Les orgues de l'église Saint-Martin
En 1840, un premier orgue à tuyaux, de facture inconnue, fut installé dans l’église Saint-Martin (probablement à la tribune), quatre ans après l’arrivée du curé Laborde. Ce dernier, curé de 1836 à 1873, était poète et musicien. Il a écrit plusieurs œuvres dont un Salve Regina, un Magnificat, un Laudate Dominum et un Deus in adjutorium (Archives départementales de
À partir de 1840, on relève dans le journal du conseil de Fabrique (1836-1865) que le gestionnaire des biens de la paroisse assurait le paiement régulier d’un organiste (M. Martin) et d’un souffleur, ce qui n’est pas mentionné auparavant. De même, entre 1843 et 1847, ce sont divers travaux sur la « Montre » de l’orgue (le buffet) qui ont été payés à MM. Gintan (ou Guitau), puis Bouvier et Tartas, menuisiers.
Cet orgue disparut en 1861 pour faire place en 1862 à un harmonium acheté à Bordeaux chez Billot.
En 1875, Alexis Froger de l’Éguille, nouveau curé depuis 1873, demande au conseil municipal la réparation de la tribune pour « y recevoir un nouvel orgue à tuyaux qui est fort beau ».
En 1878, ce deuxième orgue, toujours de facture inconnue et provenant très certainement d’une autre église, fut donc installé par Georges Wenner, facteur d’orgues alsacien installé à Bordeaux depuis 1848. Sur plusieurs tuyaux de cet instrument, datant environ de la première moitié du XIXe siècle, a été retrouvée la façon alsacienne de les marquer. Par ailleurs, sur le tuyau du 1er Ut du jeu de montre, on peut lire une mention écrite par celui qui avait harmonisé l’orgue : « Michel Roger 1878 », preuve de l’installation de l’instrument à cette date (Michel Roger était harmoniste chez Wenner). Lors de cette installation, le facteur a modifié l’esthétique sonore de l’instrument (remplacement de certains jeux par d’autres) et retourné la console (les claviers), dos au buffet, l’organiste faisant alors face au chœur de l’église, tout ceci pour être au goût du jour. Auparavant, d’après divers indices techniques laissés en place, la console était probablement « en fenêtre », c’est-à-dire incorporée au buffet et sans doute à l’arrière de l’instrument, l’organiste pouvait alors suivre les offices grâce à un jeu de miroirs.
Actuellement, les archives de la maison Wenner n’étant malheureusement pas accessibles, il n’est pas possible de les consulter, ce qui nous prive de tout complément d’information sur les origines exactes de cet orgue et les transformations qui y ont été apportées.
Alain Faye, facteur d’orgues à Callen dans les Landes, aurait identifié le constructeur de ce deuxième orgue « vraisemblablement entre 1830 et 1840 » : Nicolas Henry, facteur d’orgues installé à Bordeaux vers 1820. Un orgue du même type, dont la paternité lui est assurée, se trouve à Montfort, dans le Gers, installé initialement à l’église Saint-Jean de Libourne.
En 1951, l’électrification de la soufflerie a été réalisée ; elle était auparavant actionnée à la main par un aide de l’organiste : le souffleur (un adulte ou un enfant de chœur).
Fin 1984, cet orgue cher aux Blanquefortais a été démonté afin de permettre la poursuite des gros travaux de réfection de l’église commencés en 1981. Il fut alors entreposé chez les facteurs d’orgues Pesce, à Pau, en attendant une décision de la municipalité quant à son devenir : restauration ou remplacement.
En 2000, la municipalité ayant opté pour l’installation d’un instrument neuf, l’ancien orgue fut cédé pour le « franc symbolique » à la paroisse de Créon, qui l’a elle-même cédé à la commune afin d’en assurer la remise en état. Cette restauration est en cours.
En 2001, un troisième orgue de style baroque d’Allemagne du nord (19 jeux répartis sur 2 claviers et un pédalier : 1 240 tuyaux + 2 chanoines (les chanoines sont des tuyaux de grosse taille mais muets) a été construit et installé par les frères Michel et Gilbert Pesce, ainsi que Stéphane, fils de Gilbert. Il a été inauguré le 13 septembre 2002 par François Espinasse, co-titulaire de l’orgue de Saint-Séverin à Paris et professeur d’orgue au Conservatoire national de région de Bordeaux.
Monique Bagnères-Gaubert. Texte extrait de La vie religieuse à Blanquefort au XXe siècle, Henri Bret, Publications du G.A.H.BLE, 2006, p. 47-49.
Cette notice a été rédigée par Mme Monique Bagnères-Gaubert, organiste de formation. Elle vit depuis 1971 à Blanquefort où, en 1975, elle a créé, avec la municipalité de l’époque et son mari, l’École municipale de musique et de danse classique ; elle en a assuré la direction pendant plus de 20 ans tout en assurant la suppléance au grand-orgue de l’église Saint-Seurin de Bordeaux et des services à Saint-Martin de Blanquefort. Peu après leur arrivée, M. et Mme Gaubert ont remis en état de marche l’ancien orgue tombé en décrépitude par manque d’entretien. Monique Gaubert nous a quittés en 2015.