Les derniers registres paroissiaux
En France, les registres paroissiaux existent depuis la fin du Moyen Âge, ils ont été rendus obligatoires en 1539 pour les baptêmes, en 1579 pour les mariages et les sépultures, en double exemplaire en 1667, ils consignent les grandes étapes de la vie du paroissien. Les registres paroissiaux à Blanquefort sont conservés depuis 1632.
La tenue officielle des registres est retirée aux curés et autres ministres du culte par un décret de l’assemblée nationale du 20 septembre 1792 et remise aux maires dans le cadre de l'état civil.
En 1793 commencent véritablement les registres d’état-civil tenus par la municipalité, l’originalité blanquefortaise est le rédacteur des actes : en 1792 c’est Saincric curé à Blanquefort et à partir du 1er février 1793 c’est Saincric « maire de Blanquefort, aucun citoyen n’ayant pu accepter la charge d’officier public », la même personne.
Eglise Saint Martin
Au total, pour ces 32 années, nous relevons 2153 actes de baptême (mais 2157 naissances), 1877 actes de sépulture (mais 1970 décès), 548 actes de mariage, 21 actes de fiançailles ou promesses de mariage, 1 légitimation d’enfant après mariage et la bénédiction d’une cloche. La différenciation baptêmes/naissances et sépultures/décès vient du fait que les naissances sont connues par les actes de baptême mais aussi par quelques actes de sépulture (au nombre de 4) tout comme les décès sont connus par les actes de sépulture et par un grand nombre d’actes de baptême (au nombre de 93) pour la même raison, le décès suit de près la naissance et un seul acte est rédigé.
La bénédiction de la cloche a eu lieu le 15 mars 1775 par le curé de Parempuyre, François Marteau, une cloche « destinée à servir de timbre à une horloge et pouvant servir à avertir le peuple pour le service divin. Elle a été fondue par les soins de messire Pierre Billatte », le parrain est André Aquart, négociant et la marraine Cécile Billatte.
Naissances | Mariages | Décès | |
Moyenne par an | 65,3 | 16,6 | 59,7 |
Le plus petit nombre sur une année | 42 (en 1778) | 5 (en 1775) | 34 (en 1769) |
Le plus grand nombre sur une année | 79 (en 1781) | 27 (en 1776) | 96 (en 1772) |
Le nombre de naissances sur une année est généralement supérieur au nombre de décès, excepté pour 8 années : 1767, 1772, 1778, 1779, 1780, 1790, 1791, et 1792.
En 1766 l’hiver fut un des plus rigoureux du 18e siècle suivi par une grande sécheresse en 1767. Depuis 1766 les récoltes de grains ont été mauvaises, la misère est grande suite de plusieurs années de disette. Outre des épidémies possibles de variole, dysenterie, grippe, … des étés caniculaires ont sévis et sans doute ont été la cause des hausses importantes des décès.
Rédaction des actes
Peu de personnes savent écrire et donc signer, seule la signature du curé ou du vicaire figurent sur la grande majorité des actes.
Les actes concernant les notables de la commune sont beaucoup plus détaillés que ceux des autres paroissiens, le nombre de lignes double ou triple, avec quelques particularités : les noms de famille sont précédés de Sieur ou Demoiselle (ou Dame), les titres ou fonctions de chaque personne sont détaillés.
Les différentes cérémonies ont lieu dans l’église de la paroisse de Blanquefort mais parfois dans des chapelles privées qualifiées de domestiques : « de madame Dhosteins », « de Mme Dillon », « chapelle de Terrefort », « de Madame Dillon en son château de Terrefort », « de Monsieur Dupati », …
Plusieurs actes concernent des mendiant(e)s, 2 naissances et 5 décès : « le 8 août 1765 j’ay baptisé une fille d’une pauvre mendiante on luy a donné le nom de Catherine », « le 7 septembre 1762 j’ay enseveli dans le cimetière le corps d’une inconnue nommée Izabeau mendiante décédée au village de la rivière comme d’une mort imprévue ayant reçu seulement l’extrême onction », « le 20 décembre 1786 est décédée sur cette paroisse une femme mendiante et inconnue d’un âge avancé et a été enseveli le lendemain dans le cimetière » .
Curieusement le mot citoyen apparaît pour la 1ère fois dans l’acte de mariage du 16 octobre 1792 entre « le citoyen Joseph Périer habitant paroisse St Martial » et « la citoyenne Marguerite Derives » puis dans l’acte de décès du 16 novembre 1792 du notaire Antoine Berninet « époux de la citoyenne Anne Cabanne » et c’est tout.
Parfois le lieu d’habitation est indiqué avec différentes orthographes : le Bourg, Caychac (Caichac, Quechac, Qeychac), La Gravette, la Jalle, Laubarède, Linas, Marais, Maurian (Morian), la Palu, Pey Bois (Pais Bois), La Rivière, Tuilières.
Curés et vicaires de 1760 à 1792
Les registres paroissiaux sont tenus par les curés et les vicaires, suppléants du curé, de la paroisse. La formulation des actes de baptême, mariage et sépulture est sensiblement toujours la même, du moins pour chaque rédacteur, ce qui est d’un grand secours quand les écritures sont peu lisibles, le papier tâché ou abimé, l’encre pâlie par le temps.
Les curés de l’église Saint-Martin pour cette période sont :
- Louis Caussade : curé de 1743 jusqu’en 1773 (il a succédé à son oncle André Cholet),
- Bernard Dugarry : curé du Taillan devient curé de Blanquefort et du Taillan en juillet 1773, puis en octobre 1773 curé de Blanquefort jusqu’à sa mort à Blanquefort le 11 septembre 1783 à l’âge de 72 ans,
- Jean Dupoux en novembre et décembre 1783,
- Pierre Saincric : curé de Blanquefort en décembre 1783 jusqu’en 1792.
Les différents vicaires qui sont passés durablement à Blanquefort ont pour nom :
- Dalon Joseph Léon jusqu’en août 1771,
- Le Chevalier de juillet 1771 à janvier 1774,
- Langoiran de novembre 1774 à novembre 1778,
- Mestre de janvier 1776 à août 1779,
- Vieuloup de novembre 1777 à juin 1781,
- Vignes d’octobre 1779 à octobre 1780,
- Feuillade d’août 1781 à juin 1783,
- Saintpé de novembre 1783 jusqu’en juillet 1790.
D’autres vicaires ont officié mais sur des durées plus courtes
- Martial capucin en 1760,
- Lacroix en 1774,
- Perier en 1774,
- Choly en 1774 et 1775,
- Chauffour en 1775,
- Fruhon de Lalanne chanoine de Bordeaux en octobre 1777,
- Gaussen en 1781,
- Cathelat en 1783,
- De Leobardy en 1783,
Quelques actes sont rédigés par le curé Carron du Taillan en 1790 et un vicaire du Taillan, Dintrans en 1774.
Les métiers
La grande majorité des hommes sont vignerons, quelques tonneliers, bateliers, tailleurs d’habits, laboureurs, menuisiers, maîtres-chirurgiens. Aucune mention de métier pour les femmes à part celui de sage-femme.
Définition de quelques métiers rencontrés :
- Brassier : manœuvre qui n’a d’autres moyens de travail que ses bras.
- Charpentier de haute futaie : qui travaille le gros bois de charpente.
- Faiseur d’araire : fabricant d’araire, instrument de labour à traction animale.
- Huissier aux tailles : vraisemblablement receveur aux tailles, receveur qui, sous l'ancien régime, percevait la taille (impôt direct).
- Marchand de droguet : le droguet est un tissu de médiocre qualité, une étoffe grossière, portée par les paysans, à chaîne de lin et à trame de laine.
- Pasteur : gardien de moutons.
- Prix faiteur : nom donné, dans la Gironde, à des ouvriers avec qui les propriétaires viticoles traitent à forfait pour tous les travaux à faire dans leurs vignobles.
- Taillandier :forgeron spécialisé dans la fabrication et la réparation des outils taillants tels que haches, serpes, faux, pelles, bêches, pioches ...plus particulièrement utilisés en agriculture.
Une différenciation est faite pour certains métiers entre le garçon, celui qui apprend, et le maître, celui qui est expert : garçon boulanger, garçon charpentier, garçon charron, garçon chirurgien, garçon meunier, garçon perruquier, garçon tailleur d’habits, …
Les notaires de Blanquefort, Pierre et Antoine Berninet, passent de notaire royal à notaire public en 1791.
Les prénoms
En général un seul prénom pour les gens du peuple, plusieurs prénoms pour les notables.
Pour les filles les plus courants sont : Marie et Jeanne puis viennent Marguerite, Catherine, Anne, Elisabeth ou Isabeau, Françoise, Louise, Pétronille, Guillaumine ou Guillaumette ou Guillemette, Suzanne.
Prénoms disparus ou peu usités : Andrine, Bette, Gaillardine, Methe, Peyrone, Philippe
Pour les garçons le plus courant est Jean suivi de loin par Pierre, Antoine, François, Arnaud ou Arnaut, Bertrand, Raymond ou Raimond puis viennent Louis, Guillaume, Jacques, Charles, Mathieu, Estienne ou Etienne, Barthelemi.
Prénoms disparus ou peu usités : Cernin, Childebert, Guiraud, Giron, Jeaubert ou Jobert, Léger, Méric, Matelin, Sornin, Roch.
Texte de Martine Le Barazer à partir des registres paroissiaux de la commune de Blanquefort.
Autres articles sur cette période :
Les actes de baptême de 1760 à 1792
Les actes de mariage de 1760 à 1792
Les actes de sépulture de 1760 à 1792