Un ouragan à Ludon
Le 9 juin 1937, un ouragan d'une violence inouïe et tel qu'on n'en avait vu de mémoire d'homme s'abattit sur le territoire de Ludon, entre 20 et 21 heures, sans que rien ait pu le laisser prévoir. La force du vent était d'autant plus rude qu'il ne portait que sur une largeur de terrain relativement étroite, peut-être moins d'un kilomètre. Le cyclone, qui paraissait sortir du bassin d'Arcachon, passa sur Bordeaux, où il fit beaucoup de mal, et fondit en droite ligne sur le Bec d'Ambès, où il se perdit dans les eaux de la Gironde. Il laissait derrière lui une véritable hécatombe d'arbres de tous âges et de toutes grandeurs. On pouvait suivre sa trace à travers Blanquefort et Parempuyre.
II attaqua le parc d'Agassac où il déracina plus de 200 gros chênes. II enleva d'un seul coup la toiture du cuvier du château et la transporta en deux morceaux sur la prairie voisine, brisant des milliers de tuiles.
II poursuivit sur Bizeaudun, dont il dévasta la garenne, déracina des dizaines de gros arbres à Bacalan, et continua ses ravages dans les vignes jusqu'à la rivière, détruisant toute la récolte. On entendit tout d'abord un grondement sourd et, soudainement, les trombes d'eau déferlèrent ; toutes les cheminées furent remplies, inondant les appartements ; les fenêtres ouvertes ne pouvaient plus être refermées sous les rafales de vent et les maisons semblaient vouloir s'écrouler. Le phénomène s'arrêta soudainement comme il avait commencé, il avait duré en tout vingt minutes.
Paul Duchesne, La chronique de Ludon en Médoc, Rousseau frères, Bordeaux, 1960.