Les actes de mariage de 1760 à 1792
Pour ces 32 années, de 1760 à 1792, 548 mariages, 21 fiançailles ou promesses de mariage et 1 légitimation d’enfant après mariage ont été enregistrés dans les registres paroissiaux de l’église Saint Martin à Blanquefort.
Les fiançailles
Les fiançailles sont une promesse que formulent les deux futurs époux sous la bénédiction du prêtre, ils s’engagent non seulement à se marier, mais aussi à le faire le plus vite possible et au maximum dans un délai de 40 jours.
La rédaction d’acte de fiançailles dans les registres paroissiaux de Blanquefort sont peu nombreux, les prêtres n’en ont pas l’obligation. Aussi nous n’en comptons que 21 pour 548 mariages de 1760 à 1792, nous remarquons que 17 actes de fiançailles sur les 21 recensés ont lieu alors que Bernard Dugarry est curé de la paroisse.
En 1775 il y a plus de fiançailles que de mariages, mais 4 des 9 fiançailles ont lieu en décembre. Un seul acte de fiançailles en 1783 n'a pas donné lieu à un mariage, une opposition a peut-être été formulée.
Le délai entre les fiançailles et le mariage varie de 6 jours à 59 jours, un seul mariage est beaucoup plus éloigné des fiançailles, 26 mois, mais le métier de matelot du marié en est surement la raison. « Le vingt-sept mars mil sept cent quatre vingt j’ai reçu les promesses du futur mariage entre Jean Ducos, matelot natif de la paroisse de Lignan en Bazadais et habitant de celle de St Seurin de Bordeaux, fils légitime de feus Jean Ducos et Marie Gobery et Marguerite Chivensac, native et habitante de cette paroisse, fille légitime de feu Antoine Chivensac et de Marguerite Moustié, en foi de quoy j’ai signé Vieuloup vicaire »
Les bans
En 1579, pour lutter contre le rapt de séduction et les mariages clandestins, dus au refus d’autorisation des parents, la législation ordonne la publication de trois bans au prône des messes des trois dimanches précédant le mariage et la présence de témoins à la cérémonie. Les trois bans sont publiés dans la ou les paroisses de résidence des futurs époux. Le premier ban était publié le jour des fiançailles ou le premier dimanche suivant.
Une dispense est parfois nécessaire si des bans n’ont pas été publiés, ainsi pour le mariage du 10 février 1763 entre François Cassy et Marie Corbineau « après la cérémonie des fiançailles et la publication d’un ban fait au prône de la messe paroissiale sans aucun empêchement canonique ni civil, non la dispense des deux autres bans qui restaient à publier, accordée par monseigneur l’archevêque en date du huitième présent mois susdite année signée Du Bailly vicaire général ».
Le mariage
Les prêtres ont l’obligation de ne pas célébrer les mariages des mineurs qui n’ont pas l’autorisation de leurs parents ; sont considérés comme mineur les garçons de moins de 14 ans et les filles de moins de 12 ans.
L’acte de mariage fournit le nom des mariés, parfois la profession du marié, souvent le nom des parents des mariés, le lieu de naissance et d’habitation des mariés ; la date de naissance ou l’âge ne sont hélas jamais mentionnés. La formule « Agissant tous les deux comme libres et majeurs et maitres de leurs droits » est inscrite lorsque l’âge des mariés permet de se passer de l’autorisation des parents.
Les mois de janvier et février sont les mois de l’année où il y a le plus de mariages, cela représente presque 45% des mariages, c’est une période de l’année où il y a une faible activité agricole à la campagne.
L’église interdit les mariages pendant l’avent et le carême. Elle préconise également d’éviter certains jours : le vendredi, jour de la mort du Christ ou encore le dimanche, jour réservé au culte. A Blanquefort ces interdictions et recommandations sont relativement respectées, incontestablement les mardis et samedis sont les jours de la semaine privilégiés pour se marier.
Quelques chiffres
15,88% des mariages sont célébrés entre un veuf et/ou une veuve.
Sur 329 mariages pour lesquels figurent les noms des parents des mariés, pour 81,46% au moins un des parents des mariés est décédé, ce qui est conséquent. N’ayant pas l’âge des futurs époux on ne peut, avec certitude, conclure que les mariés se marient plutôt tard, vers 25-30 ans. Il arrive que le décès des parents soit l’élément déclencheur des mariages.
Parfois des frères et sœurs se marient le même jour, on dénombre 18 mariages dans ce cas : 2 frères ou 2 sœurs ou 1 frère et 1 sœur.
Pour la majorité des mariages, les époux sont natifs de Blanquefort.
Mariage dans des chapelles
5 mariages ont lieu dans 3 chapelles privées : du château de Terrefort (famille Dillon), du château du Hé (ou Dehez pour la famille Dupati ), pour la troisième (famille D’hosteins) la chapelle n’est pas identifiée :
- Le 10 juin 1761 entre Edouard Swinburne et Christine Dillon « « dans la chapelle de monsieur Dillon, Ecuyer Chevalier Seigneur de Terrefort ».
- Le 7 juin 1769 entre Paul Marie Arnaud de Lavie et Marie Adelaïde Dillon « dans la chapelle domestique de Mme Dillon ».
- Le 10 juillet 1772 entre Jean Lafarge natif de la paroisse St Rémy à Bordeaux et Jeanne Suzanne d’Hosteins « dans la chapelle domestique de Madame d’Hosteins ».
- Le 15 mars 1778 entre René Eustache marquis d’Osmond, colonel du régiment d’Orléans, et Eléonore Dillon « dans la chapelle de Terrefort ».
- Le 4 novembre 1778 entre Etienne Daribat et Marie Fauvel « dans la chapelle domestique de monsieur Dupati avocat général au parlement de Bordeaux ».
Mariages d’autres notables :
- Le 18 décembre 1761 entre Jacques Fitzgerald, brigadier des armées du Roy, et Jeanne O’Connor.
- Le 3 février 1762 entre Nicolas White et Marguerite Flemming.
- Le 7 juin 1763 entre Jacques Lapeyronie, garçon chirurgien, et Catherine Lambert.
- Le 10 août 1763 entre Jean Latour, bourgeois de Bordeaux, et Marguerite Elisabeth Johan Desfontaines.
- Le 4 juin 1765 entre Jean Joseph Dugarry et Thérèse Acquart.
- Le 3 septembre 1766 entre Isaac Hyacinthe Jogues de Martainville et Anne Dillon.
- Le 14 juin 1776 entre Jacques Cazeneuve natif du Gers, chirurgien, et Marguerite Dumanes.
- Le 25 septembre 1776 entre Jean Dantin, homme d’affaires de Mme Dillon, et Marie Biot.
- Le 10 octobre 1781 entre Mathieu O’Connor, écuyer seigneur de la maison noble de Breillan, et Hélène Connel.
- Le 29 septembre 1786 entre Paul Marie Arnaud de Lavie veuf de Marie Adelaïde Dillon, Chevalier, président à mortier au parlement de Bordeaux, et Anne Françoise Lattin veuve de Robert Dillon.
- Le 18 juin 1790 entre Philippe Dulamon, Seigneur de la maison du Luc, et Marie Adelaïde Dussumier.
- Le 15 décembre 1790 entre Daniel Christophe Meyer, négociant à Bordeaux, et Marie Andrieu.
- Le 3 octobre 1792 entre Charles Mylord Talbot, Comte de Strewsburry en Angleterre et Comte de Waterford en Sussex et Elisabeth Hoey.
- Le 16 décembre 1792 entre Joseph Perier, apothicaire, et Marguerite Derives.
Remarques :
- Les familles Dillon, Flemming, Hoey, O’Connor, lattin, White sont des familles d’immigrés catholiques venues d’Irlande.
- Le qualificatif d’écuyer sous l’ancien régime n’a pas la même signification qu’à l’époque féodale où il désignait un jeune noble qui effectuait son apprentissage auprès d’un chevalier. Il exprime simplement la noblesse de celui qui le porte, il ne correspond à aucune fonction précise.
La légitimation
Le 30 janvier 1787 mariage entre Arnaud Massé et Marie Laloubeyre, l’acte se termine par « les parties-ci-dessus ont déclaré avoir eu de leur précédente cohabitation un fils nommé Pierre qu’ils entendent légitimer par ce mariage ». Nous ne savons pas quand est né l’enfant.
Texte de Martine Le Barazer à partir des registres paroissiaux de la commune de Blanquefort.
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