Marie-Thérèse Charlotte de Lamourous
Marie-Thérèse de Lamourous est la fille de Louis-Marc-Antoine de Lamourous et d’Elisabeth de Vincens. Elle naît le 1er novembre 1754 à Barsac (1). En octobre 1766, son père, avocat au parlement, décide d'installer sa famille à Bordeaux. Marie Thérèse est éduquée par sa mère qui en fait quelqu'un d'instruit ayant de fortes convictions religieuses.
En 1789 comme dans toute la France, Bordeaux connaît le "fanatisme" de la Révolution et la résistance catholique. Marie Thérèse de Lamourous occupe, dans l’histoire religieuse de ce temps, une place importante.
Suite au décret du 16 avril 1794 qui oblige les nobles à s’éloigner des places fortes et des villes maritimes, Louis-Marc-Antoine de Lamourous se retire dans leur propriété familiale du Pian avec ses filles Marie-Thérèse, Catherine et son époux André de Maignol. Elle y résidera pendant 6 ans jusqu'au 1er janvier 1801. Dans cet endroit elle pense qu’ils seront à l’abri des dénonciations et elle parlera plus tard de la gentillesse et du respect des Pianais à leur égard. M. de Lamourous meurt le 15 novembre 1795.
Pendant cette période troublée, elle aménage le domaine et notamment un oratoire, pour recevoir et abriter des prêtres réfractaires du diocèse. Ils pouvaient ainsi délivrer les sacrements auprès de la population et célébrer des offices. Elle-même instruisait religieusement les femmes et les enfants.
Marie Thérèse vit alors dans la précarité et l’insécurité. À plusieurs reprises elle est menacée d'être arrêtée mais ne renonce pas pour autant. Elle se rend malgré tout à Bordeaux chaque fois que cela est nécessaire, pour soutenir sa sœur et ses amis dans la foi. Elle est finalement arrêtée et comparait deux fois devant le tribunal révolutionnaire, mais à chaque occasion, elle désarme ceux qui l’attaquent par sa simplicité, son bon sens, sa bonté et sa gaité.
Dès 1800, son amie Mademoiselle Pichon de Longueville a réouvert à Bordeaux un asile pour les filles perdues et de mauvaise vie. Elle a pensé à Mlle de Lamourous pour lui succéder. Mais cette dernière éprouve de la répugnance pour ces pauvres filles. Le 1er janvier 1801, elle assiste, en songe au jugement dernier. Avant de tomber dans l’abîme, les pécheresses lui lancent ce reproche : « si vous étiez venue, nous étions sauvées ». Elle part aussitôt. Arrivée à Bordeaux, elle va voir les repenties avec son amie et l’Abbé Chaminade. Quand vient le moment de se retirer elle dit simplement « Bonsoir, je reste » et son œuvre de la Miséricorde est fondée.
Elle est soutenue dans cette tâche par l’Abbé Chaminade.
La maison n'est pas une prison, ni un refuge, mais plutôt une maison d'éducation. Les pensionnaires "repenties" viennent et repartent librement.
Un agent envoyé par la police visite la miséricorde le 26 août 1801 et écrit : « Toutes les heures sont marquées par la méditation, la prière, le travail, les repas et pas un seul instant n’y est perdu dans la journée. Mais le principal but qu’on s’est proposé c’est d’extirper le vice jusqu’à ses racines du cœur de ces malheureuses pour y substituer le germe de la vertu ».
Bien qu’occupée par sa mission à Bordeaux Mlle de Lamourous aime à venir visiter ses "Chers Pianais".
L’activité de l’œuvre de la Miséricorde se situe principalement à Bordeaux dans l’ancien couvent des Annonciades qu’elle sauva de la ruine.
Le domaine du Pian est géré par son neveu l’abbé de Maignol prêtre de la Paroisse du Pian. Il accueille à partir de 1843 et à sa demande quelques directrices et plusieurs pensionnaires de la Miséricorde de Bordeaux pour s’occuper de la propriété. Très vite on leur confie le blanchissage du linge de quelques familles de Bordeaux, de la préfecture, puis des hôtels, l’Ermitage Lamourous devient « La classe Marie Thérèse » de la maison de Bordeaux. Ce travail permet de subvenir aux besoins de l’œuvre et se poursuit jusqu’à 1965.
En 1818, à Bordeaux, l’œuvre de la Miséricorde devient la congrégation des Sœurs de la Miséricorde avec l’ouverture d’un noviciat.
Marie Thérèse décède le 14 septembre 1836, son corps repose dans la chapelle de l'Ermitage depuis 1972.
Elle est tellement aimée et vénérée que sa cause est introduite à Rome pour faire reconnaitre la sainteté de sa vie. Le pape Jean Paul II la déclare vénérable (2) le 21 décembre 1989.
(1) Elle est l’aînée d’une nombreuse fratrie dont certains se retrouvent dans l’Histoire du Pian :
·Marguerite Félicité épouse Létu
·Marie-Thérèse épouse de Labordère
·Catherine épouse de Maignol
(2) Vénérable est la première étape de reconnaissant de la sainteté dans la religion catholique
Par l’Atelier Histoire du Pian, Source : livre « Le Pian-Médoc raconté à ses habitants…Et autres curieux ! »