1918-1919, un aérodrome à Blanquefort 

La plupart des constructeurs d’avions sont établis en région parisienne. Ils produisent 50 appareils en août 1914, 383 en août 1915, 745 en août 1916, 1302 en août 1917 et 2912 en août 1918.

Cette progression dépasse les capacités de production ; une décentralisation de cette industrie est décidée en 1918, la région bordelaise accueille plusieurs constructeurs. Certains s’installent dans des usines déjà existantes comme De Marçay à Bacalan et Savary & De la Fresnaye sur les boulevards, leurs premiers avions sortent en septembre 1918.

Afin de pouvoir assurer la réception en vol et le stockage des avions, il décide de créer un aérodrome à Blanquefort. Les choses sont rondement menées : les terrains sont réquisitionnés en septembre 1918 et l’aérodrome est ouvert. Des hangars « Bessonneau » abritent les avions neufs en attente d’acheminement vers les escadrilles. La proximité immédiate de la voie ferrée a probablement joué un rôle déterminant dans le choix de cette implantation ; les avions étant acheminés par rail vers les escadrilles. La paix venue, les commandes aux industriels sont annulées et les terrains réquisitionnés sont remis à leurs propriétaires en octobre 1919. Les archives municipales de la commune de Blanquefort possèdent un dossier important concernant la réquisition de terres autour du château Fleurennes (aujourd’hui détruit et devenu le siège social de l’entreprise Bardinet dans la zone industrielle créée à partir des années 1970.) Chaque chemise de ce dossier contient un état de prise de possession, la plupart les 29 septembre et 1er octobre 1918, ainsi qu’un état des lieux, un PV de remise, une indemnisation le 12 novembre 1919, et en général une durée de réquisition autour de 13 mois et 14 jours.

Pour préparer l’installation de l'aérodrome, c’est le chef de Bataillon Osterman, du 18ème corps d’armée, Génie, Chefferie de Bordeaux, 7 rue de Cursol, qui signifie par lettre du 28 septembre 1918 à M. le maire de Blanquefort, Gironde 7 ordres de réquisition concernant des terrains de la commune, qui sont réquisitionnés pour les besoins de l’armée française, et c’est le même officier qui, le 29 octobre 1919 demande au maire de la commune de procéder à la date du 10 novembre 1919 à la mainlevée de la plupart des réquisition des terrains le 28 septembre 1918 et qui forment l’aérodrome de Blanquefort.

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Les propriétaires concernés sont : Camille Bardeau : parcelles 948 et 949 - Mme Veuve Caussade : parcelle 947 - Bernard Lançon propriétaire, Pierre Elies, locataire : parcelles 923, 924P, 925, 926, 927, 928, 945, 946 - Conrad Jameson : parcelles 901 à 908 - Bernard Lançon, propriétaire d’Elies, au Vaneau (voir à Elies). - Jean Maurey : parcelle 946. - Florent de Montbel et Mme Tastet-Girard : 929P et 930P, superficie de 27 ha 65 a 31 - Camille Bardeau - Mme Veuve Caussade – Bernard Lançon, propriétaire, Pierre Elies, locataire - Conrad Jameson - Bernard Lançon, propriétaire d’Elies - Jean Maurey - Florent de Montbel et Mme Tastet-Girard.

Société Commerciale des Stocks de l’Aviation : toutefois, le même chef de Bataillon ne lève la réquisition de deux parcelles appartenant à Mme Tastet-Girard que le 24 mai 1921. Sur ces parcelles se trouvent édifiés des hangars Bessonneau appartenant au service de l’aviation. Il sera procédé à l’état des lieux à la remise.

Mais d’autre part et « conformément aux indications qui me sont données par le Ministre, la Société Commerciale des Stocks de l’Aviation prendra à sa charge la location du terrain à partir du 24 avril 1921. Dans la prairie constituant ce restant de parcelles se trouvent encore 4 hangars Bessonneau de 28 m sur 20 m chacun dont le sol est en terre battue. Une entente aura lieu entre le représentant de cette société et vous-même au sujet des conditions dans lesquelles cette location sera continuée. J’ajoute que momentanément je ne puis vous fournir d’autres indications sur la Société Commerciale dont j’ignore notamment l’adresse du siège social. Veuillez agréer… » Signé : Osterman. Nous ignorons la fin de la prolongation de cette location.

C’est tout ce que les différentes archives nous apprennent aujourd’hui sur le terrain d’aviation de Blanquefort, pourtant demeuré longtemps présent, mais de façon confuse, dans la mémoire des Blanquefortais.

Ordre de réquisition du 28 septembre 1918.  Pièces remises à M. le maire de Blanquefort pour être communiquées à M. L’Intendant militaire de 1ère classe Lasseron.

avion61° - un ordre de réquisition : daté du 28 septembre 1918, signé du chef de Bataillon, chef du Génie, Osterman, portant ordre de livrer pour le 30 septembre 1918 au service militaire les parcelles ou parties de parcelles 929 à 940, 944, 945, 949 de la section R portées au plan cadastral de la commune de Blanquefort, telles qu’elles seront décrites à l’état des lieux à établir, réquisitions faites pour les besoins de l’Armée Française.

2°- un ordre de fournitures requises, daté du 1° décembre 1918, signé Osterman, reconnaissant avoir reçu les parcelles ou parties de parcelles 829, 830, 929 à 939, 949p, 950p, 959p de la section R portées au plan cadastral de la commune de Blanquefort, telles qu’elles seront décrites à l’état des lieux, réquisitions faites pour les besoins de l’Armée Française.

3° 17 feuilles d’état des lieux :

1 - parcelle 829p - 66 ares 97 : prairie avec haies sur faces N et O

2 - parcelle 830p - 33 ares 02 : prairie avec haies sur faces N, sur faces E et S clôtures artificielles 5 piquets de sapin

3 - parcelle 929 - 1 ha 71 ares 60 : prairie

4 - parcelle 930 - 83 ares 70 : prairie, 1 chêne de 1 m, 30 de circonférence

5 - parcelle 931p -70 ares : 2 800 pieds de vigne de 60 ans dans la partie O et pré dans partie E. 15 chênes de 1 m, 70 de circonférence. La vigne est séparée du pré par une palissade en ronces artificielles sur poteaux de sapin

6 - parcelle 931p- 43 ares 50 : pré

7 - parcelle 933 – 2 ares 35 : 1 ormeau de 1 m, 80 de circonférence

8 - parcelle 934 - 9 ares 15 : dans cette cour, il y a une fosse à fumier cimentée et 2 tas de paille de jonc de 120 m³ pour l’un et 200 m³ pour l’autre

9 - parcelle 935 – 16 ares : 1 ormeau de 3 m, 20 de circonférence. Dans cette cour, il y a un puits avec une pompe aspirante en bon état.

10 - parcelle 936p – 32 ares 80 : prairie, clôture en grillage avec ronce artificielle sur côté O

11 - parcelle 937 – 3 ares 60 : prairie, 2 mûriers de 1 m, 50 de circonférence, 1 platane de 3 m de circonférence, clôture en ronce artificielle sur face S

12 - parcelle 938 – 90 m² : prairie

13 – parcelle 939 – 17 ares 40 : bois d’agrément, 8 petits ormeaux, 1 acacia, 1 cèdre, 9 petits chênes, 1 mûrier, 16 platanes, 11 marronniers, 1 châtaignier.

14 - parcelle 944p – 65 ares : prairie

15 - parcelle 950p – 34 ares 85 : prairie, 4 petits chênes de 1 m de circonférence

16 - parcelle 951 – 9 ares, 80 : vigne, 475 pieds de vigne

17 - parcelle 959p – 18 ares 32 : prairie, 4 petits chênes de 1 m.

[soit ici un total de 6 hectares 78 ares et 56 centiares, soit plus de 67 000 m², mais l’ensemble des terres réquisitionnées, en particulier celles de M. Lançon et celles de M. de Montbel, représente près de 38 hectares.]

Texte d'Henri Bret et Michel Baron, Source : archives municipales de la mairie de Blanquefort. Dossier : Affaires militaires – guerre 1914-1918 – aéroport de Blanquefort.