L’état-civil laïcisé 

Sur un registre du conseil, il est mentionné, à la date du 13 février 1791, que les membres du conseil municipal s'étaient réunis puis s'étaient rendus à l'église, afin de recevoir le serment que devait faire ce même jour M. le curé à la fin de la messe.

La Garde Nationale forma une haie jusqu'à l'église et tous ces messieurs s'y rendirent. Le corps municipal, en écharpe, entra dans l'église et prit place dans le chœur. M. le curé y célébra la messe, puis se dépouillant de la chasuble dans la sacristie, revenu à l'autel, il se tourna vers les fidèles.

M. le maire fit lecture de la loi et, en suivant, M. le curé Robert jura de veiller avec soin sur les fidèles de la paroisse qui lui étaient confiés, d'être fidèle à la Nation, à la Loi et au Roi et de maintenir de tout son pouvoir la constitution décrétée par l'Assemblée Nationale et acceptée par le roi. Le serment fait, M. le maire, les officiers municipaux et le procureur de la commune donnèrent acte au sieur Robert, curé de notre paroisse que ce jour devant eux et tous les fidèles, il avait prêté serment.

Le 17 novembre 1792, M. le maire s'était déplacé afin de dresser l'inventaire et l'état des registres des baptêmes, mariages et décès en présence du citoyen Robert, curé. Tous les registres furent ensuite emportés à la maison commune.

Tout ceci avait débuté le 12 juillet 1790 lorsque l'Assemblée Nationale vota la constitution civile du clergé qui visait à séparer l'Église de France du Saint-Siège. Les évêques et les curés n'étaient plus nommés par le Pape ou les évêques, mais élus par la population de l'endroit.

Le 27 novembre 1790, le gouvernement décida que tout prêtre devait souscrire à la Constitution Civile, en prêtant le serment requis. Le curé devait dire « qu'il serait toujours fidèle à la Nation, à la Loi et au Roi, qu'il soutiendrait de toutes ses forces la Constitution de l'État, qu'il se ferait un devoir d'exhorter son peuple à en faire de même et qu'en outre, il remplirait les devoirs de son état autant que ses lumières pourront lui suggérer ».

En suivant, le 20 septembre 1792, la Convention décida la laïcisation de l'état-civil. Jusqu'à cette date, les registres de catholicité tenaient lieu de registres d''état-civil. Désormais, ceux-ci seraient remis aux municipalités. Après avoir tenté de créer une église nationale, le gouvernement révolutionnaire s'efforça de substituer à la religion catholique une religion de la Patrie et de la Révolution, avec son propre autel, l'autel de la Patrie.

Le 29 messidor de l'an 3 (17 juillet 1795) tous les membres du conseil se rendirent à l'église pour établir un inventaire de tous les biens encore présents dans l'édifice. Il n'y restait que des vêtements, tels que des chasubles, aubes et linge d'église, le tout avait été compté et évalué.

Extrait du livre : Une pensée de Macau, Marie-Christine Corbineau, Les Enrasigaïres, 2012, p.69.