Sur les traces d’une jeune résistante
Michel Bertrand vient de publier un livre sur l’histoire de Paulette Sauboua, résistante eysinaise. L'histoire de Paulette Sauboua, une Eysinaise, est longtemps restée méconnue, jusqu'au jour où Michel Bertrand, passionné d'histoire, a entrepris d'en faire le récit.
Au terme d'un long et minutieux travail de recherches documentaires, d'entretiens avec des membres de la famille, il a réuni le substrat nécessaire à l'écriture d'un ouvrage à la mémoire de Paulette Sauboua.
Née le 2 octobre 1922, à Eysines, résistante pendant la Seconde Guerre mondiale, elle est arrêtée le 3 janvier 1942 dans l'atelier de confection où elle travaillait, pour être emprisonnée au fort du Hâ. Elle est morte, à 22 ans, en prison à Munich, le 21 avril 1945.
Ce livre retrace à la fois le destin tragique de Paulette Sauboua, et porte à la connaissance des documents d'époque, y compris allemands. À Eysines, tout est symbole, après avoir inauguré en juin 2013, l'esplanade Paulette-Sauboua qui relie les rues Germaine-Tillon, Charlotte-Delbo et Hélène-Langevin, des femmes qui ont partagé le même combat, la Ville a souhaité s'associer à cette initiative en faveur de la mémoire collective locale et à participer à la réalisation de l'ouvrage.
Vendredi dernier, Christine Bost a présenté l'ouvrage de Michel Bertrand, en présence des agents du service communication ayant contribué à sa réalisation. Des exemplaires ont été mis à disposition des habitants à la médiathèque Jean-Degoul et au centre de documentation du collège Albert-Camus, une façon de perpétuer le souvenir.
Article du journal Sud-ouest du 22 avril 2015, Michel David.
Une jeune résistante eysinaise morte en déportation
Paulette Saouboua, native d’Eysines, a écrit cette lettre à son père, autrement moins connue que celle de Guy Môquet.
« Mon cher petit papa, Depuis que je suis ici, bientôt sept mois finis, je n'ai jamais su ce que tu pensais sur le motif de mon arrestation. Tu dois pourtant savoir ou comprendre pourquoi je suis ici. Tu ne dois pas m'en vouloir. Je sais que tes idées sont les miennes. Tu dois penser que si j'étais restée tranquille, si j'avais attendu simplement les événements, je ne serai peut-être pas ici. Sois sûr que je n'ai qu'un regret, c'est de ne pas en avoir fait davantage : je ne regrette que le chagrin que vous avez de me savoir ici, mais sois certain que je ne me plaindrai jamais, j'ai une très grande provision de courage pour supporter tout ce qu'ils nous font. J'ai eu beaucoup de chagrin quand j'ai appris le sort de mon pauvre Clément. Mais, si tu savais comme on se sent fort pour tenir jusqu'au bout, pour pouvoir un jour les venger. Plus que jamais on a envie de cette liberté qui nous est si dure à avoir. Plus que jamais on se sent des idées de révolte. Un jour viendra où les rôles seront renversés et je pense que toi aussi tu verras ce grand jour. Je m'arrête mon cher papa, mais tu devines tout ce que je pense. De bons baisers de ta grande fille qui t'aime. Paulette.
Sources Cahier de la Résistance n°15.