Petite histoire des grandes vacances

Des « grandes vacances » liées aux activités agricoles et viticoles aux « vacances d'été » sur fond de congés payés et d'activités touristiques : au fil des années, glaneurs et épinettes ont cédé la place aux baigneurs et claquettes. Équinoxes et Solstices ouvre vos vieux albums photos et boîtes à souvenirs. Retour sur 100 ans de vacances estivales.

15 juin 1913, conseil municipal de Blanquefort : « Monsieur le maire donne lecture d’une lettre de M. le Préfet relative à l'ouverture des grandes vacances dans les écoles primaires du département. Il invite le conseil municipal à faire connaitre l'époque la meilleure pour l'ouverture des dites vacances. Le conseil après avoir délibéré est d'avis que les vacances aient lieu à partir du 15 août jusqu'au 15 octobre ».

« Nous nous pressions de faire nos travaux pour aller à la pêche ou nous tremper les pieds » Pierre, 85 ans.

« Deux mois d’insouciance loin du pensionnat. Nous enfourchions nos vélos à la recherche de coins secrets : des haies de mûres qu’on cueille en s’éraflant les bras ». Didier, 61ans

« En juillet, nous vidions les encriers, recevions nos prix, rangions nos blouses et promettions de nous écrire ». Nicole, 76 ans.

« Dans les embouteillages du retour, fatiguée par le soleil et le sel, je m’endormais, bercée par les soupirs de mon père ». Julie, 23 ans.

« Papa nous faisait une liste de tâches à accomplir : ranger le tas de bois, arroser le potager, nourrir les animaux… Il ne fallait pas chômer ». André, 85 ans.

« Mon père était facteur. L’été, il m’emmenait sur sa tournée. Dans la voiture, je dévorais des magazines : le journal de Spirou, Pilote… » Yvon, 65 ans.

« Quand j’ai attrapé la tuberculose, le médecin a préconisé une cure d’air à Arcachon. Ce furent mes premières vacances ». Odette, 89 ans

« Mon père escaladait la dune avec bouées, jeux de plage, glacière et parasol, tandis que nous cavalions devant pour être les premiers au sommet ». Fred, 44 ans.

« Parfois, mes copains me manquent un peu, mais je préfère jouer avec mon papi, même s’il triche un peu ». Charlotte, 6 ans.

« Sur la route des vacances, on, faisait du tricotin en suçant des pastilles Vichy. Ma mère disait que ça prévenait le mal des transports. Je crois qu’elle était surtout gourmande ». Bénédicte, 67 ans.

« Il n’y avait pas grand-chose à faire chez les grands-parents. Mes étés étaient néanmoins trépidants grâce aux Alice et aux Club des Cinq, déniché dans le grenier ». Alexandra, 36 ans.

« Pour ma mère, les vacances, c’étaient des tracas supplémentaires. En plus des petits, il fallait nous surveiller, nous occuper ». Françoise, 79 ans.

« On partait camper à Lacanau. On mettait des heures à monter nos canadiennes. Mais quel plaisir de faire la grasse mat’ dans la moiteur de la tente ! ». Thomas, 42 ans.

« Avec ma sœur, on passe nos après-midis à nous enterrer les pieds, faire des dessins dans le sable, sauter dans les vagues et dévaler les dunes ». Julia, 15 ans.

Allers-retours des vacances d'été :

les congés scolaires ont été uniformisés sous la IIIème République. En 1939, les grandes vacances s'organisent du 15 juillet au 30 septembre. L'instauration des congés payés et les « Trente Glorieuses » vont bouleverser cette belle ordonnance. Dès le début des années 50, de nombreuses familles salariées partent régulièrement en vacances dès le 1er juillet. L'école est obligée de suivre le mouvement amorcé : en 1955, les vacances d'été s'étendent sur trois mois pour tous les élèves. Quatre ans plus tard, l'État revient en arrière, craignant que les enfants oublient leurs acquis. La rentrée est alors avancée au 16 septembre en 1960, tandis que le début des vacances est fixé au 28 juin en 1961. Dans les départements viticoles, l'Inspecteur d'académie est néanmoins autorisé à accorder des absences entre les 15 et 30 septembre pour les enfants ayant au moins douze ans et travaillant aux vendanges. Sous l'impulsion des mouvements pédagogiques, les vacances scolaires vont finalement être rééquilibrées en 1983 et les vacances d'été amoindries au profit des vacances d'hiver et de la Toussaint.

Le saviez-vous ?

Si le premier maillot de bain deux-pièces a fait son apparition dans les années trente, le bikini (constitué d'un soutien-gorge échancré et d'une culotte triangulaire réduite), fait scandale lorsqu'il est présenté pour la première fois à l'occasion d'un défilé à la piscine Molitor à Paris, le 5 juillet 1946. Dix ans après, tandis que Brigitte Bardot faisait tourner les têtes en version vichy, le bikini était encore banni de bien des tiroirs.

Équinoxes et Solstices, juin 2013, n° 54, p. 28-29. Le magazine de la ville de Blanquefort. Avec l’autorisation de la ville de Blanquefort.