Domaine Muratel

Historique

Le clos Muratel a conservé le nom d'un propriétaire nommé Jean-Gabriel Muratel, négociant originaire de l'Aveyron, qui le posséda de 1802 à 1818. Le cadastre de 1806 mentionne le nom de « Mératel » à l'endroit que le cadastre de 1843 appelle « Lagnet ». Mais les différents cadastres montrent que le domaine n'a subi que peu de transformations dans le temps. La commune qui a acheté la demeure, les dépendances et le parc en 1979, y a installé la mairie tout en conservant intact l'aménagement intérieur.

 

Description 

Situation et composition.

À 300 mètres du centre de Blanquefort, Muratel se présente comme une maison de maître précédée d'une cour d'entrée fermée par une grille. La façade postérieure donne au nord sur un parc où a été construite une serre adossée à une fausse muraille. Les communs et dépendances sont à l'est et à l'ouest, de part et d'autre de la demeure.

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Matériaux et leur mise en œuvre.

La bâtisse est construite en pierres de taille calcaires, jaunes, à gros grains pour l'élévation antérieure et les faces latérales, et d'un calcaire fin pour la façade postérieure.

La demeure. 

A- Parti général.

Un corps de bâtiment rectangulaire dont la façade antérieure est orientée au sud.

B- Elévations extérieures.

Façade antérieure :

L'ordonnance des baies de cette façade est régulière et symétrique. Trois travées de fenêtres de chaque côté d'un corps central en léger ressaut. La division horizontale des deux niveaux de l'élévation est marquée par une forte moulure ininterrompue. Dans le corps central en avancée, s'ouvre une porte inscrite dans un arc en plein cintre bordé d'un tore épais. À la partie supérieure de l'arc figure un mascaron.

Muratel-mascaron

 

Des chaines à refends aux angles de cette façade répondent aux chaînes à angles vifs qui augmentent le ressaut du corps central. Les fenêtres des deux niveaux sont encadrées d'une moulure plate. Des tables étroites, aux angles adoucis, au-dessus des fenêtres du rez-de-chaussée, animent cette façade. Une frise plate, continue, règne à la partie supérieure du premier étage, mettant en valeur les épaisseurs de tuiles qui forment une génoise.

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Façade postérieure :

Une disposition en symétrie agence aussi les ouvertures de la façade sur le parc. Le corps central offre deux niveaux de portes-fenêtres inscrites dans des arcs en plein cintre. Le perron formant terrasse donne accès aux fenêtres du rez-de-chaussée, inscrites dans une arcature en plein cintre qui trouve son symétrique au premier étage. Un fronton couronne ce corps central.

Pour continuer l'aspect antique de cette élévation, la frise est formée de métopes et de triglyphes. Les angles à pans coupés, décorés de chaînes à refends, donnent une certaine élégance à l'ensemble de la façade.

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C- Disposition intérieure.

Ni la disposition, ni la distribution, n'ont été modifiées lors de l'installation de la mairie en 1979.

Le rez-de-chaussée :

Le plan montre une organisation qui s'ordonne à partir du vestibule d'entrée. Le grand salon ouvert sur le parc, la salle à manger avec une cheminée en bois sculpté, la cuisine, sont de vastes pièces, hautes et abondamment éclairées.

L'étage :

Un escalier mène à un vestibule ample et clair qui commande les différentes pièces de cet étage. La chambre de maître, comme le grand salon du rez-de-chaussée, occupe la partie centrale de la demeure ; elle s'ouvre sur le parc par trois portes-fenêtres. Les autres pièces sont des chambres et une salle de bain.

L'escalier :

À gauche en entrant, la cage d'escalier est éclairée par une travée de fenêtres ouvertes sur la façade antérieure. La rampe, ornée d'un beau travail de ferronnerie, s'appuie sur un limon lisse. L'ensemble forme un escalier suspendu qui tourne dans un mouvement très élégant.

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Note de synthèse

La façade antérieure et la façade postérieure de cette demeure présentent une différence de style assez importante pour laisser imaginer une restauration intégrale de la façade sur le parc. La façade antérieure a beaucoup du caractère des constructions du XVIIIe siècle : la travée centrale en léger ressaut avec des bossages et, surtout, l’entrée inscrite dans un arc en plein cintre entouré d’une épaisse moulure arrondie, ornée d'un mascaron.

Nombre d’hôtels bordelais, place Tourny, par exemple, possèdent ce type de porte entourée d'un tore et décorée par un mascaron. Mais il est parfois difficile de s'assurer de la date de ces édifices, de trancher entre XVIIIe et XIXe siècle. Beaucoup mieux datés, certains édifices officiels ou publics, peuvent être des guides. La porte Dijeaux, qui porte la date de 1743, s’ouvre vers la place Gambetta par un arc en plein cintre bordé par un gros tore surmonté par une agrafe énorme. Dans des proportions moins monumentales, mais bien daté, l'hôtel des Douanes, élevé par J.A. Gabriel dans les années 1733-1739, a une entrée face au port, inscrite dans un arc cintré avec tore et agrafe. Le mascaron de la porte d'entrée de Muratel est mis en valeur par un cuir découpé ; certains mascarons de la place Gambetta se présentent exactement de cette façon. Le mascaron de Blanquefort est de petite dimension, mais paraît tenir sa place à la clef de l'arc. Le bandeau séparant les niveaux est aussi en faveur du XVIIIe siècle ainsi que les tables étroites qui animent le mur au-dessus des baies du premier niveau : pas de balcon, mais un garde-corps dont la ferronnerie s’apparente aux modèles bordelais de la rue Fernand Philippart, par exemple. Il en est autrement pour la façade postérieure. Le fronton à l'antique qui couronne les travées centrales, donne dès l'abord, une allure moins rustique à cette façade. « À l'antique » aussi la frise de métopes et de triglyphes ; les trois arcs en plein cintre du deuxième niveau de l'élévation, rappellent une disposition similaire sur un immeuble au 35 cours Clémenceau à Bordeaux. Ces éléments évoquent le répertoire du style néo-classique qui a inspiré le restaurateur de cette façade. La ferronnerie du garde-corps, qui borde le perron, parait elle-même être un ouvrage de la deuxième moitié du XIXe siècle.

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Les propriétaires

8 mars 1802 : Jean-Gabriel Bareau-Muratel acquiert le domaine après expropriation de Philippe Voudhorens, négociant. Maillères. Bordeaux.

10 octobre 1818 : Louis-Laurent Brognier de Clouet, maréchal de camp au service d’Espagne. Brannens. Bordeaux.

8 mars 1834 : Louise-Hermine de Ségur, épouse de J.B. Cyprien de Verthamon. Brannens. Bordeaux.

25 mars 1838 : J.D. Boulla, médecin. Brannens. Bordeaux.

                 : Louis Ginouilhiac puis son épouse Marguerite Catherine Ginoulhiac, au décès, le 3 mai 1896 à Pau de Louis Ginoulhiac.

1918 : Gaston Balguerie, neveu de Louis Ginoulhiac par héritage, au décès de l'épouse de Louis Ginoulhiac (testament de Louis Ginoulhiac chez Me Desclaux de Lacoste du 25 juin 1894).

31 octobre 1969 : Famille Cholet (Maitre Lauck).

La propriété est ensuite acquise par les Lamy qui la vendent à la commune pour l’installation de la mairie, le 14 février 1979.

Châteaux et maisons de campagne de Blanquefort, mémoire de maitrise de Bertrand Charneau, Université de Bordeaux III, 1984.

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