La fouille manquée de la rue Gambetta

 

Nous avons (CHB) été négligents ces dernières années en ce qui concerne les fouilles archéologiques sur la commune. 
Nous revenons ici sur une de nos erreurs d’attention concernant une construction récente au cœur du bourg et qui a enseveli sans aucune fouille préalable un bon secteur du cœur de la commune (2015-2016).
En voici, avec des photos, le récit détaillé…  

 

31 décembre 2015 courriel adressé à Monsieur Regaldo de la Drac de Bordeaux

Monsieur.   Notre association, le CHB (Cercle Historique Blanquefortais) tient à vous signaler la construction prochaine d’un bâtiment situé dans le périmètre historique du bourg de Blanquefort. Ce chantier se situe au n° 15 de la rue Gambetta, suite au permis de construire accordé le 29 juin 2015. Les travaux préparatoires réalisés en décembre 2015 ont commencé par la destruction d’un vieux mur de clôture en moellons sur une dizaine de mètres et la suppression d’un portail ancien.

Il nous semblerait utile de vérifier s’il n’existe pas des traces d’occupations antérieures intéressantes dans ce périmètre de 854 m², en plein centre du vieux bourg, à 50 mètres de l’ancien cimetière et à 100 mètres de l’église. L’ancien presbytère, reconnu pour son intérêt architectural est également tout proche.

Savez-vous si des mesures de vérification archéologique par sondages, dès le début des travaux, qui ne sauraient tarder, ont été programmées ? De même, une recherche par des détecteurs de métaux ne pourrait-elle pas être envisagée. Nous sommes en effet au cœur du vieux village, habité depuis des centaines d’années.

Nous vous remercions pour votre attention et souhaitons être tenu au courant de vos observations.
Veuillez recevoir nos salutations distinguées.
Pour l’association CHB   Le porte-parole Henri Bret.

 

Lettre adressée aux adhérents du CHB le 10 février 2016

Pour celles et ceux qui seraient intéressés et libre, le CHB recevra jeudi 18 février 2016 à 15 h à l’ABC, M. Pierre Regaldo, responsable de la DRAC Aquitaine qui a réagi à notre alerte archéologique sur le chantier du 15 rue Gambetta (cf. article Sud-ouest du 16 janvier 2016). Nous pourrons parler avec lui des zones archéologiques de la commune, des vieilles maisons que l’on a tendance à détruire, des ruines (Dillon, Cambon), etc.
Nous lui montrerons le chantier derrière l’église sur l’ancien champ de foire ainsi que les projets d’aménagement du centre… A jeudi. Cordialement.

 

Compte-rendu du 18 février 2016 de la visite de M. Pierre Regaldo de la DRAC

Présents : Michel Baron, Cathie et Henri Bret, Martine Le Barazer.

Nous l’avions alerté le 31 décembre 2015 sur les travaux de terrassement d’une construction neuve au 15 rue Gambetta, alerte fort bien relayée par MF Jay dans un article du 16 janvier 2016, en lui disant : « Il nous semblerait utile de vérifier s’il n’existe pas des traces d’occupation antérieure dans ce périmètre de 854 m² en plein centre du vieux bourg, à 50 mètres de l’ancien cimetière et à 100 mètres de l’église. Savez-vous si des mesures de vérification archéologique par sondages, dès le début des travaux…etc. » Il nous avait répondu que « cet espace n’entre pas dans le zonage archéologique de Blanquefort et qu’aucun élément à ce jour ne permet d’imaginer un intérêt archéologique à cet emplacement ».

Mais il a accepté de venir voir sur place et depuis notre rencontre pendant laquelle nous sommes allés lui présenter les travaux rue Gambetta, où la dalle de béton est déjà coulée et derrière l’église où le parking est quasiment terminé, il était beaucoup moins affirmatif.

C’est donc raté pour cette fois, le béton a gagné, et nous avons à analyser nos erreurs.

Par exemple, la mairie de Blanquefort n’a pas transmis à P. Regaldo le dossier d’urbanisme, ce qui explique son absence de prescription : la mairie n’a donc pas jugé possible que ces chantiers qu’elle a autorisés en plein bourg aient pu avoir un quelconque intérêt archéologique, ni le service d’urbanisme, ni personne d’autre de la mairie. C’est comme ça et ce n’est pas la première fois.

M. Regaldo nous dit aussi que son service ne traite pas la question des bâtiments, comme par exemple la maison Lacaze (détruite depuis), qu’il traite lui de l’archéologie, et qu’il aurait mieux valu s’adresser au Service de l’Inventaire du patrimoine, situé au 5 place Jean-Jaurès ou bien encore aux Bâtiments de France, à l’Unité départementale Architecture et Patrimoine, à la Drac. Son propre service à la Drac traite des ZPPA (zones de présomption de prescription archéologique) qu’il appelle plutôt Zones de sensibilité. Son service doit gérer 2 600 sites archéologiques recensés dans les 5 départements dont il est chargé avec 18 personnes. Il discourt sur le manque de temps, l’importance et le nombre des sites, les priorités, etc. et que sur les 6 zones archéologiques de Blanquefort, seul le cimetière et l’église au centre bourg sont concernées, pas un mètre de plus…

Il reconnaît à la fin, quand on lui dit que des bases de mur sont apparues quand les engins de chantier sont intervenus rue Gambetta et qu’on lui précise qu’à la fin du XVIe siècle, ce lieu était habité par des notaires, qu’il aurait pu intervenir. Nous avons fait l’erreur de ne pas suivre chaque jour le chantier et de ne pas avoir pris des photos quand les structures en pierre apparaissaient et étaient très vite rasées, et de ne pas l’avoir alerté avec des photos à l’appui. Bien entendu, ni l’architecte de ce chantier, ni le chef d’équipe du bâtiment n’ont réagi ; idem pour la place derrière l’église, mais cela aussi est fréquent.

Il nous conseille à la fin de travailler sur les cadastres napoléoniens et les cartes au 25 000°, pour vérifier le bâti repéré alors.

Note : « c’est exactement à cet endroit (rue Gambetta) où habitaient les notaires Oliveau et Daubarède, à Gaston qui était à l'époque le Neuilly Blanquefortais ! S'il y a un endroit où il faudrait bien faire des sondages, c'est bien dans ces 850 m », d’après Gérard Magrand qui connaît bien Blanquefort et qui nous a écrit dans ce sens en fournissant la carte du cadastre napoléonien correspondant.

Conclusion : soyons tous attentifs lors des prochains chantiers… Pour le CHB, Henri Bret.

Pour mémoire zones archéologiques de Blanquefort : 1 - Le Bourg : église et cimetière, Haut Moyen Âge, Moyen Âge, 2 - Château de Breillan : maison noble, 15e siècle, 3 - Maurian : ancien château, Moyen Âge, 4 - Dillon : occupation, Gallo-romain, Moyen Âge, 5 - Château Saint-Ahon : maison forte, Moyen Âge, 6 - Dulamon : maison noble, 16e siècle, 7 - Duras et Jalle du Sable : château, chemin, moulin, Moyen-âge, Époque-moderne. Arrété du préfet de la région Aquitaine du 16 juin 2009.)

 

Fouilles archéologiques sur la commune

Le dossier de photos ci-joint en est le témoignage. Elles ont été prises par Guy Fournier en février 2016 (merci à lui) ; elles concernent le décapage et la construction du 11 rue Gambetta en 2016 et les travaux de terrassement derrière l’église.

Ces deux endroits auraient mérité un décapage attentif et au minimum une recherche avec détecteurs de métaux. Dans le 1er cas, il s’agit de l’ensemble notarial qui couvrait une partie de ces terrains et dans le 2e c’est la vieille place de Leyre qui était située derrière l’église et qui a abrité durant de nombreuses années un marché.

Nous avons manqué de vigilance et de réactivité. La mairie n’a rien entrepris en matière de recherches archéologiques, personne ne s’est intéressé à ces deux zones, aucune alerte du service de l’urbanisme. Quand nous avons averti M. Regaldo du service départemental… il était trop tard ; il s’est pourtant déplacé sur le terrain à notre demande, mais il a signalé que la mairie de Blanquefort n’avait aucun dossier sur ces deux zones.

Texte d'Henri Bret 

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