il sourit en montrant sur une carte postale ancienne, la publicité pour les Nouvelles Galeries de Bordeaux, au-dessus de la cabine. « À l'époque, les Bordelais prenaient le tram pour venir se rafraîchir au parc de Majolan, le dimanche », raconte-il.

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Que l'histoire soit un éternel recommencement ne surprend pas Henri Bret. Alors que Blanquefort attend pour la fin de l'année l'arrivée d'un tramway nouvelle formule avec l'extension de la ligne C et que la ligne D sera bientôt construite à Eysines, les différents articles accessibles depuis le site Internet du CHB (portedumedoc.com avec le mot-clé « tramway ».), portant sur le tramway d'autrefois, font sourire.

« Il a fallu attendre le 17 décembre 1893 pour voir en service le premier tramway à fil électrique et aérien en direction du Vigean, grâce à la compagnie Thomson-Houston. Le prolongement jusqu'à Blanquefort a eu lieu le 10 avril 1898 », a écrit Guy Dabadie, en 1973, dans La Gazette de Blanquefort ». « En semaine, le matin de très bonne heure, il y avait le tramway des maraîchers. Composé d'une motrice et de deux remorques, le convoi amenait les cultivateurs de Blanquefort et d'Eysines, et surtout leurs produits de la ceinture maraîchère, au marché des Capucins », a précisé, dans un autre texte, Christian Déris, dans le bulletin n° 46 du Gahble, groupe d'archéologie et d'histoire de Blanquefort, d'octobre 2004.

Il poursuit, toujours à propos de cet ancien tram « remisé pour la nuit, non loin de la plaine de Plassan. Il est arrivé que les jeunes s'en amusent, sans doute en débloquant les freins et en tentant de le conduire, sans trop de succès ».

Sur son blog, Paulette Laguerre, de l'association Connaissance d'Eysines, rappelle que les maires du Bouscat, d'Eysines et de Blanquefort avaient convenu, dès 1888, de lancer une souscription pour ce tramway électrique. Elle précise aussi que le tramway a atteint « la place du 4 septembre, à Eysines, en 1895 ».

« C'était le premier tramway électrique de l'agglomération bordelaise. Les motrices disposaient de 40 places, le ticket coûtait six centimes le kilomètres. Il était poinçonné par une receveuse ».

Mais, au fil des années, les gazettes vont dénoncer les pannes et les accidents. « Le tramway tue, écrase et mutile les passants », peut-on notamment lire. « Le dernier tram circulera en 1958, en présence de monsieur Chaban-Delmas. Il s'est flatté d'avoir débarrassé Bordeaux d'un moyen de transport dépassé. Tout le monde peut se tromper », a écrit tout récemment Paulette Laguerre sur son blog.

« Ce sont les paradoxes de l'histoire », souligne à son tour Henri Bret. Il relève que des images de l'ancien tramway sont publiées dans l'ouvrage du CHB « Blanquefort d'hier et d'aujourd'hui ».

« D'ailleurs, nous sommes intéressés par tous les documents que pourraient détenir les habitants du secteur. Nous les scannons et nous leur rendons », précise-t-il.

Article et photographie du journal Sud-ouest du 13 octobre 2016, Christine Morice.

Tram-dautrefois

Henri Bret, président du Cercle historique Blanquefortais, prenait le tram au « rond-point de chez Gégé ».