L'hôpital Tastet-Girard

Parallèlement à la construction de l'hôpital du Tondu et mettant fin à une période pré-pastorienne fortement marquée par un souci d'hébergement, le début du XXème siècle donnera lieu à une orientation nouvelle et décisive avec la création de nouveaux services selon l'exemple de la fondation Tastet-Girard. Celle-ci s'ordonna autour de l'action du professeur Demons qui avait pu constater combien les structures hospitalières traditionnelles françaises étaient peu favorables à l'accomplissement d'une chirurgie conforme aux règles qui découlaient des découvertes de Lister et Pasteur. L'hôpital Tastet-Girard fut pendant quelques décennies le modèle de ce que devait et pouvait être un hôpital tout entier tourné vers la chirurgie, au moment où cette discipline se dégageait enfin de son interminable préhistoire.
L'hôpital naquit des constats faits par Albert Demons, agrégé de chirurgie générale et neveu du doyen Denuce, au cours de voyages d'études qu'il fit dans les années 1880. Participant à un congrès international de médecine à Moscou, il avait été fortement impressionné par la façon dont se développait, ce qui devait être appelé plus tard la « Cité des Cliniques ».
Dès lors, Demons ne rêva plus que de réaliser quelque chose d'analogue à Bordeaux. Son appel fut entendu par une riche bordelaise, Jenny Girard, veuve de Gustave Tastet. Elle offrit une somme considérable, permettant non seulement de financer la construction d'après les plans fournis ou approuvés par Demons, mais aussi d'assurer le fonctionnement de la structure. L'hôpital fut édifié en 1900-1901, selon un plan inspiré par ce que Demons avait noté de mieux dans les plus grands hôpitaux d'Europe, et après une minutieuse enquête menée par l'architecte Louis Labbe, auprès des hôpitaux français considérés comme éléments de référence à l'époque. C'est ainsi que naquit la « grande chirurgie » à Bordeaux. Les résultats obtenus par Demons et ses élèves, notamment Lacouture qui devait lui succéder à la direction de l'hôpital, égalaient ceux des meilleures statistiques européennes. Même par la suite, lorsque les interventions viscérales devinrent plus banales et que les autres hôpitaux améliorèrent leurs structures d'accueil, Tastet-Girard resta longtemps un hôpital vaste où il était agréable de travailler et d'être hospitalisé. Lorsqu'il en prit la direction dans les années quarante, Lucien Masse y fit transférer la clinique chirurgicale et eut, parmi ses objectifs, celui de conserver et même d'accroître l'autonomie du service, afin que la plupart des examens complémentaires puissent être faits sur place. C'est ainsi que se développèrent des services d'anatomie pathologie, de radiologie auxquels devait par la suite s'adjoindre une unité d'exploration vasculaire. L'expansion de la réanimation fit exploser la chirurgie en multiples rameaux ce qui rendit vite les structures architecturales inadaptées et inadaptables. Dans la dernière partie de son existence, en particulier lorsque le professeur Tingaud en eut la direction, Tastet-Girard devint un centre actif de chirurgie vasculaire en même temps que des nécessités logistiques l'obligeaient à accueillir les urgences traumatologiques.

Texte extrait du site chu-bordeaux.http://www.chu-bordeaux.fr/LE-CHU/histoire-des-hopitaux/l-histoire-des-hopitaux-de-bordeaux/les-hopitaux-de-pellegrin/l-hopital-tastet-girard/

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